Paul Hudson, le 6 février 2020 à Paris © AFP/Archives ERIC PIERMONT
Sanofi « a besoin de partager les risques » pour produire les doses d’un potentiel vaccin contre le Covid-19 avant même son autorisation formelle, ce que les Etats-Unis ont fait selon un « modèle » qui « n’existe pas en Europe », a déploré jeudi le directeur général du laboratoire français, Paul Hudson.
Après avoir suggéré mercredi que Sanofi accorderait la primeur d’un éventuel vaccin aux Etats-Unis — des propos qui ont déclenché une vive polémique en France–, M. Hudson a semblé renvoyer la balle à l’Europe en lui demandant son soutien sur le modèle américain.
Si un éventuel vaccin devait être trouvé, il faudrait le produire en masse « bien avant » son autorisation formelle par les régulateurs, et « quand il s’agit de centaines de millions de doses, c’est un risque que nous devons partager », a-t-il insisté jeudi lors d’un entretien dans le cadre d’une conférence organisée par le Financial Times.
Or, aux Etats-Unis, l’Autorité pour la recherche et le développement avancée dans le domaine biomédical (Barda), qui dépend du ministère américain de la Santé, « se mobilise rapidement » et « collabore tôt avec les industriels » pour « s’assurer que les capacités de production soient en place et les risques partagés », a-t-il fait valoir.
A l’inverse, ce « modèle bien rodé (…) n’existe pas en Europe », a-t-il regretté, tout en observant « une énorme volonté » parmi les Etats européens.
« Ces dernières semaines, il y a un fort niveau de soutien de la part des gouvernements pour intensifier la coopération et avancer des fonds pour que cela se concrétise. La prochaine étape sera (d’élaborer) l’instrument pour garantir que nous soyons capables d’assurer la production en Europe et dans le reste du monde », a souligné Paul Hudson.
« Qu’est-ce qui doit être fait pour s’assurer que nous soyons dans la même situation en Europe (qu’aux Etats-Unis)? Cela n’a jamais été un choix (de la part de Sanofi), nous devons procurer des vaccins pour tout le monde autour du monde », a-t-il ajouté.
S’il s’est refusé à commenter ces propos de la veille et la vive controverse suscitée en France, le dirigeant du laboratoire a assuré: « Nous allons faire des doses ici en France, nous en ferons aux Etats-Unis et nous essaierons d’en faire plus que nécessaire pour tout le monde ».
« Nous collaborons avec les Etats-Unis, et nous voudrions collaborer avec l’Europe et la France. Franchement, nous avons des discussions extrêmement encourageantes avec le gouvernement français, il se montre très ouvert, et nous parlons depuis un moment. Donc, j’espère que cela se poursuivra sur cette lancée », a-t-il souligné sans offrir de détails sur d’éventuels pourparlers.
L’Elysée a précisé jeudi que le président français Emmanuel Macron recevrait des dirigeants de Sanofi en début de semaine prochaine. M. Macron s’est « ému » de l’annonce que le groupe servirait en priorité les Etats-Unis et a demandé qu’un éventuel vaccin soit « extrait des lois du marché ».
LNT avec Afp