
Donald Trump arrive à Philadelphie le 26 janvier 2017 pour assister à un séminaire des Républicains © AFP/Archives NICHOLAS KAMM
Les partisans de Donald Trump n’ont que faire des condamnations internationales, des manifestations à New York et Los Angeles, des éditoriaux de journaux ou des grands discours d’élus outrés par les décisions du président républicain depuis son investiture.
« Je suis aux anges », dit Josette White, 44 ans et auto-entrepreneuse sur internet. « Il tient exactement ses promesses, sauf les poursuites contre Hillary (Clinton), mais ça je peux comprendre ».
En mai dernier à Charleston, en Virginie occidentale, en plein pays trumpiste, Josette avait fait plus de six heures de queue pour un meeting du milliardaire. Les premiers pas de l’homme une fois devenu président l’ont confortée dans sa conviction que lui seul était capable de transformer le pays.
« Les politiciens promettent, promettent, promettent. Mais lui ne change pas. Il parle aux travailleurs », affirme cette femme dont le père et le grand-père travaillaient dans des mines de charbon.
A travers les Etats-Unis, des interviews d’électeurs corroborent ce que les sondages indiquent: plus de 80% des républicains approuvaient la semaine dernière l’action générale du nouveau président, selon l’institut Quinnipiac.
Ce soutien vaut aussi pour le décret fermant les frontières aux réfugiés et aux ressortissants de sept pays dont l’Iran, l’Irak et la Syrie. Selon un sondage Reuters/Ipsos, 73% d’entre eux estiment nécessaire « d’interdire (d’entrer aux Etats-Unis) les musulmans d’autres pays pour empêcher le terrorisme ». D’autres études confirment la division du pays: les républicains soutiennent leur président et les démocrates le rejettent.
« Il faut tout faire pour assurer la sécurité de ce pays », approuve Milan Davich, retraité de 66 ans à Johnstown, en Pennsylvanie, au coeur de la « Rust Belt » (la « ceinture de rouille ») qui a fait le succès du républicain dans les urnes.
Même approbation pour la construction prévue d’un mur à la frontière mexicaine: « Ils devraient même l’électrifier et installer des mitrailleuses », suggère ce grand homme sec qui se décrit comme isolationniste et nostalgique des années 1950.
Quant aux manifestants vus par centaines de milliers dans les villes américaines, « ils vont de toute façon protester contre tout ce qu’il fera pendant quatre ans ».
– ‘Sur la bonne voie’ –
« Il se débrouille mieux que ce qu’aurait fait Hillary », estime dans l’Ohio rural Don Krepps, ouvrier à la retraite qui aime regarder les informations à la télévision. « Si seulement les démocrates et les gens d’Hollywood ne se plaignaient pas à chaque fois qu’il fait quelque chose ».
Rien n’agace plus ces supporteurs que l’attention médiatique portée aux adversaires du nouveau locataire de la Maison Blanche.
« Il ne fait aucun doute que CNN et Fox News ne lui laissent aucune chance », affirme Dan Wallace, ancien livreur chez FedEx, près de Charlotte en Caroline du Nord. Oui, souligne-t-il, « Fox News critique Trump aussi ».
« Les médias prennent un petit truc et en font tout un pataquès », regrette-t-il.
Les supposés couacs — annulation de la visite du président mexicain, confusion autour du décret migratoire, guerres de tweets — ne sont pour eux que des épiphénomènes.
« Il est sur la bonne voie, il faut juste lui donner une chance », demande l’ancien livreur.
– Déjà la réélection –
Au Congrès, en privé, les premiers pas du président font grincer des dents. Plusieurs républicains ont même publiquement critiqué le décret migratoire.
Mais dans son ensemble, la majorité laisse passer les tempêtes en espérant que le bateau ne coulera pas. Le jeu en vaut la chandelle: en gardant de bonnes relations avec Donald Trump, les chefs républicains ont enfin les mains libres pour faire adopter les grandes réformes conservatrices contre lesquelles Barack Obama mettait systématiquement son veto.
La nomination par le président mardi à la Cour suprême d’un conservateur accompli, Neil Gorsuch, a d’ailleurs été dûment applaudie par toute la droite américaine.
« Nous serons très patients », confie un républicain de la Chambre des représentants. Les démocrates vont « se défouler sur notre pomme, il faut juste qu’on soit prêts à se défendre ».
Jusqu’à quand ? Pour Larry Sabato, politologue de l’Université de Virginie, Donald Trump « est le premier président moderne à n’avoir fait aucun geste en direction des 54% qui n’ont pas voté pour lui ».
« Il agit uniquement pour les 46% qui ont voté pour lui, il espère que cela lui suffira à se faire réélire », analyse l’expert. « Il fait déjà campagne ».
LNT avec Afp