Les analystes de BMCE Capital, considèrent que pour le 1er semestre 2019, les performances commerciales ont été globalement au rendez-vous pour les sociétés cotées mais leur capacité́ bénéficiaire est en baisse de 4,5%, avec un repli limité à 3,2% pour celles du « scope 40 », la liste qui regroupe les sociétés cotées de leur choix.
En effet, les grandes capitalisations ont été impactées par des contraintes fiscales et comptables et la nouvelle contribution pour la cohésion sociale, à hauteur de 2,5% de leur résultat fiscal, a, entre autres, pesé sur les résultats.
Cette contribution s’applique aux sociétés soumises à l’IS qui réalisent un bénéfice net fiscal égal ou supérieur à quarante millions (40 000 000) de dirhams, au titre du dernier exercice clos. La contribution précitée est calculée au taux de 2,50% sur la même base servant au calcul de l’IS, à savoir le montant du bénéfice net.
Ce constat intervient dans un contexte plutôt mitigé, marqué également par la poursuite de la morosité́ des secteurs BTP et immobilier, les difficultés rencontrées par Centrale Danone pour reconquérir son niveau d’activité́ normatif post-boycott et l’impact de la baisse des cours des métaux précieux et de base sur les sociétés minières.
Ces performances du marché financier, en demi-teinte donc ont, toutefois, été́ atténuées par les réalisations « honorables » des bancaires qui ont fait preuve de résilience en dépit d’une conjoncture macroéconomique en berne.
En chiffres, sur le plan commercial, les revenus globaux du marché́ ressortent en progression de 2,4% contre +1,6% au S1 2018, à 121,5 Milliards de dirhams.
Cette dynamique commerciale s’est traduite par une légère hausse de 1% du chiffre d’affaires des valeurs industrielles cotées, à 80,5 MMdhs, du fait, notamment, de la bonne orientation de l’activité́ commerciale des opérateurs gaziers, du secteur de la distribution agroalimentaire ainsi que de celui de l’électricité́ profitant d’un effet volume favorable.
Et cela, particulièrement pour AFRIQUIA GAZ, pour LABEL’VIE avec l’impact positif sur une année pleine des ouvertures opérées au S1 2018, (7 550 m2 de surface additionnelle) et de l’amélioration du taux de disponibilité́ global des unités de TAQA MOROCCO.
Néanmoins, selon les conclusions de BMCE Capital, cette dynamique commerciale a été́ limitée par le mauvais comportement des immobilières consécutivement à la non-récurrence des opérations de dations pour 1,3 Md de dirhams combinée à la reconfiguration des projets développés par les différents opérateurs.
Pour leur part, les sociétés financières ont connu une progression de 4,6% du PNB, à 32,3 MMdhs, drainée à près de 85% par les 3 premières banques, à savoir Attijariwafa bank, BCP et BMCE Bank of Africa et portée notamment par l’activité́ Maroc.
Cette évolution s’explique aussi par une amélioration de 13,9% du résultat sur opérations de marché des banques, à 4,6 MMdhs suite à la baisse de la courbe des taux, une appréciation de 2,7% de la marge d’intérêt, à 20,4 MMdhs en dépit d’un effet taux défavorable et une hausse de 2,9% de la marge sur commissions.
Le secteur Assurances & courtage, a connu un bon semestre lié à la Branche « Non-Vie » qui a progressé de +8,8% à fin juin 2019.
Les compagnies d’assurance et de courtage ont enregistré une amélioration notable de leur résultat technique de 9,2%, à 1,2 MMdhs, qui s’explique principalement par la baisse de la sinistralité́ durant le S1 2019.
Les autres sociétés cotées, soit plus de 60, qui ne communiquent pas, sont accusées de manque de transparence, n’ont pas de bon management, ont des résultats irréguliers, de plus en plus en baisse, surtout les immobilières et traduisent éloquemment la morosité ambiante à l’exception de Label’Vie Marsa Maroc, Auto-hall, Auto-Nejma, Afriquia, soit la grande consommation.
Justement, en ce qui concerne l’automobile, après un été peu dynamique, les ventes de véhicules neufs ont connu un rebond durant le mois de septembre à en croire les statistiques de l’Aivam (Association des Importateurs de Véhicules au Maroc).
Ainsi, durant le mois de septembre, les ventes de véhicules neufs toutes catégories se chiffrent à 12.849 unités, en progression de 9,16% par rapport aux réalisations du mois de septembre 2018.
Par catégorie, les ventes de véhicules particuliers (VP) sur la période atteignent 11.110 unités, en hausse de 7% par rapport à septembre 2018, tandis que les ventes de véhicules utilitaires légers (VUL) se chiffrent à 1.737 unités, en hausse de 25,23%.
En cumul, c’est-à-dire depuis le début de l’année, les ventes de véhicules neufs restent néanmoins en territoire négatif.
Ainsi, à fin septembre, les ventes d’automobiles neuves cumulent depuis le début de l’année 116.843 unités, contre 127.820 à fin septembre 2018, en baisse de 8,57%.
Dans le détail, les ventes de VP depuis le début de l’année sont en baisse de 11,25% par rapport à la même période de l’année dernière, tandis que les ventes de VUL progressent de 22,3%.
Au final, pour l’ensemble des valeurs de la cote, les évolutions laissent apparaitre par secteur :
– Une dépréciation de 9,9% du résultat net total des industries à 7,8 MMdhs, du fait de la mauvaise orientation du secteur agroalimentaire, particulièrement Centrale Danone qui ne parvient pas à redresser complètement ses ventes, suivie de Cosumar, pénalisée par le redressement fiscal de ses filiales, des valeurs minières et particulièrement MANAGEM du fait de la contre-performance de son REX, le secteur immobilier consécutivement à l’application des normes IFRS 16 et IFRIC 23 sur les comptes ainsi que les opérateurs gaziers, notamment Total Maroc, suite à l’application du taux d’imposition normatif de 31% après la fin de l’application du taux réduit lié à son introduction en Bourse ;
– Une progression de 2,5% de la capacité́ bénéficiaire des financières, à 6,8 MMdhs, en dépit de la hausse de 7,6% du coût du risque des Banques au S1 2019.
– Et un recul de 3,2% du RNPG des assurances/courtage à 918,1 MDhs pour une marge nette en baisse de 1,1 point à 10,5%, impacté essentiellement par le recul de 20,3% du Résultat net de Saham Assurance, en raison de la dégradation de sa sinistralité́ automobile.
Pour le « Scope 40 » de BMCE Capital, la capacité́ bénéficiaire ressort en baisse de 3,2%, à 15,4 MMdhs.
Hors impact de la contribution pour la cohésion sociale, la masse bénéficiaire du scope serait ressortie, selon leurs estimations, en quasi-stagnation.
Afifa Dassouli