
Les participants à la réunion annuelle de l'AMERC le 25 janvier sous l'égide de l'AMMC
Dossier spécial du blog Afifa Dassouli : Les financements alternatifs des infrastructures et des PME
- À l’initiative de l’AMMC, les régulateurs africains et arabes se réunissent à Rabat
- Prendre le relais des pouvoirs publics
- Comment financer la PME par le marché des capitaux, pistes et réflexions
Le premier panel de cette journée de travail s’est penché sur le financement des projets d’infrastructures en Afrique et au Moyen-Orient par les marchés de capitaux.
En effet, les infrastructures sont des éléments déterminants pour les pays émergents et demandent des financements massifs.
Pour l’essentiel encore aujourd’hui, les opportunités de financement proviennent du secteur public et des grandes institutions financières internationales.
Cependant, les marchés de capitaux peuvent jouer un rôle premier en mobilisant l’épargne à long terme afin de contribuer au financement de ces projets.
Cette perspective doit d’ailleurs aller de pair avec d’autres objectifs, tels que mis en avant par les différents panélistes, orateurs et intervenants.
En effet, l’ambition de participer au financement des infrastructures, de l’économie verte avec l’ambition d’une intégration des marché de capitaux régionaux africains et moyen-orientaux, doit passer par une réglementation efficiente, d’où le rôle très important des régulateurs de chaque pays et notamment celui de l’AMMC au Maroc.
Il revient ainsi à l’Autorité Marocaine des Marchés de Capitaux, sous l’égide de Mme Nezha Hayat, sa présidente, non seulement de penser les instruments d’accompagnement de cette nouvelle vague, mais d’y mettre tous les moyens afin de jouer le rôle important qui est le sien dans l’application des lois dédiées à ces activités.
D’ailleurs, l’appartenance de l’AMMC à l’OICV-IOSCO à travers son Comité régional prend pleinement son sens à la lumière de la volonté du régulateur national de s’inspirer des meilleures pratiques et des bons exemples à l’international.
Une logique imparable
Les grands axes à retenir des intervenants des deux premiers panels sur le financement des infrastructures sur les marchés de capitaux et l’accès des PME aux marchés financiers sont édifiants et s’articulent en une logique évolutive incontestable.
Comme l’a expliqué Mme Ghislaire Guédira, Vice-Présidente Exécutive Finance du Groupe OCP, un constat s’impose.
Les émissions du Trésor pour financer les projets de l’État ont certes la qualité souveraine et sont suivies par tous les institutionnels. Mais, les gouvernements sont de plus en plus obligés de surveiller leurs dettes et de maîtriser leurs déficits.
La solution réside dans le transfert du financement de nombre de projets au marché des capitaux.
Une solution transitoire existe cependant, à laquelle le recours est de plus en plus systématique, celle des PPP, ou Partenariats Public Privé.
Elle consiste à associer directement au capital, des institutionnels au financement des projets d’infrastructure.
Mais désormais, il s’agit de la généraliser à tous les acteurs du marché des capitaux.
L’OCP, qui se finance sur le marché local et même international depuis longtemps déjà, est un exemple de taille avec la contrainte que les entreprises publiques doivent opter pour la transparence financière.
Un flot intarissable
Le second constat relève l’importance des capitaux détenus par les institutionnels. Ils sont de ce fait une immense source de financement au niveau mondial.
Dans notre région Afrique-MENA, il faut augmenter la demande adressée à cette catégorie d’acteurs pour le financement des infrastructures notamment du fait qu’ils exigent des financements à long terme.
Les institutionnels, au demeurant, demandent à financer les projets biens structurés parce qu’ils sont longs et rentables, comme a pu l’affirmer M. Alain Ebobissé, CEO du fonds Africa 50.
Ainsi, en Amérique latine où les institutionnels sont très sollicités, 25 milliards de dollars sont investis par le privé contre 3,5 milliards de dollars seulement en Afrique. Les potentialités dans notre continent sont donc énormes, mais ce sont les institutions internationales qui financent plus l’Afrique que le privé d’où le rôle d’Africa 50 qui veut mobiliser les financements privés.
Or, en Afrique, ce sont 384 milliards de dollars d’investissements privés qui ne sont pas financés.
Mais, il y a un défi à relever, celui d’atténuer les risques des projets d’infrastructures pour faciliter leur accès aux financements sur le marché des capitaux.
D’où la proposition du panéliste Tarik M. Senhaji, General Manager d’Ithmar Capital, qui précise que la création de fonds infrastructures serait une solution parce que, par définition, ils sont bien structurés.
Mais M. Senhaji pointe du doigt plusieurs obstacles, et notamment le manque d’un historique de chiffres pour leurs informations rendues publiques, la difficulté d’obtenir des devises ou encore leur hostilité au risque politique.
D’où l’intérêt d’un encadrement réglementaire pointu, message adressé bien sur aux autorités de marché qui étaient présentes ce jour-là à Rabat.
Ainsi, au Maroc, l’AMMC doit travailler la main dans la main avec les investisseurs pour rendre le marché des capitaux plus efficient.
Une nouvelle orientation stratégique
À l’image du Fonds Africa 50, un outil de financement des infrastructures en Afrique logé à Casablanca Finance City, celle-ci est appelé à jouer un rôle plus important dans la quête de financements pour l’Afrique.
On sait déjà que CFC est aujourd’hui à la 37 è place au niveau du classement mondial des places financières quand elle figurait à la 62 è place en 2010 ! Et 135 sociétés internationales ont acquis le statut CFC.
C’est dire qu’elle peut continuer à attirer les financements mondiaux vers le continent africain tout en accélérant l’intégration des nouvelles technologies.
In fine, en conclusion de ce panel dédié au financement des projets d’infrastructure, une évidence a émergé des discussions et constats, celle de la restructuration du marché des capitaux national, qui serait la grande réforme du financement et du refinancement de l’économie marocaine.
Et ainsi, chacun a pu comprendre que la thématique de cette quarantième réunion de l’AMERC-OICV, proposée par l’AMMC, n’était pas le fruit d’un hasard, mais plutôt un jalon d’importance vers la mise en place d’une nouvelle orientation.
Afifa Dassouli