Un manifestant antigouvernemental écrit un graffiti "Dehors Ortega et Murillo" lors d'une manifestation contre le président du Nicaragua, Daniel Ortega, à Managua, le 19 avril 2019 © AFP INTI OCON
Les sanctions américaines ont contraint à la fermeture la banque nicaraguayenne Banco Corporativo (Bancorp), accusée par Washington d’être liée au groupe pétrolier public vénézuélien PDVSA, a-t-on appris jeudi auprès d’un actionnaire.
« La fermeture est une réalité », car les sanctions imposées par Washington le 17 avril ont paralysé « toute opération », a expliqué à l’AFP Eduardo Hollman, actionnaire de Bancorp et militant du Front sandiniste de libération nationale (FMLN, au pouvoir).
Une demande « de dissolution volontaire anticipée » est actuellement examinée par la Surintendance des banques et autres entités financières (Siboif), a-t-il précisé. La demande présentée au gendarme financier nicaraguayen relève que Bancorp « est dans l’impossibilité de continuer à faire des affaires en raison des sanctions », selon M. Hollman.
Le Parlement, dominé par le parti du président Daniel Ortega, avait voté en mars le rachat par l’Etat de Bancorp pour 23 millions de dollars, mais cette opération n’a pas pu être menée à bien, notamment en l’absence de publication de la loi au Journal officiel.
Washington a interdit toute transaction avec Bancorp, sous peine de sanctions contre les banques ou entités financières contrevenantes. Les Etats-Unis estiment que Bancorp est « utilisée par le régime de (Daniel) Ortega pour blanchir et dissimuler de l’argent d’Albanisa », une entreprise mixte nicaraguayenne et vénézuélienne.
Bancorp, qui a commencé à opérer en 2015, a cependant nié mercredi dans un communiqué ces accusations, en assurant être une « banque privée au capital nicaraguayen sans jamais aucune participation actionnariale d’Albanisa, de PDVSA ou d’une filiale de celle-ci ». Albanisa, créée en 2008, n’était qu’un client parmi d’autres, selon Bancorp.
Les sanctions contre la banque visent « clairement les flux (de financement) qui alimentent le régime » de Daniel Ortega, selon Mario Arana, un dirigeant de la Chambre de commerce américaine (Amcham), également membre de la plateforme d’opposition Alliance civique pour la Justice et la Démocratie (ACDJ).
Avec ces sanctions, Washington entend mettre la pression sur le pouvoir afin qu’il convoque des élections anticipées et mette ainsi fin à un an d’une crise politique qui a fait plus de 325 morts et a plongé le Nicaragua dans la récession.
LNT avec Afp