Cela fait plus de soixante jours que, sur décision royale, trois ministres et un secrétaire d’Etat étaient débarqués du gouvernement que dirige M. Saad Eddine El Othmani.
Un limogeage qui avait fait grand bruit à l’époque puisqu’il avait touché des ministres « politiques » dont un chef de parti…
Et si le chef du gouvernement avait très vite entamé des consultations avec les partis des limogés, si les deux formations atteintes par cette mesure, PPS et MP, avaient rapidement proclamé qu’elles entendaient néanmoins rester au sein de la coalition gouvernementale, depuis rien n’a vraiment bougé.
Les intérimaires continuent d’assumer leurs multiples obligations ministérielles tandis que l’opinion publique, par presse interposée, commence à s’impatienter et à s’interroger sur cette vacance.
Pourtant, dans les deux semaines qui suivirent ce tsunami royal, des noms avaient fuité, concernant essentiellement les ministrables du PPS, sachant que M. El Othmani avait officiellement reçu la liste des candidats de ce parti des mains mêmes de son secrétaire général, M. Nabil Benabdallah.
Les analystes et autres éditorialistes se perdent donc en conjectures, et la crainte se fait jour d’une réédition de la longue période qui avait succédé à la victoire électorale du PJD en novembre 2016, avant que M. Abdelilah Benkirane ne soit remplacé par M. Saad Eddine El Othmani dans la mission de constituer une coalition gouvernementale.
Bien évidemment, l’Histoire ne se répète jamais à l’identique, sauf en bouffonnerie, et il y a très peu de chances que tel soit le cas aujourd’hui.
Très visiblement en effet, ce n’est pas le chef du gouvernement qui pose problème et on reconnaîtra que le style qui est le sien convient beaucoup mieux aux « hautes sphères » que celui de son bouillant prédécesseur.
Si bien d’ailleurs, que sans coup férir, El Othmani s’est approprié le secrétariat général du PJD, complétant ainsi totalement sa victoire sur son rival qui aurait bien voulu conserver un tel poste, dans une perspective de reconquête ultérieure…
L’absence de nouvelles et d’informations sur la nomination des successeurs de MM. Benabdallah, El Ouardi, Hassad et Bencheikh, donne plutôt à croire que les ministrables proposés n’ont pas l’heur de plaire en « haut lieu », ce qui a pour conséquence de priver El Othmani de toute marge de manœuvre et, surtout, de possibilité de communication sur une question qui interpelle pourtant l’opinion publique.
On comprend, bien évidemment, que s’il s’agit effectivement d’un rejet de plusieurs candidatures, alors que seuls les noms d’éventuels ministrables du PPS ont fuité dans la presse, la confirmation d’une telle « information » ne viendra sûrement pas du Palais royal.
Mais elle ne viendra pas non plus des partis politiques concernés sachant qu’une telle hypothèse n’est guère positive pour eux et pour les noms des personnes proposées pour succéder aux « éjectés ».
Gageons cependant que des efforts d’imagination seront consentis par les forces politiques concernées pour dénicher les « oiseaux rares » car le contraire serait catastrophique pour leur image, déjà passablement affectée par le précédent des limogeages.
Mais, cette latence et ses raisons auront eu pour effet de casser le fol espoir qui caressaient certains des anciens ministrables dont quelques-uns attendaient depuis très longtemps de figurer dans une « short list » de cette nature…
Fahd YATA