Dans ces mêmes colonnes, il était écrit la semaine dernière que le «Maroc avait l’arme au pied», soulignant que tout était suspendu au traditionnel discours royal de la Fête du Trône, qui sera prononcé par le Roi Mohammed VI le dimanche 30 juillet prochain.
Bien évidemment, une telle assertion est encore valable, tant que le peuple marocain n’aura pas pris connaissance des propos royaux. Mais, en une semaine, de l’eau a coulé sous les ponts, (même en période estivale !), parce que la situation générale du Royaume semble différente de ce qu’elle était il y a huit jours. En effet, l’atmosphère s’est très considérablement détendue, et un regain d’optimisme peut être constaté ici et là. D’abord parce que «la marche du million», à laquelle avait appelé Nasser Zefzafi a connu un flop des plus retentissants. Certes, les autorités publiques avaient pris de fortes mesures préventives pour en réduire les éventuels effets et participants, en application de l’interdiction de cette marche par la Wilaya d’Al Hoceima, mais, en tout état de cause, hormis quelques dizaines de jeunes descendus des villages environnants et d’une poignée d’activistes qui avaient rejoint Al Hoceima, on a pu compter plus de policiers anti-émeutes que de protestataires ce 20 juillet 2017 ! Les habitants de la ville sont restés calmes et démobilisés, comme si le Hirak ne voulait plus rien dire pour eux…. A moins que ce «mouvement populaire» n’ait jamais été rien d’autre qu’une belle construction chimérique, fortement alimentée par les réseaux sociaux et le noyau dur des amis de Zefzafi, tous aujourd’hui en attente de leur procès.
Le combat a visiblement cessé faute de combattants et Al Hoceima, qui commence à réceptionner les premières réalisations promises par le gouvernement, (et notamment un centre d’oncologie entièrement remis à neuf et rééquipé), aspire surtout à retrouver sa vie paisible, réussir sa saison touristique et commencer à profiter de l’amélioration de son quotidien, en application des promesses officielles. Second élément qui a permis de changer la donne, la réelle mobilisation du gouvernement et de son chef, M. Saad Eddine El Othmani.
On a certainement compris, en haut lieu, que la crise d’Al Hoceima, pour spécifique et relativement localisée qu’elle a été, était duplicable un peu partout sur l’ensemble du territoire national. El Othmani et ses collègues ont donc pris leurs bâtons de pèlerins, non pour un séjour à La Mecque, (ce qu’affectionnait tout particulièrement son prédécesseur…), mais pour aller à la rencontre des doléances citoyennes, dans les régions du Royaume, afin d’avoir une idée exacte des situations in situ et engager les politiques nécessaires dans les délais les plus rapprochés. Aujourd’hui, l’Etat, les départements ministériels, la chefferie du gouvernement sont mobilisés, à l’écoute, réactifs et cette nouvelle dynamique, quoique récente, porte ses fruits. Quand le marasme de l’immobilier, la rareté de l’eau, les questions de Santé, sont évoqués et traités au plus haut niveau gouvernemental, avec engagements clairs à l’appui, les citoyens se prennent à espérer…
En ce sens, l’épisode d’Al Hoceima aura servi à quelque chose, mettre le gouvernement sur le terrain, en situation d’action rapide, pour désamorcer les crises les plus menaçantes, sachant que sur d’autres «fronts», tel celui de l’Emploi, de la Formation, de l’Education, des avancées sont constatées alors que des départements ministériels comme celui de l’Industrie, du Tourisme, des Finances, peuvent exciper de résultats probants et encourageants. On constate donc, non sans satisfaction, que l’ère de la gloriole orale, des discours enflammés, des postures populistes, qui constituaient l’essentiel de la démarche du prédécesseur de M. El Othmani, est terminée. Aujourd’hui, les actes priment sur le discours et l’opinion publique le perçoit parfaitement… Troisième manifestation de ce regain d’optimisme, encore ténu certes, la publication par notre irremplaçable Haut-Commissariat au Plan d’une enquête qui énonce que les ménages retrouvent le moral. Et s’ils ont une vision plus positive de l’avenir, c’est que la conjoncture leur paraît meilleure, ce qui est sans doute le cas, grâce notamment à une campagne agricole des plus réussies, laquelle draine vers les campagnes, puis les villes, les fruits d’une récolte exceptionnelle, mais aussi aux premiers signes d’une reprise de la croissance économique, en ligne avec les prévisions de tous les conjoncturistes. Mais comme dirait un conquistador déçu «c’est pas le Pérou» pour autant, notamment parce que les causes profondes du marasme général, les dégâts du chômage, les déficiences de la Santé, la crise de l’immobilier, la profondeur abyssale du problème de l’Education, etc., etc., sont toujours là.
La prise de conscience et la volonté de réagir sont désormais effectifs et c’est là le grand point positif en cette fin de juillet 2017. Alors dès le 1er août, il faudra retourner ses manches et s’atteler, sérieusement, efficacement, à une relance de la machine, au niveau de tous ses rouages, étatique, administratif, gouvernemental, afin que l’espoir qui renaît ne soit pas comme l’hirondelle et le printemps !
Fahd YATA