La Première ministre Britannique Theresa May lors de la campagne des législatives, le 6 juin 2017 à Slough, dans le sud-est du pays © POOL/AFP Ben STANSALL
La première ministre britannique Theresa May et son adversaire Jeremy Corbyn tiennent mercredi leurs ultimes meetings d’une campagne électorale exceptionnelle, marquée par des attentats jihadistes, à la veille de législatives au résultat plus incertain que prévu.
Les questions de sécurité se sont imposées au cœur de la campagne à la suite des trois attentats revendiqués par le groupe État Islamique qui ont frappé le Royaume-Uni en moins de trois mois, le 22 mars et le 3 juin à Londres, le 22 mai à Manchester.
Pour la dernière journée, la cheffe du gouvernement participe à deux rassemblements, l’un en milieu de journée dans l’est du pays, l’autre en début de soirée dans le centre de l’Angleterre.
Le leader du Parti travailliste réalise de son côté une journée marathon, avec pas moins de cinq évènements de campagne à son programme, à Glasgow en Écosse en début de matinée, puis dans la banlieue de Liverpool, avant de rejoindre Londres dans la soirée.
Il espère concrétiser dans les urnes la bonne dynamique que connait son parti, le Labour, qui a progressivement refait son retard sur les Tories dans les sondages.
L’écart de plus de vingt points qui séparait les deux formations lorsque Theresa May a convoqué ces élections en avril s’est réduit au point de voir les travaillistes talonner les conservateurs à la veille du scrutin.
Dans ce duel à distance, les deux dirigeants ont accentué leurs attaques mardi. Jeremy Corbyn a accusé la Première ministre de maintenir la sécurité du pays « à moindres frais », et a promis de recruter 10.000 nouveaux policiers et 1.000 agents supplémentaires pour les services de renseignement.
– Droits de l’homme
De son côté, la cheffe du gouvernement a durci son discours et déclaré qu’elle pourrait restreindre certains droits fondamentaux pour réduire la liberté de mouvements des personnes suspectées d’activité terroriste, et faciliter leur expulsion du territoire britannique.
« Si nos textes qui définissent les droits de l’homme nous empêchent de le faire, alors nous modifierons ces textes pour pouvoir le faire », a-t-elle affirmé mardi devant ses partisans lors d’un meeting à Slough, dans la banlieue de Londres.
L’enquête sur l’attentat est toujours en cours. La police a annoncé mercredi avoir repêché dans la Tamise le corps d’un homme dans le cadre de sa recherche d’un Français disparu, Xavier Thomas. Le président français Emmanuel Macron a annoncé dans la foulée qu’un troisième Français était mort dans l’attentat de Londres.
Si l’identité est confirmée, cela porterait à 8 morts le bilan de l’attentat.
La police a en outre annoncé l’arrestation d’un homme de 30 ans lors d’une perquisition menée à Ilford, un quartier de l’est de Londres, non loin de Barking, où habitaient deux des auteurs de l’attentat revendiqué par le groupe Etat islamique.
Dans ce contexte, les analystes estiment très difficile de mesurer les répercussions des attentats sur le résultat du scrutin.
Eric Kaufmann, professeur de sciences politiques à l’Université de Londres, a expliqué à l’AFP que ces évènements « ont tendance à conforter les électeurs dans leurs convictions », même si les conservateurs sont jugés « plus solides » sur les questions de sécurité.
Mais les conservateurs au pouvoir font l’objet de nombreuses critiques pour n’avoir pas su empêcher ces attaques, alors que deux des trois assaillants étaient connus des services de sécurité. L’un d’eux était même apparu dans un documentaire sur une chaîne nationale en 2016.
« Pourquoi n’ont-ils pas arrêté +TV jihadi+? (le jihadiste de la télé) », demandait mardi le quotidien Sun.
« Ce sont des questions auxquelles les services de police et de renseignement devront répondre », a reconnu mardi le ministre des Affaires étrangères Boris Johnson, sur SkyNews.
La réduction des effectifs de police orchestrée par Theresa May lorsqu’elle était ministre de l’Intérieur, entre 2010 et 2016, a également été dénoncée par l’opposition.
– Brexit
Les attentats ont relégué au second plan le Brexit, sujet qui dominait initialement la campagne. C’est en effet dans la perspective des négociations de sortie de l’Union européenne que Theresa May a convoqué ces élections législatives anticipées, trois ans avant la date prévue.
Elle espère renforcer sa courte majorité au Parlement et avoir les coudées franches au moment d’entamer les discussions avec Bruxelles sur la sortie de l’Union européenne.
Les conservateurs comptent récupérer le maximum de voix du parti europhobe Ukip, troisième force politique du pays en 2015 mais en pleine déconfiture depuis le départ de son charismatique leader Nigel Farage.
Au nord, les nationalistes écossais du SNP espèrent préserver leur écrasante domination au Parlement de Westminster — 56 sur 59 sièges attribués à l’Ecosse actuellement — pour continuer à prôner un nouveau référendum d’indépendance. Et le parti libéral-démocrate, farouchement europhile, espère améliorer son faible score de neuf députés mais sans jamais avoir réussi à s’imposer comme un recours anti-Brexit lors de la campagne.
LNT avec Afp