Crédits photo : Ahmed Boussarhane/LNT
Si le jeûne du mois de Ramadan est en général sans risque pour les pratiquants qui sont en bonne santé, ça pourrait être en l’occurrence un exercice dangereux pour les personnes fragiles.
Les diabétiques traités à l’insuline, les personnes atteintes d’insuffisance rénale, de maladie cardiaque, les patients atteints de Covid-19 ou de toute autre pathologie ne supportant pas un jeûne même court, il existe des contre-indications absolues.
Plusieurs personnes ne contrôlent pas bien leur maladie en ce mois sacré du fait de l’adoption d’habitudes alimentaires malsaines. Ainsi, les corps s’épuisent au fur et à mesure des jours de jeûne, les reins n’arrivent plus à suivre, les cœurs peinent à la tâche, les diabètes ne sont plus équilibrés… Pour le Dr Moussayer khadija, Spécialiste en médecine interne et en Gériatrie, il n’est pas déshonorant dans ces conditions de renoncer à l’observation du ramadan, surtout par ces temps très difficiles.
Afin d’éviter tout risque, Dr Moussayer recommande de consulter son médecin avant toute décision d’observer ou non le ramadan et sur la prise de ses médicaments.
Pour jeûner en toute sérénité, il est conseillé de ne pas diminuer sa consommation alimentaire habituelle, de consommer une bonne ration de protéines, de bien s’hydrater (1,7 litre par jour au minimum en moyenne), maintenir une activité physique de 15 à 30 mn par jour pour lutter contre les effets nocifs de la sédentarité pendant le confinement, adopter autant que possible de nouvelles heures de sommeil identiques et régulières d’un jour à l’autre, prendre un petit déjeuner très consistant avant le lever du soleil, faire un repas léger au moment de la rupture et en faire un autre 3 heures après.
Quel risque pour les personnes âgées (PA) ?
Si l’âge n’est pas en soi un obstacle au bon respect de ramadan, la vigilance reste de mise. Le Dr Moussayer explique que les personnes âgées ont tendance, du fait du manque d’appétit, à diminuer leur apport alimentaire sans que leurs besoins énergétiques ne soient réduits. Ces derniers, contrairement aux idées reçues, sont presque identiques aussi bien chez la PA que chez l’adulte jeune. « La PA ne doit donc pas restreindre sa consommation habituelle après la rupture du jeûne sans d’ailleurs verser dans des excès tout aussi nocifs » souligne le docteur.
Il est également recommandé d’être vigilent concernant l’hydratation.
« La PA a tendance à baisser ses apports en eau, le seuil de perception de la soif s’émoussant avec l’âge. Les pertes en eau de la PA sont par contre plus importantes à cause de la plus forte résistance du rein à l’action d’une substance qui limite les pertes en urine. De plus, les mécanismes de régulation sont moins bien assurés, et l’élimination des surplus de sucre ou de sodium s’accompagne d’une plus grande perte en eau… », explique Dr. Moussayer.
Ces raisons font que les besoins en eau de boisson sont toujours plus élevés chez la PA que l’adulte jeune (1,7 l/j contre 1,5l/j), d’autant plus que les signes d’une déshydratation, en particulier lors du ramadan, sont souvent tardifs et pas toujours faciles à interpréter.
Le docteur soulève l’attention également sur la fonte du capital musculaire chez la PA, ce qui aggrave l’état nutritionnel et l’hydratation. « Les réserves en eau baissent en effet corrélativement à la diminution de la masse musculaire (17% du poids du corps à 70 ans contre 30% à 30 ans). Ce phénomène, la sarcopénie, a des répercussions considérables par les faiblesses qu’il provoque : risques infectieux par baisse des réserves protéiques nécessaires aux défenses immunitaires, chutes et fractures éventuelles compromettant l’autonomie de la PA… », explique-t-elle.
Pour éviter l’aggravation de la fonte musculaire, l’apport nutritionnel conseillé en protéines animales et/ou végétales et en particulier lors du ramadan, doit être supérieur à celui de l’adulte jeune : 1 à 1,2 contre 0,8 à 1g/kg/j, soit 12 à 15 % des nutriments.
Une bonne qualité du sommeil est également à préserver durant ce mois sacré marqué par le confinement. « L’observation du ramadan ne doit pas se faire en complète rupture avec une bonne hygiène de vie et donc de sommeil : il vaut mieux conserver une heure de coucher et de lever régulière. », souligne Dr. Moussayer.
Concernant la prise de médicaments, le docteur explique que l’observance du ramadan se révèle toujours problématique face à la prise de médicaments, même anodins en apparence soulignant que l’intoxication médicamenteuse est responsable d’un tiers des hospitalisations des PA.
« Les médicaments restent en plus grande quantité et plus longtemps dans l’organisme d’une personne âgée. Leur élimination rénale ralentie, leur accumulation dans les graisses et leur passage plus agressif dans le cerveau rendent de fait les PA beaucoup plus fragiles face aux médicaments » affirme le docteur. Et de conclure : « Il faut toujours consulter son médecin sur la bonne prise de son traitement lors du ramadan ».
A.L