Une rue de Buenos Aires lors d'une méga-panne électrique, le 16 juin 2019 en Argentine © AFP Juan VARGAS, NOTICIAS ARGENTINAS
Près de 50 millions d’Argentins et d’Uruguayens ont été privés d’électricité dimanche pendant plusieurs heures à la suite d’une panne d’une nature encore inconnue sur le réseau argentin.
Dimanche soir, la totalité des foyers affectés dans les deux pays sud-américains avaient à nouveau accès à l’électricité.
Dimanche à 07h07 (10h07 GMT), « une coupure de l’énergie électrique s’est produite dans tout le pays, due à une panne du système de distribution dont nous ne pouvons pas encore préciser les causes », a déclaré le président argentin de centre droit Mauricio Macri.
Interrogé en conférence de presse sur une éventuelle cyber-attaque, le secrétaire argentin à l’Energie, Gustavo Lopetegui, a répondu : « Nous n’écartons aucune hypothèse, mais nous ne privilégions pas une cyber-attaque ».
L’incident est survenu sans qu’il y ait une demande inhabituelle d’électricité. Le secrétariat argentin à l’Energie a d’abord annoncé que « le système argentin d’interconnexion (SADI) (avait) subi un arrêt total qui s’est traduit par une panne massive d’électricité dans tout le pays et a également touché l’Uruguay ».
Des régions du Paraguay, du Brésil et du Chili, frontalières de l’Argentine, ont également été touchées.
Fonctionnant de manière indépendante du réseau argentin, la province argentine de Terre de feu, à la pointe sud du continent américain, n’a pas été affectée.
Le journal Clarin a fait état d’une « alerte » avant la panne, pour une baisse de tension entre les centrales électriques de Yacyreta et Salto Grande. La panne sur ce secteur a provoqué la mise hors service de tout le réseau électrique de l’Argentine.
« Il n’y a pas eu d’alerte », a réagi M. Lopetegui. « Nous n’avons pas d’information sur la raison de la panne. Nous ne savons pas pourquoi cet événement extraordinaire s’est produit. S’il y a des responsables, il y aura des sanctions ».
La centrale de Yacyreta, barrage hydroélectrique frontalier du Paraguay, est un centre névralgique de la distribution d’électricité en Argentine, et le barrage uruguayo-argentin de Salto Grande y est relié.
Pendant plusieurs heures, l’avenue 9 de Julio, l’une des principales artères de Buenos Aires, a été inhabituellement désertée par les promeneurs du dimanche.
Les hôpitaux et les cliniques privées ont fonctionné grâce à des générateurs. « Le seul inconvénient, ce sont les ascenseurs. Nous n’en avons qu’un qui marche, mais tous les services opèrent sans problème », a confié dimanche matin un infirmier de l’hôpital Fernandez.
Les autorités n’ont pas fait état de victimes liées à la panne générale.
Alors que les Argentins s’apprêtaient à se réunir en famille pour la Fête des pères, la fête était souvent gâchée, faute de courant électrique.
« C’est la première fois que je vois ça », s’étonne Pedro Salinas, serveur du restaurant Tobago à Buenos Aires, alors que l’établissement affichait complet pour la Fête des pères.
Gustavo Totera, 60 ans, maugrée contre le gouvernement du président Mauricio Macri.
« Les gens sont furieux contre Macri pour la crise économique, mais là c’est trop. Ils ne sont même pas capables de faire fonctionner le système électrique. Ils ne savent même pas la raison de la panne », s’emporte ce militant d’Unité citoyenne, de l’ex-présidente Cristina Kirchner.
« C’est le retour à l’âge de pierre », souffle Eduardo Gralatto, un habitant de Junin, ville au coeur des plaines de la Pampa.
Une autre habitante de la ville de Junin, Irma Barrichello, 86 ans, se plaignait surtout de ne pas pouvoir regarder la télévision, sa « principale compagnie ».
La coupure de courant a affecté des scrutins dans les provinces argentines de San Luis, Santa Fe et Formosa, où les électeurs ont voté à la bougie ou à la lumière des téléphones portables.
C’est la première fois que l’Argentine est ainsi privée d’électricité par une panne sur le réseau électrique. D’habitude, les coupures temporaires surviennent durant l’été austral, notamment en décembre, période de forte demande en raison du recours massif à la climatisation, quand la température dépasse durablement les 40 degrés.
LNT avec AFP