Des forces irakiennes avancent dans les rues de Mossoul lors d'une offensive contre les jihadistes de l'EI, le 18 juin 2017 © AFP AHMAD AL-RUBAYE
Les forces irakiennes ont appelé les civils à rester chez eux et les jihadistes à se rendre, au deuxième jour lundi de l’assaut final pour chasser leurs adversaires de leur dernier grand fief urbain en Irak.
Les forces de l’armée, du contre-terrorisme (CTS) et de la police fédérale sont parvenues à pénétrer de quelques mètres dans la vieille ville au prix de combats acharnés avec les jihadistes, selon le général Maan al-Saadi, l’un des commandants du CTS.
Les combattants du groupe Etat islamique (EI) « opposent une résistance farouche. Ils ont bien renforcé leurs lignes de défense », a-t-il déclaré à l’AFP.
Quelque 100.000 civils sont « retenus comme boucliers humains » par les jihadistes dans la vieille ville, a indiqué l’ONU alors que plusieurs ONG ont exprimé leurs craintes face aux risques encourus par les habitants assiégés et manquant de tout.
Huit mois après le début de l’offensive pour reprendre Mossoul (nord), les forces gouvernementales soutenues par la coalition internationale conduite par les Etats-Unis ont lancé dimanche l’assaut pour reprendre la vieille ville où sont retranchés les jihadistes.
Une reprise de ce secteur permettrait aux troupes irakiennes de contrôler la totalité de la deuxième ville d’Irak tombée en juin 2014 aux mains des jihadistes.
Dimanche soir, des hélicoptères irakiens ont largué quelque 500.000 tracts dans le ciel de Mossoul.
Signés du commandant des opérations, Rachid Yarallah, ils annoncent aux habitants « l’encerclement de toutes parts de la vieille ville de Mossoul et le début de l’assaut à partir de toutes les directions ».
« Restez à l’écart des endroits publics et profitez de toute occasion pour venir vers les forces irakiennes pour éviter d’être utilisés comme boucliers humains », est-il écrit.
– Combats rapprochés –
Située sur la rive ouest du fleuve Tigre qui divise Mossoul, la vieille ville est un dédale de petites rues fortement peuplé, guère propice à l’avancée des blindés et où l’usage d’armes lourdes risque de mettre en péril les civils.
Déployés près de la grande mosquée sur la rive est de Mossoul contrôlée par le pouvoir, face à la vieille ville, des véhicules militaires Humvees ont commencé à lancer des appels via haut-parleurs à l’adresse des civils et des jihadistes.
« Les forces irakiennes sont sur le point de mettre fin à vos souffrances. L’est et l’ouest de Mossoul seront bientôt de nouveau réunis », dit le message à l’adresse des habitants encerclés.
Aux jihadistes, le message donne le choix de « se rendre ou de mourir ».
Selon le général Saadi, « les forces irakiennes ont commencé lundi matin à progresser dans la vieille ville. Nous avons pris quelques positions dans le quartier Farouq ».
« Les jihadistes ont bloqué toutes les entrées de la vieille ville, planté des engins explosifs et piégé une maison à proximité de nos forces. Briser une de leurs lignes a été très dur. Les combats sont désormais rapprochés », a-t-il ajouté.
Le général Abdel Ghani al-Assadi, un autre commandant du CTS, avait expliqué la veille que l’opération serait menée de façon à préserver la vie des civils.
« Nos forces avancent à pied car les allées sont très étroites. C’est le dernier épisode du show Daech. C’est notre opération la plus difficile. Ils sont encerclés à 270 degrés. Ils n’ont plus que le fleuve et n’ont nulle part où aller », avait-il dit, en estimant que l’opération prendrait du temps.
– ‘Nulle part où se cacher’ –
Appuyées par la coalition internationale, les forces irakiennes ont lancé le 17 octobre 2016 leur vaste offensive pour chasser l’EI de Mossoul. Après avoir reconquis fin janvier la partie orientale, elles ont lancé en février la bataille pour reprendre la partie occidentale dont elles contrôlent actuellement 90%, selon l’armée.
L’ONG International Rescue Committee (IRC) a averti que « les quelque 100.000 civils pris au piège vont vivre des moments terrifiants ». Save The Children s’inquiète du sort de quelque 50.000 enfants qui encourent selon l’ONG un grave danger à Mossoul. « Ils n’ont nulle part où se cacher ou s’échapper. Ils n’ont plus d’eau ni de nourriture ».
Depuis le début de l’offensive, 862.000 personnes ont été déplacées de Mossoul. 195.000 d’entre elles sont toutefois revenues dans l’est de la ville.
Aucun bilan global de pertes civiles dans l’offensive de huit mois n’a pu être obtenu même si certaines sources ont évoqué des centaines de morts.
La perte de Mossoul serait un coup très dur porté à l’EI mais ce groupe continue d’occuper des régions dans les provinces de Ninive (nord) de Kirkouk (nord-est) et d’Al-Anbar (ouest).
Malgré ses reculs sur le terrain –il est également la cible d’une offensive majeure dans son fief de Raqa en Syrie–, le groupe extrémiste parvient néanmoins à frapper en menant des attentats meurtriers à travers le monde.
LNT avec AFP