Dans son dernier rapport, Attijari Global Research a analysé la récente décision de Bank Al-Maghrib (BAM) qui a choisi de maintenir son taux directeur inchangé lors du troisième comité de l’année 2024, à la surprise du marché. Malgré des attentes généralisées d’une nouvelle baisse de -25 points de base (PBS) en septembre, BAM a décidé de faire une pause, maintenant son taux directeur à 2,75 %. Cette décision, bien que surprenante, s’inscrit dans une stratégie globale d’assouplissement monétaire à moyen terme.
Depuis juin 2024, Bank Al-Maghrib avait déjà initié une première baisse de -25 PBS de son taux directeur, la première depuis la crise du Covid-19. Toutefois, la pause actuelle a pris à contre-pied les anticipations du marché, qui espérait une nouvelle réduction, particulièrement après que les rendements obligataires à court terme soient passés en dessous de 2,60 %, un niveau inférieur au taux directeur en vigueur.
Cette décision est cependant justifiée par deux facteurs majeurs : une inflation modérée, avec une moyenne inférieure à 2 % en 2024, et un environnement international marqué par des politiques monétaires accommodantes. La Banque centrale américaine (FED) et la Banque centrale européenne (BCE) ont toutes deux amorcé des cycles de baisse de taux pour stimuler leurs économies respectives.
L’un des points clés du rapport d’Attijari Global Research est la maîtrise de l’inflation par BAM. Depuis février 2024, l’inflation est restée sous la barre des 2 %, avec une légère hausse en août à 1,7 %, contre 1,3 % en juillet. Cette tendance inflationniste modérée donne à BAM une certaine marge de manœuvre pour maintenir des politiques monétaires accommodantes tout en conservant un contrôle sur la stabilité des prix.
Le contexte international joue également un rôle dans la décision de BAM. En effet, la Réserve fédérale américaine (FED) a opéré sa première baisse de taux post-Covid de -50 PBS en septembre 2024, rattrapant ainsi le retard par rapport à la BCE, qui avait déjà procédé à deux baisses de -25 PBS en juin et septembre. Cette tendance globale d’assouplissement monétaire, particulièrement dans les pays développés, pourrait encourager BAM à poursuivre une stratégie similaire pour maintenir la compétitivité du dirham, ancré à un panier de devises composé à 60 % d’euros et à 40 % de dollars américains.
Bank Al-Maghrib a également révisé à la baisse, pour la sixième fois consécutive, ses prévisions d’inflation pour 2024, estimées désormais à 1,3 %, contre 1,5 % auparavant. Cette révision est en grande partie due à des mesures budgétaires déflationnistes, telles que la décompensation progressive du gaz butane et le soutien apporté aux ménages et aux chaînes de production agricoles.
En 2024, Bank Al-Maghrib a amorcé un virage monétaire qui pourrait se poursuivre jusqu’en 2025. Selon les prévisions d’Attijari Global Research, la banque centrale pourrait initier de nouvelles baisses de taux d’ici 2025. Ce scénario est soutenu par la maîtrise continue de l’inflation, les besoins en liquidité modérés du Trésor, et la baisse attendue des coûts de financement de l’État. Chaque baisse de -25 PBS pourrait générer une économie annuelle de 300 millions de dirhams pour le Trésor, selon les analystes.
La décision de Bank Al-Maghrib de maintenir son taux directeur en 2024, malgré les anticipations du marché, souligne sa prudence et son adaptation au contexte macroéconomique local et international, conclut AGR. Et d’ajouter qu’avec une inflation maîtrisée et un environnement international favorable à l’assouplissement monétaire, BAM semble bien positionnée pour soutenir la croissance économique du Maroc tout en préparant le terrain pour de nouvelles réductions de taux d’ici 2025.
LNT