De prime abord, il est quand même important de souligner que depuis quelques mois, les discussions et les négociations entre le département de l’Industrie et le Groupe Renault Maroc tournent autour des possibilités de revoir à la hausse le taux d’intégration locale de l’usine tangéroise de Renault-Nissan. Arrivera-t-il à atteindre cet objectif qui lui tient à coeur ? Le défi n’est certainement pas aisé.
Car il est important de préciser qu’aujourd’hui ce taux est des plus faibles, officiellement de 40%, mais en dessous de 30% selon des sources sérieuses. En effet, les moteurs des 4 modèles Dacia fabriqués dans cette usine de Mellousa (Sandero, Lodgy, Dokker et Logan MCV) proviennent d’Espagne. Idem pour la boîte à vitesses. Mais l’usine de Tanger se charge de la production de ses propres sièges.
Sans donner plus de détails, on préfère, auprès du constructeur français, expliquer qu’au-delà des exportations, le Groupe Renault Maroc et Tanger Med travaillent en étroite collaboration sur le développement de la filière automobile dans la région Nord, avec en particulier l’implantation de nouveaux équipementiers automobiles dans les zones franches dédiées et développées par Tanger Med (Tanger Med Zone et Tanger Automotive City). On ne souhaite apparemment pas donner plus de chiffres à ce niveau.
Dans tous les cas, dans un horizon de cinq ans, l’usine Renault-Nissan fera en sorte d’augmenter le taux d’intégration locale à hauteur de 65%. On prévoit à ce niveau également, une enveloppe annuelle de plus de 2 milliards d’euros pour s’alimenter en pièces de rechanges à partir du marché local.
La célébration du millionième véhicule produit dans l’usine Renault Tanger en ce début du mois de juillet dernier a été aussi l’occasion pour le ministre de l’Industrie, M. Hafid Elalamy, de rappeler l’importance du taux d’intégration locale pour le développement de l’écosystème de l’industrie automobile.
D’ailleurs, ce dernier ne cache à aucun moment ses ambitions pour le développement du secteur : «Le taux d’intégration locale est important, car il permet de générer de l’emplois et de la valeur ajoutée». Dans le même sens, il a indiqué que l’usine de Renault-Tanger a permis la création de milliers d’emplois directs et indirects, de récupérer des devises et augmenter le taux d’intégration.
Cette usine, créée en 2012, explique-t-il, a permis également d’accélérer la mise en place de l’intégration par le développement des écosystèmes en cherchant les besoins et les exigences et comblant les lacunes : «Pour cela, il a fallu restructurer les plateformes et les résultats sont aujourd’hui probants».
De même, M. Elalamy a relevé que l’écosystème Renault, en cours de déploiement, est porteur de développement et de performances pour l’industrie automobile marocaine. Et de poursuivre que la fabrication du millionième véhicule à l’usine Renault-Nissan de Tanger, est une réussite, fruit d’un ‘‘bon partenariat’’ PPP et entre Renault et ses salariés, d’où la signature, par la même occasion, d’une convention collective entre l’UMT et l’usine Renault de Tanger qui emploie 8 000 jeunes.
Marc Nassif, DG du Groupe Renault Maroc, reconnaît que le dispositif industriel du Groupe au Maroc a pris un tournant majeur avec la construction de l’usine de Tanger. Il a également relevé que le Maroc joue aujourd’hui un rôle clé dans le système industriel mondial du Groupe Renault, ajoutant que les véhicules «Made in Morocco» représentent environ 12% des véhicules vendus par le Groupe dans le monde.
Au total, 474.840 Sandero, 320.078 Dokker et 193.181 Lodgy ont été fabriqués depuis le lancement de l’usine de Tanger en 2012. En plus de couvrir le marché marocain, les modèles fabriqués à l’usine de Tanger sont exportés vers plus de 73 destinations.
L’usine présente aujourd’hui une capacité de production de 340.000 véhicules. Une Dacia sur 2 est produite au Maroc au sein des usines de Tanger et de la Somaca à Casablanca.
Au Maroc, 4 véhicules sur 10 vendus au Maroc sont commercialisés par le Groupe. L’usine de Renault à Casablanca (SOMACA) fabrique des modèles Renault depuis 1966 et des modèles de la gamme Dacia depuis 2005.
En marge de cette cérémonie, une visite aux différentes installations de l’usine Renaut de Tanger a été organisée au profit des représentants de la presse, notamment à l’Institut de formation aux métiers de l’industrie automobile Tanger Med (IFMA), au Centre livraison expédition, aux parties de manufacturing et d’emboutissage, ainsi qu’aux départements maintenance centrale et développement durable.
On peut ainsi en déduire que le business-modèle Renault Tanger a réussi à relever le défi de la ré-industrialisation nationale de l’automobile. L’arrivée dans pas moins de deux ans d’un deuxième constructeur de taille renforcera incontestablement le positionnement régional du pays en la matière.
Et on ne s’arrêtera pas en si bon chemin ! M. Hafid Elalmy annonce que la quête d’autres constructeurs mondiaux de renom se poursuit…
DNES à Melloussa
Hassan Zaatit