Les présidents de l'Azerbaijan Ilham Aliyev (gauche), de France Emmanuel Macron (2ème gauche), le Premier ministre arménien Nikol Pashinyan (2ème droite) et le président du Conseil européen Charles Michel (droite) se retrouvent au Château de Prague le 6 octobre 2022
L’Union européenne va envoyer une « mission civile » en Arménie, le long de l’Azerbaïdjan, pour aider à la délimitation des frontières et relancer le processus de normalisation naissant entre les deux pays, mis à mal par des affrontements sanglants en septembre.
« La mission débutera en octobre pour une durée maximale de deux mois. L’objectif de cette mission est d’établir la confiance et, par ses rapports, de contribuer aux commissions de délimitation des frontières », ont annoncé le Premier ministre arménien Nikol Pachinian, le président azerbaïdjanais Ilham Aliev, le chef d’Etat français Emmanuel Macron et le président du Conseil européen Charles Michel à l’issue de plusieurs heures de discussions à Prague.
« L’Arménie a accepté de faciliter la mise en place de (cette) mission » et « l’Azerbaïdjan a accepté de coopérer avec cette mission pour ce qui le concerne », soulignent les parties prenantes dans une déclaration conjointe.
Les quatre dirigeants se sont réunis jusque tard dans la nuit de jeudi à vendredi, en marge du premier sommet de la Communauté politique européenne.
« Pour une paix durable dans le Caucase », a tweeté le président Macron, l’air absorbé et tendu, photo des quatre responsables à l’appui, réunis autour d’une table dans un clair-obscur saisissant.
« L’Arménie et l’Azerbaïdjan ont confirmé leur attachement à la Charte des Nations unies et à la déclaration d’Alma Ata de 1991, par laquelle ils reconnaissent mutuellement leur intégrité territoriale et leur souveraineté », souligne la déclaration commune.
« Ils ont confirmé qu’elle servirait de base aux travaux des commissions de délimitation des frontières et que la prochaine réunion des commissions aurait lieu à Bruxelles d’ici fin octobre », est-il précisé.
Les accords d’Alma Ata (ou Almaty au Kazakhstan) ont acté la création de la Communauté des États indépendants (CEI), qui rassemble d’ex-républiques soviétiques, dont l’Arménie et l’Azerbaïdjan.
En septembre, au moins 286 personnes ont été tuées dans des affrontements entre les deux pays, les pires entre ces deux voisins du Caucase depuis leur guerre de 2020.
– Traité de paix –
Le contentieux porte sur le sort du Haut-Karabakh, une enclave séparatiste peuplée d’Arméniens en Azerbaïdjan, et sur la délimitation des frontières entre les deux pays.
Des pourparlers avaient été engagés en mai 2021, sous l’égide de la Russie, pour la délimitation et la démarcation de leurs frontières communes.
Mais la Russie s’est lancée depuis dans une offensive militaire en Ukraine, qui limite sa marge de manoeuvre ailleurs et les Etats-Unis et l’Union européenne ont pris un rôle majeur de médiateurs dans le processus de normalisation entre Bakou et Erevan.
Nikol Pachinian et Ilham Aliev se sont rencontrés à trois reprises cette année à Bruxelles, la dernière fois le 31 août. Le 23 mai, ils s’étaient engagés à faire avancer les discussions sur un futur traité de paix.
L’Arménie, alliée de la Russie, et l’Azerbaïdjan, soutenu par la Turquie, se sont affrontés lors de deux guerres au cours des trois dernières décennies pour le contrôle du Nagorny Karabakh.
La guerre de 2020 a coûté la vie à plus de 6.500 soldats et s’est arrêtée après un cessez-le-feu négocié par la Russie.
L’Arménie a cédé des territoires qu’elle contrôlait depuis des décennies et Moscou a déployé quelque 2.000 soldats russes pour veiller sur cette fragile trêve.
Après l’effondrement de l’Union soviétique en 1991, les Arméniens séparatistes du Nagorny Karabakh avaient unilatéralement proclamé leur indépendance. Le conflit qui a suivi avait fait 30.000 morts.