Photo non datée diffusée sur Facebook de Salman Abedi, principal suspect de l'attentat suicide de Manchester © FACEBOOK/AFP -
Une « bonne partie » du réseau jihadiste derrière l’attentat de Manchester a été démantelée, grâce à des progrès « immenses » dans l’enquête, a annoncé vendredi le responsable de l’anti-terrorisme britannique, quatre jours après l’attaque qui a fait 22 morts.
La police a fait des progrès « immenses » dans l’enquête et continue à explorer des pistes « importantes », a précisé Mark Rowley, tout en annonçant que d’autres arrestations étaient « probables ».
Vendredi, un nouveau suspect a été arrêté dans la banlieue de Manchester et huit personnes restent en garde à vue dans le cadre de l’enquête sur l’attentat-suicide commis à la sortie d’un concert de la chanteuse pop Ariana Grande et que le groupe jihadiste Etat islamique (EI) a revendiqué.
L’attaque perpétrée par un jeune Britannique d’origine libyenne, Salman Abedi, a fait 22 morts, dont des enfants, et 116 blessés dont 66 sont encore hospitalisés, 23 dans un état critique, selon un nouveau bilan.
L’enquête a révélé qu’Abedi, 22 ans, né à Manchester de parents libyens ayant fui le régime de Mouammar Kadhafi, avait baigné dans un contexte familial jihadiste. La bombe qu’il a utilisée était un engin artisanal puissant équipé d’un détonateur sophistiqué que le jeune kamikaze n’a très vraisemblablement pas conçue tout seul, selon des experts interrogés par l’AFP.
– Incident ‘particulièrement malheureux’ –
En signe de solidarité, le secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson a effectué une visite éclair à Londres. Il s’est dit confiant que « la relation spéciale » entre les deux pays « surmonterait » l’incident « particulièrement malheureux » des fuites dans l’enquête de police aux médias américains, dont il a pris « l’entière responsabilité », dans une déclaration à la presse.
Theresa May a demandé à Donald Trump que les informations sur l’enquête en cours restent « confidentielles », jeudi à Bruxelles au sommet de l’Otan, et le président américain s’est engagé à poursuivre les responsables.
La cheffe du gouvernement se trouvait vendredi pour une journée en Sicile au sommet du G7, occasion d’exhorter les géants d’internet à s’impliquer davantage pour éliminer les contenus extrémistes.
Suspendue après l’attentat d’un commun accord entre la Première ministre et le chef de l’opposition travailliste Jeremy Corbyn, la campagne électorale a repris dans un climat transformé par la mise du pays en état d’alerte terroriste maximal, avec l’armée déployée en renfort de la police.
Le gouvernement de Theresa May s’est retrouvé sous le feu des critiques de l’opposition pour avoir taillé dans les effectifs policiers.
Jeremy Corbyn a souligné le lien entre la politique étrangère du Royaume-Uni et les attentats – une référence aux engagements militaires en Irak et en Afghanistan, ainsi qu’aux frappes menées en Syrie, auxquels ce pacifiste s’est toujours opposé.
Une victoire du Parti travailliste aux législatives « changerait ce que nous faisons à l’étranger » a-t-il expliqué, en insistant sur le fait que « la guerre contre le terrorisme ne fonctionne tout simplement pas ».
Jeudi, la vice-présidente du parti europhobe Ukip, Suzanne Evans, avait reproché à Mme May d’être « en partie responsable » de l’attaque en raison des coupes dans le budget de la police quand elle était ministre de l’Intérieur (2010-2016).
Le nombre de policiers a diminué d’environ 14%, soit 20.000 officiers, entre 2009 et 2016, selon le groupe de réflexion indépendant Institut d’études fiscales.
Selon un sondage de l’institut YouGov publié dans le Times, la marge séparant les conservateurs des travaillistes dans les intentions de vote n’est plus que de cinq points, alors qu’elle s’élevait à 24 points en avril.
– Tatouages d’abeilles –
Bravant la tension et la peur du terrorisme, Manchester reprenait, elle, une vie normale.
Des centaines de Mancuniens se pressaient ainsi dans les salons de tatouage pour faire graver sur leur peau une petite abeille, symbole de résilience dans cette ville endeuillée.
« Manchester est une ville unique. L’abeille signifie qu’ici on travaille dur, qu’on est debout et solidaires », a expliqué à l’AFP Naomi Johnson, robe d’été, lèvres rose bonbon et lunettes de soleil relevées sur le front, dans un salon de la ville à la forte culture ouvrière.
En fin de journée s’ouvriront les GreatCityGames : plusieurs médaillés olympiques doivent participer à cette compétition d’athlétisme sur Deansgate, l’une des principales artères de la ville, à quelques centaines de mètres de l’Arena, la salle de concert où a eu lieu l’attentat.
« Manchester est vraiment une ville résiliente, et nous attendons avec impatience cet événement sportif majeur, organisé avec le soutien de la police », a déclaré Luthfur Rahman, chargé des affaires culturelles et sportives de la municipalité.
Les principaux évènements sportifs du week-end, allongé par un lundi férié, ont été maintenus dans tout le pays mais se dérouleront avec des mesures de sécurité renforcées.
Et mardi soir, Liam Gallagher, ancien chanteur du groupe Oasis, donnera à Manchester un concert dont les profits seront reversés aux familles des victimes.
LNT avec Afp