MEDays 2018 : séance plénière sous le thème "Initiative de la Route et de la Ceinture: Remodeler les relations sino-africaines
L’intérêt aujourd’hui porté par la Chine à l’Afrique n’est plus désormais à démontrer. ‘‘L’usine du monde’’ ne cache pas d’ailleurs sa grande ambition africaine. Concrètement, le pays est le premier partenaire commercial de l’Afrique. En présence des dirigeants de 53 pays africains, le président chinois Xi Jinping, à l’occasion du 7ème Forum sur la coopération sino-africaine tenu cette année à Pékin, a promis 60 milliards de dollars au continent.
Et ce n’est pas tout ! En effet, face aux critiques de l’Occident, il a vanté une aide financière ‘‘sans conditions’’. Sur la même lignée, le géant asiatique a investi annuellement plusieurs milliards de dollars en Afrique depuis 2015 dans des infrastructures (routes, chemins de fer, ports) ou des parcs industriels.
Des investissements largement salués par les pays africains, qui espèrent ainsi accélérer leur développement économique.
Il est important de rappeler que cette mobilisation chinoise pour l’Afrique s’inscrit dans l’initiative dite ‘‘Nouvelles routes de la soie’’ lancée en 2013, pour développer la connectivité commerciale de la Chine avec le reste du monde, et sécuriser ses approvisionnements. La présidence chinoise réfute toutefois toute idée ‘‘néo-colonialiste’’.
A Tanger, dans le cadre de la 11ème édition de MEDays, il a été question, beaucoup même, des rapports sino-africains. Une série d’ateliers a été consacré à l’approfondissement du partenariat Chine-Afrique, au service du continent et de ses stratégies de développement respectives : « Prenant conscience de ce que l’émergence de la Chine signifie pour l’Afrique et pour les pays du Sud, et à l’occasion du suivi du Forum Afrique-Chine d’Amitié et de Coopération, nous avons choisi de se focaliser davantage sur les relations sino-africaines », tient à rappeler le président d’Amadeus, Brahim Fassi Fihri.
Ainsi, les participants à un atelier consacré à ce thème ont saisi l’occasion pour décortiquer en profondeur l’étendu du partenariat Chine/Afrique et ses perspectives d’avenir.
Aziz Saidi, spécialiste marocain des questions africaines, a bien voulu rappeler dans un premier lieu que les rapports sino-africains ne datent pas d’aujourd’hui puisque d’après lui, « dès les années soixante, la Chine a cru au potentiel africain ». Et de poursuivre que depuis, le partenariat touchant différents secteurs économiques n’a pas cessé. Idem pour la volonté d’aller de l’avant.
Pour sa part, Sun Xiansheng, SG de de l’International Energy Forum, a tenu à préciser que l’importance stratégique des liens sino-africains s’explique par le fait que des 54 pays du Continent, 50 d’entre eux ont des partenariats avec la Chine, aujourd’hui deuxième investisseur en Afrique.
Selon Lilia Naas Hachem, directrice de la commission économique Afrique du Nord à l’ONU, la question reste de savoir comment faire de ce partenariat un véritable levier économique en Afrique à même de favoriser le développement socio-économique, combattre la pauvreté, la misère et le chômage. Comment faire aussi, ajoute-elle, pour que ces rapports parviennent à faire sortir l’Afrique de son sous-développement, permettant ainsi à émerger une classe moyenne capable de créer de la richesse et de la valeur ajoutée… Une vraie dynamique économique en mesure d’assurer au continent un poids économique important dans les marchés économiques, étant aujourd’hui à hauteur de 3%. Et avant de clore son intervention, elle a préféré revenir sur un point d’une importance fondamentale pour une véritable intégration économique africaine, à savoir que celle-ci doit s’opérer d’abord entre pays africains.
Jawad Kardoudi, président de l’IMRI, lui, s’est interrogé sur la capacité des pays africains à honorer leurs engagements vis-à-vis de la Chine.
Quant à l’Ivoirien Woutabouna Ouattara, DG de l’Africain Intégration dans le gouvernement ivoirien, le partenariat avec la Chine est aujourd’hui stratégique et ce que peut faire ce pays pour l’Afrique est loin d’être négligeable. Ouattara a énuméré une série de réalisations chinoise en Côte d’Ivoire dans les ports, les aéroports, les routes…D’après lui, c’est aussi surtout, une opportunité de développement pour tous ces pays africains en mal de partenaires fiables…
Hassan Zaatit