Crédits photo : La Nouvelle Tribune
La situation du marché de travail marocain en 2018 fait ressortir que près de 6 salariés sur 10 (59,4%) ne disposent pas de contrat qui formalise leur relation avec l’employeur, selon le Haut-Commissariat au Plan (HCP).
Seuls 7,1% des salariés disposent d’un contrat verbal, 8% d’un contrat à durée déterminé et 24% d’un contrat à durée indéterminée, précise le HCP dans une note relative aux principales caractéristiques de la population active occupée en 2018, ajoutant que la part des salariés ne disposant pas de contrat s’élève à 79,7% en milieu rural contre 52,1% en milieu urbain et à 48,8% parmi les femmes et 62,1% chez les hommes.
Les jeunes et les non diplômés restent les catégories les plus touchées par la précarité de l’emploi, souligne la même source, relevant que le taux de contractualisation des jeunes de moins de 25 ans est de 21,2%.
Ce taux croit avec l’âge pour atteindre 45,7% parmi les âgés de 45 ans et plus.
Pour ce qui est des non diplômés, ils enregistrent un taux de contractualisation faible (20,8%) par rapport aux diplômés et surtout les diplômés de niveau supérieur pour lesquels cette proportion atteint 77,2%.
La note fait, par ailleurs, savoir que la majorité des actifs occupés (95,7%) ne sont affiliés à aucune organisation syndicale ou professionnelle (92,9% en milieu urbain et 99,2% en milieu rural, 95,7% parmi les hommes et 95,9% chez les femmes).
Parmi l’ensemble des salariés, 92,8% ne sont affiliés à aucune organisation syndicale ou professionnelle (91% en milieu urbain et 98,2% en milieu rural), note la même source.
Au volet du sous-emploi, le HCP souligne que ce phénomène, tel qu’il est observé par l’Enquête Nationale sur l’Emploi et recommandé par le Bureau International du Travail, est constitué de deux composantes. La première est liée au nombre d’heures travaillées et la deuxième aux autres formes d’emplois inadéquats notamment, l’insuffisance du revenu du travail et l’inadéquation entre la formation et l’emploi.
En ce qui concerne la première composante, la population active occupée en situation de sous-emploi liée au nombre d’heures travaillées est passée, entre 2017 et 2018, de 336.000 à 349.000 personnes au niveau national, de 172.000 à 175.000 en milieu urbain et de 164.000 à 174.000 en milieu rural, indique la même source, précisant que les taux correspondants sont ainsi devenus au niveau national 3,2% au lieu de 3,1%, en milieu rural 3,6% au lieu de 3,4% et ayant stagné à 2,9% en milieu urbain.
Pour la deuxième composante, la population active occupée en situation de sous-emploi liée aux autres formes d’emplois inadéquats, est passée, durant la même période, de 708.000 à 684.000 personnes au niveau national, de 349.000 à 342.000 en milieu urbain et de 359.000 à 342.000 en milieu rural. L’incidence de cette forme de sous- emploi est passée, entre les deux années, de 6,6% à 6,3% au niveau national, de 5,9% à 5,7% en milieu urbain et de 7,4% à 7,1% en milieu rural.
Le sous-emploi des deux dimensions ressort ainsi à 1.033.000 personnes au niveau national en 2018, contre 1.044.000 une année auparavant, en baisse de 11.000 personnes. Entre les deux années, l’effectif global de la population en situation de sous-emploi a également baissé aussi bien dans les villes (de 521.000 à 517.000 personnes) que dans la campagne (de 523.000 à 516.000). Le taux de sous-emploi est ainsi passé de 9,8 % à 9,6% au niveau national (8,7% en milieu urbain et 10,6% en milieu rural). Par genre, plus de 8 actifs occupés en situation de sous-emploi sur 10 (86,6%) sont des hommes, fait remarquer le HCP, notant que l’incidence du sous-emploi parmi les masculins (10,8%) représente le double de celle des féminins (5,5%).
La note indique, aussi, que le taux de sous-emploi le plus élevé est enregistré parmi les jeunes hommes âgés de 15 à 24 ans (15,9%), tandis que la majorité (83,6%) des sous employés sont soit sans diplôme (54,6%) ou disposent d’un diplôme dont le niveau ne dépasse pas le certificat de l’enseignement fondamental (29%).
Par ailleurs, le HCP relève que parmi les actifs occupés diplômés, la probabilité d’être en situation de sous-emploi la plus la forte est enregistrée pour les titulaires de certificats en spécialisation professionnelle (16,4%), la plus faible parmi les titulaires de diplômes supérieurs délivrés par les facultés (10%).
La répartition sectorielle fait, quant à elle, ressortir que le secteur des BTP reste le plus touché par le phénomène du sous-emploi avec un taux de 15,1% au niveau national, suivi de l’ »agriculture, forêt et pêche » (10%), des « services » (8,6%) et de l’ »industrie y compris l’artisanat » (6,8%).
Par région, cette population révèle que près des trois quarts (73%) des sous-employés sont concentrés dans cinq régions à savoir Fès-Meknès (17,5%), Tanger-Tétouan-Al Hoceima (16,3%), Casablanca-Settat (14,7%), Rabat-Salé-Kénitra (12,8%) et Béni Mellal-Khénifra (11,3%).
Les taux de sous-emploi les plus élevés sont observés dans les régions de Béni Mellal-Khénifra (15,1%), Fès-Meknès (14,5%) et Tanger-Tétouan-Al Hoceima (14%). En revanche, les régions de Drâa-Tafilalet et Guelmim-Oued Noun enregistrent les taux les plus bas avec respectivement 4% et 3,1%.
Près de 12 millions actifs en 2018
Le nombre d’actifs sur le marché de travail marocain s’est élevé à 11.979.000 en 2018 (10.811.000 pourvues d’un emploi et 1.168.000 en chômage), selon le Haut-Commissariat au Plan (HCP).
Selon les résultats de l’enquête nationale sur l’emploi, la population âgée de 15 ans et plus a atteint, en 2018, 25.950.000 personnes, 11.979.000 sont des actifs et 13.970.000 en dehors du marché de travail, indique le HCP dans une note relative aux principales caractéristiques de la population active occupée en 2018.
La note fait aussi ressortir que le taux d’activité a atteint 46,2% (41,8% en milieu urbain et 53,9% en milieu rural, 70,9% parmi les hommes et 22,2% parmi les femmes), précisant que ce taux passe de 45,7% parmi les actifs n’ayant aucun diplôme à 42,9% chez ceux ayant un diplôme de niveau moyen, pour se situer à 55,9% parmi les actifs ayant un diplôme de niveau supérieur.
Sur les 10.811.000 personnes actives occupées, quelque 44,8% sont des ruraux et 23,2% sont de sexe féminin, souligne le HCP, ajoutant que les jeunes âgés de 15 à 34 ans sont plus présents sur le marché de l’emploi avec une part de 37,8% du volume de l’emploi total (11,1% pour les 15-24 ans et 26,7% pour les 25-34 ans).
Concernant le taux d’emploi, il s’est établi à 41,7% au niveau national (35,9% en milieu urbain et 52% en milieu rural), 65% parmi les hommes et 19% parmi les femmes. Il est de 57,8% pour la tranche d’âge 35-44 ans et de 20,2% pour celle de 15 à 24 ans.
Par région, les taux d’emploi les plus élevés sont observés à Dakhla-Oued Ed-Dahab (64,3%), à Marrakech-Safi (45,2%) et Casablanca-Settat (44,5%), tandis que Guelmim-Oued Noun, Laayoune-Sakia El Hamra et l’Oriental enregistrent les taux les plus bas avec respectivement 34,4%, 35,9% et 36,9%, relève le HCP.
La répartition sectorielle fait état d’une domination des services qui emploient 42,4% des actifs occupés (4.583.000 personnes), suivis de l’agriculture, forêt et pêche avec 35% (3.780.000), de l’industrie y compris l’artisanat avec 11,7% (1.269.000) et des BTP avec 10,8% (1.169.000).
Près des deux tiers (64,4%) des actifs occupés citadins travaillent dans le secteur des services et près d’un travailleur sur 5 (17,9%) dans l’industrie y compris l’artisanat. En milieu rural, près des trois quarts (72%) des actifs occupés exercent dans le secteur de l’agriculture, forêt et pêche.
Par ailleurs, la note indique qu’au niveau national, 9 actifs occupés sur 10 travaillent dans le secteur privé avec 97,1% en milieu rural et 84,4% en milieu urbain.
Les ouvriers et manœuvres de l’agriculture et de la pêche sont les professions les plus exercées avec 21% des actifs occupés, suivies des artisans et ouvriers qualifiés des métiers artisanaux (18,7%), des manœuvres non agricoles, manutentionnaires, petits métiers (14,9%).
Les « cadres supérieurs et membres des professions libérales » et les « membres des corps législatifs, élus, responsables hiérarchiques » affichent les proportions les plus faibles, avec respectivement 3,8% et 0,7% des actifs occupés.
Prédominance du salariat et l’emploi individuel en 2018
Près de la moitié (48,8%) des actifs occupés âgés de 15 ans et plus au Maroc sont des salariés, quelque 30,3% des indépendants, 16% des aides familiales et 2,4% des employeurs, selon le Haut-commissariat au Plan (HCP).
Le travail indépendant est plus fréquent parmi les hommes (34,5%) que les femmes (16,5%), relève le HCP dans note relative aux principales caractéristiques de la population active occupée en 2018, soulignant que le statut d’employeur atteint sa valeur maximale auprès des hommes citadins (4,1%) et la situation des aides familiales reste prépondérante parmi les femmes rurales (70,4%).
Quant à l’emploi salarial, il reste plus présent parmi les femmes actives citadines (80,8% contre 61,3% pour les hommes), précise la même source.
Par ailleurs, le HCP indique que la population des travailleurs indépendants (3.277.000 personnes) représente au niveau national 30,3% de l’ensemble des actifs occupés âgés de 15 ans et plus, notant que cette proportion est de 34,5% pour les hommes, 16,5% pour les femmes, 25,9% en milieu urbain et 35,7% en milieu rural.
La note fait également ressortir que les secteurs des « services » et de « l’agriculture, forêts et pêche » concentrent 85% des indépendants (43,5% et 41,5% respectivement), notant que près de 70% des indépendants du secteur des services travaillent dans la branche du commerce.
Sur un autre volet, le HCP souligne que la situation du marché de travail marocain durant l’année écoulée dégage une faible qualification des actifs occupés, précisant que près de 6 actifs occupés sur 10 (57,8%) ne disposent d’aucun diplôme (6.248.000 personnes), 28,6% ont un diplôme de niveau moyen (3.091.000 personnes) et 13,6% de niveau supérieur (1.469.000 personnes).
Parmi les actifs occupés n’ayant aucun diplôme, quelque 3.106.000 travaillent dans le secteur de l’agriculture, forêt et pêche (82,2% de l’emploi total de ce secteur), 726.000 dans les BTP (62,1%), 585.000 dans l’industrie y compris l’artisanat (46,1%) et 1.827.000 dans les services (39,9%), relève la même source.
Selon le statut professionnel, près des trois quarts (72,2%) des indépendants ne disposent d’aucun diplôme, environ le quart (23,6%) ont un diplôme de niveau moyen et seulement 4,2% ont un diplôme de niveau supérieur, reléve HCP, ajoutant que pour les salariés, ces proportions sont respectivement de 44,2%, 32,9% et 22,8%.
En 2018, les indicateurs d’accès de la population étrangère au marché du travail sont légèrement supérieurs aux taux parmi l’ensemble de la population. Ainsi, le taux d’activité de cette catégorie Maroc a atteint 51,3% (contre 46,2% pour l’ensemble de la population), le taux d’emploi se situe à 43,9% (contre 41,7%) et celui du chômage à 14,4%, précisant que 22,6% des immigrants au Maroc sont originaires de pays arabes, 37,3% de l’Europe et 33,3% de l’Afrique subsaharienne.
Près de 6 immigrants sur 10 (59,7%) sont de sexe masculin et plus de 8 sur 10 (84,2%) ont un diplôme, 64,8% un diplôme de niveau supérieur et 19,4% de niveau moyen, ajoute la même source.
La population étrangère au Maroc est estimée à environ 45.000 personnes, selon le HCP qui souligne que cette estimation devrait prendre en considération le fait que cette enquête, représentative de l’ensemble de la population étrangère résidant sur le territoire national constituée en ménages ordinaires, n’inclut pas les étrangers regroupés dans des ménages collectifs (regroupements établis dans certaines villes ou zones rurales).
Plus de 16% des actifs occupés non rémunérés
Près d’un actif occupé sur six (16,4%) exerce un emploi non rémunéré (33% en milieu rural et 3% en zones urbaines), indique le Haut-Commissariat au Plan (HCP).
Par genre, 39,3% des femmes actives travaillent sans rémunération contre seulement 9,5% des hommes, relève le HCP dans une note relative aux principales caractéristiques de la population active occupée en 2018. Cette part atteint 70,5% pour les femmes rurales, ajoute la même source.
La note fait également ressortir que les jeunes de moins de 25 ans sont plus touchés par le travail non rémunéré, avec une part de 45,5%, précisant que cette proportion est de 11,2% pour les adultes âgés de 45 ans et plus.
Les non diplômés demeurent aussi les plus concernés par l’emploi non rémunéré avec une part de 21,2% contre 9,9% pour les diplômés.
Selon la régularité dans le travail, 9,1% des actifs occupés exercent un emploi de type occasionnel ou saisonnier (11,2% dans la campagne et 7,4% dans les villes), indique le HCP.
Par ailleurs, près de 6,2% des actifs occupés travaillent le jour et la nuit (8,6% en milieu urbain et 3,2% en milieu rural), 2,5% alternent le jour et la nuit et 1% travaillent uniquement la nuit.
Sur un autre plan, quatre actifs occupés sur dix (40,4%) travaillent plus de 48 heures par semaine (45,3% parmi les citadins et 34,4% parmi les ruraux), souligne le HCP, faisant remarquer que la durée excessive de travail concerne principalement les hommes (48,7%) plus que les femmes (12,8%).
Par secteur d’activité économique, près de la moitié des actifs exerçant dans les secteurs des BTP et des services travaillent plus que 48 heures par semaine.
Concernant la protection de l’emploi, la note indique qu’un peu plus d’un actif occupé sur 4 (26,1%) bénéficie d’une couverture médicale liée à l’emploi (38% dans les villes et 11,4% dans la campagne).
La disposition d’un diplôme augmente les chances d’accéder à un emploi assurant une couverture médicale, souligne le HCP, précisant que la part des actifs occupés affiliés à un système de couverture médicale augmente, ainsi, avec le niveau de diplôme, passant de 14,6 % parmi les non diplômés à 73,4% parmi les titulaires d’un diplôme de niveau supérieur.
L’industrie y compris l’artisanat enregistre le taux d’affiliation le plus élevé (43%), suivie des secteurs des services (37,9%), des BTP (15%) et de l’agriculture, forêt et pêche (9,4%).
Au niveau national, le HCP fait savoir que 45,4% des salariés bénéficient d’une couverture médicale assurée par l’employeur, 52,3% en milieu urbain et 26,3% en milieu rural. Parmi les femmes, cette part est de 53,6% contre 43,3% parmi les hommes, ajoute la même source, notant que près d’un actif occupé sur 5 (19,4%) est couvert par un système de retraite (31,3% en milieu urbain et 4,8% en milieu rural).
Le taux de couverture par un système de retraite est presque de même niveau aussi bien parmi les hommes que les femmes, avec respectivement 19,1% et 20,7%. Ce taux passe de 12,5% parmi les jeunes âgés de 15 à 29 ans à 21,6% parmi les personnes de 30 ans et plus et de 7,1% parmi les sans diplôme à 68,7% parmi les détenteurs d’un diplôme supérieur.
Les secteurs de l’ »industrie y compris l’artisanat » et des « services » affichent les taux de couverture de retraite les plus élevés avec respectivement 36% et 30,9% alors que celui des « BTP » et de l’ »Agriculture, forêt et pêche » enregistrent les taux les plus bas avec respectivement 7,5% et 3,6%.
Selon le statut professionnel, près de 4 salariés sur 10 (37,9%) et un employeur sur 5 (19,8%) sont affiliés à un système de retraite.
LNT avec Map