Crédit photos : Ahmed Boussarhane/LNT.
A l’approche du mois sacré de Ramadan, l’inquiétude des ménages marocains monte d’un cran. La flambée des prix des produits alimentaires se poursuit sans relâche, mettant à mal les budgets des familles marocaines, principalement ceux au revenu modeste et limité. Les hausses concernent notamment le poulet (25-30 Dhs/kg), les légumes comme la tomate (10-13 Dhs/kg) et les haricots (22 Dhs/kg), la sardine (entre 25 et 30 Dhs/kg).
Alors que les bourses étaient déjà mises à mal depuis la crise sanitaire, l’année 2024 a connu un trend haussier des prix de tous les produits de première nécessité. Aujourd’hui, les prix des légumes avoisinent les 10 Dhs/kg. Les prix des fruits se passent, eux, de commentaire. La crise des viandes rouges se creuse avec des prix qui continuent de grimper, dépassant les 120 Dhs/kg. Les prix de la volaille ont de leur côté atteint des seuils intolérables, à 30 Dhs/kg.
La hausse des prix du poisson continue de donner des frissons, avec 30 Dhs/kg, contre 10 auparavant. Ce poisson, essentiel pour de nombreuses familles aux revenus modestes, devient, lui aussi de moins en moins accessible, surtout à un moment où les viandes rouges et le poulet restent chers.
Inflation ou pas, sécheresse ou pluie… le citoyen lambda ne veut rien savoir. Son quotidien devient difficile à supporter sur le plan budgétaire face à des solutions étatiques qui tardent toujours à porter leurs fruits.
C’est dans cette ambiance très tendue des marchés que Ramadan arrive. Certes, c’est un mois de piété, de recueillement et de dévotion. Mais c’est aussi un mois, et c’est là le grand paradoxe, de surconsommation. Et pour beaucoup, c’est le mois très attendu pour les Chhiwates, les délicieux plats et autres tagines.
Pendant ce mois, et ce n’est un secret pour personne, notre table prend du poids. Et ce qui est certain, c’est que durant ce mois, la pression sur les budgets des ménages monte d’un cran en raison de la hausse de la demande, souvent à l’origine de la hausse des prix. Mais là aussi, cette hausse est loin d’être la seule raison. En effet, durant le mois de Ramadan, la spéculation bat son plein. Il est donc important de constater que ce phénomène, par la force des choses, a fini par prendre de proportions inquiétantes ces dernières années, défiant ainsi toutes les mesures de contrôle prévues par les différentes instances étatiques de contrôle des prix.
En effet, de Ramadan en Ramadan, les prix flambent, dépassant de loin le pouvoir d’achat d’une bonne partie de Marocains qui, à défaut de contrôles rigoureux et surtout efficaces, ont fini par céder face à un marché livré à lui-même où les intermédiaires, notamment ces « Moul Choukara », font et défont le marché sans être inquiétés d’un iota.
C’est dire que pour ce Ramadan 2025 et au rythme de ce trend haussier des prix, certains produits risquent d’être hors de portée. Au-devant de la scène, le poisson, très prisé pendant ce mois ou encore les viandes rouges et la volaille.
Politiquement, le Gouvernement Akhannouch est pointé du doigt, accusé d’inaction, d’inefficacité et d’incapacité à résoudre la problématique de la hausse des prix et la stabilisation des marchés… et surtout à mettre en place des solutions qui marchent vraiment. L’affaire des bovins importée pour l’Aid Al Adha de l’année dernière en dit long ! Au Parlement comme dans les différents espaces publics, l’Exécutif est appelé à mettre les pendules à l’heure dans le grand espoir d’éviter la détérioration continue du pouvoir d’achat des Marocains.
De son côté, la Fédération marocaine des droits des consommateurs exprime ses inquiétudes concernant la flambée des prix des produits de première nécessité et son impact sur les ménages modestes. Elle réclame des mesures urgentes pour protéger le pouvoir d’achat, notamment un contrôle renforcé des marchés pour contrer les pratiques spéculatives et des sanctions exemplaires contre la fraude.
Parmi les solutions proposées figurent l’exonération des taxes sur la viande rouge et les légumes, la suppression des droits de douane pour l’importation de poussins et la réduction des coûts de production grâce à des allègements fiscaux sur les matières premières alimentaires.
Selon un tout récent rapport du HCP, les ménages marocains font face à un malaise économique profond. Ledit rapport du HCP révèle un pessimisme marqué chez les familles marocaines en 2024, particulièrement concernant la vie quotidienne et l’emploi. 81% des ménages rapportent une détérioration du niveau de vie, aggravée par la hausse des prix alimentaires (selon 97,5 % d’entre eux). 82,7% craignent une montée du chômage, et 80% jugent les conditions défavorables pour de gros achats. Une grande partie des ménages (41,2%) doit avoir recourt à l’épargne ou à l’emprunt. D’année en année, les mois de Ramadan sont de plus en plus sous tension…
H.Z