Le Maroc continue de démontrer une résilience économique impressionnante, malgré les défis considérables posés par un stress hydrique persistant. Le dernier rapport de BMCE Capital Global Research (BKGR) met en lumière cette dualité, où les avancées économiques côtoient une crise hydrique de plus en plus préoccupante.
Un contexte économique robuste, mais sous pression
Le dynamisme des investissements, tant publics que privés, et la reprise soutenue du secteur touristique sont les moteurs clés de la résilience marocaine. En dépit d’un taux de remplissage des barrages alarmant, fixé à seulement 28% au début d’août, l’économie nationale poursuit sa croissance. La reprise du secteur touristique est particulièrement notable, avec une augmentation de 14% des arrivées touristiques au premier semestre 2024 par rapport à l’année précédente, atteignant 7,4 millions de visiteurs. Cette performance renforce l’optimisme quant à l’objectif d’accueillir 17 millions de touristes en 2024.
Cependant, cette croissance s’inscrit dans un contexte de stress hydrique exacerbé par le changement climatique et des sécheresses récurrentes. Le Maroc, pays semi-aride, se retrouve confronté à une crise de l’eau qui menace particulièrement le secteur agricole, employeur majeur de la population. La situation est critique, avec une perte de 141 000 emplois non rémunérés en milieu rural entre le deuxième trimestre 2023 et le deuxième trimestre 2024, bien que 60 000 nouveaux postes aient été créés en milieu urbain.
Réponse stratégique à la crise de l’eau
Face à cette menace, le gouvernement marocain a lancé le Programme National d’Approvisionnement en Eau Potable et d’Irrigation (PNAEPI) 2020-2027. Ce plan ambitieux inclut la construction de nouveaux barrages, la création d’autoroutes de l’eau, l’extension des systèmes d’irrigation et le développement de stations de dessalement. D’ici 2030, il est prévu que 50% de l’eau potable consommée au Maroc provienne de ces stations, dont la capacité globale devrait atteindre 1,7 milliard de mètres cubes par an.
Le dessalement joue un rôle central dans cette stratégie, crucial pour préserver la viabilité de l’agriculture et garantir un accès durable à l’eau potable pour l’ensemble de la population. Ces initiatives sont essentielles pour contrer l’impact du stress hydrique sur l’économie et assurer la pérennité du secteur agricole.
Des perspectives économiques positives malgré les défis
Malgré ces défis hydriques, les perspectives économiques restent prometteuses. Le gouvernement prévoit une accélération de la croissance économique à 4,6% en 2025, après une estimation de 3,3% pour 2024. Cette prévision est soutenue par l’investissement continu dans le secteur de la construction et la confirmation d’un cycle d’assouplissement monétaire.
Par ailleurs, les finances publiques montrent des signes d’amélioration, avec un déficit budgétaire réduit à 20,4 milliards de dirhams à fin juin 2024, contre 28 milliards un an plus tôt. Cette amélioration résulte notamment de la hausse des recettes fiscales et de la contraction des dépenses de compensation.
Le secteur extérieur reste dynamique, avec une légère augmentation du déficit commercial et une progression des exportations, particulièrement dans les secteurs de l’automobile, des phosphates et de l’aéronautique. Le marché boursier a également bénéficié de ces bonnes nouvelles, avec des indices en forte hausse.
Le rapport de BKGR souligne la nécessité pour le Maroc de continuer à investir dans des infrastructures hydrauliques et de diversifier ses sources d’approvisionnement en eau. La résilience économique du pays est indéniable, mais elle repose sur la capacité à surmonter le stress hydrique qui pourrait, à terme, freiner cette dynamique positive. La gestion de cette crise est donc cruciale pour assurer un développement économique durable dans les années à venir.
LNT