Le siège de Renault, le 24 janvier 2019 à Boulogne-Billancourt © AFP/Archives ERIC PIERMONT
Le ministre des Finances Bruno Le Maire et le président de Renault Jean-Dominique Senard ont eu jeudi « un entretien tourné vers l’avenir » à Bercy, après des déclarations publiques sur la responsabilité de l’échec de la fusion entre le constructeur français et le groupe Fiat Chrysler (FCA).
« Ils ont eu un excellent entretien tourné vers l’avenir du groupe Renault et de l’Alliance » avec Nissan, a indiqué à l’AFP l’entourage du ministre, après sa réunion avec M. Senard au lendemain de sa confirmation à la tête du groupe au losange lors de l’assemblée générale des actionnaires.
« M. Le Maire a renouvelé sa confiance à M. Senard et réitéré que l’objectif était la consolidation de l’alliance avec Nissan », a-t-il ajouté.
Pour sa part, Renault n’a pas souhaité faire de commentaire sur cet entretien et a simplement rappelé que les deux hommes se parlaient régulièrement et qu’il l’avaient encore fait avant l’assemblée générale de mercredi.
Avant sa rencontre avec le patron de Renault, le ministre avait assuré sur France Info que l’Etat n’avait pas empêché la fusion entre le constructeur français et FCA.
« Nous n’avons pas fait capoter le mariage entre Renault et Fiat », a-t-il affirmé, tout en rappelant que l’Etat restait dans son rôle d’actionnaire de référence du groupe au losange. « Ne comptez pas sur moi pour regarder passer les trains comme actionnaire de référence », a-t-il prévenu.
« L’Etat n’agira jamais ni sous la pression ni dans la précipitation dans cette affaire », a-t-il martelé. Devant les actionnaires, M. Senard s’était dit déçu que le projet de fusion avec Fiat Chrysler n’ait pu se poursuivre, en raison des délais supplémentaires réclamés par l’Etat français.
« Nous n’avons jamais opposé de veto », a répliqué M. Le Maire. « Nous avons simplement demandé, voyant que Nissan n’apportait pas son soutien, cinq jours supplémentaires pour examiner l’opération », a-t-il rappelé, qualifiant ce délai de « raisonnable ».
« La stratégie qui a toujours été la nôtre (…), c’est le renforcement de l’alliance entre Renault et Nissan. C’est le cœur de la profitabilité de Renault comme de Nissan. On ne va pas changer de stratégie tous les quatre matins », a-t-il affirmé.
M. Le Maire a souligné que toute décision stratégique « suppose que le partenaire japonais soit associé et qu’au bout du compte il soit d’accord », a-t-il souligné.
Lors de l’assemblée générale, le président de Renault avait fait longuement l’éloge de ce projet de fusion avorté qui aurait créé le numéro 3 mondial de l’automobile.
« Ce que sera l’avenir, je ne sais pas », a déclaré le président. « Ce projet reste dans ma tête un sujet tout à fait remarquable et d’exception », a-t-il ajouté.
Il a révélé que c’était M. Le Maire qui lui avait « suggéré il y a quelques mois de prendre contact avec les dirigeants de Fiat Chrysler ».
Il a justifié cette initiative par le contexte de la montée en puissance de l’industrie chinoise qui représentera, selon lui, une concurrence redoutable dans les années à venir, et par les investissements colossaux que devront engager les constructeurs pour créer de nouveaux véhicules électriques, autonomes et connectés.
LNT avec AFP