L’annonce officielle de la prochaine légalisation de la culture du cannabis au Maroc est une information majeure aux conséquences aussi nombreuses que positives, voire même fondamentales pour notre pays et son peuple.
Faisant pour l’instant encore l’objet d’un complément d’étude en conseil de gouvernement, le projet de loi, s’il est adopté par les deux Chambres, ce qui n’est pas douteux, vient bouleverser une donne qui pesait comme une chape de plomb sur des régions entières situées au Nord du Maroc et concerne des millions de nos concitoyens et leurs familles, vivant le plus souvent dans des conditions difficiles, voire le quasi-dénuement.
La légalisation de la culture de cannabis est synonyme, d’abord, de la sortie de la clandestinité, des circuits opaques et souterrains, de la crainte perpétuelle d’une descente des forces de l’ordre pour saisir les récoltes de chanvre indien ou brûler les champs de culture, pour ces centaines de milliers de petits exploitants contraints à la monoculture d’un produit prohibé.
Jusque-là otages des circuits mafieux, des narcotrafiquants qui fixaient les prix selon leurs seuls intérêts, ces malheureux producteurs du Rif et de ses environs, pourront désormais exploiter leurs parcelles en toute légalité, obtenir des prix fixés officiellement, jouir de revenus réguliers et transparents.
Mesurons donc là qu’il s’agit d’un bouleversement total pour ces populations du Nord, vivant des régions enclavées, difficiles d’accès et où la culture de « l’herbe » représentait le seul moyen d’existence menacé en permanence par l’épée de Damoclès de la répression des pouvoirs publics.
Le cannabis, parfois appelé « l’or vert », est pourtant une richesse offerte par la Nature, mais jusque-là détenue par des groupes de mafieux, spécialisés dans la collecte, le transport, l’export et la commercialisation de cette manne dont la valeur globale est estimée par certains à plus de trois milliards de dollars par an !
Avec le projet de loi en gestation, le cannabis, cultivé au grand jour à des fins industrielles et commerciales, sera destiné en premier lieu à l’amélioration du quotidien et des conditions de vie pour plusieurs millions de personnes qui en profiteront directement ou indirectement par les investissements que cette culture générera.
Aujourd’hui d’ailleurs, nonobstant les pays, de plus en plus nombreux, qui ont autorité la consommation de chanvre indien à des fins « récréatives », la culture du cannabis est fondamentale pour l’industrie pharmaceutique, les grands laboratoires de recherche en cosmétologie, la médecine, etc., sachant que cette plante possède des vertus reconnues pour les bienfaits qu’elle procure aux personnes atteintes de certaines maladies ou même en fin de vie.
Souvent considéré comme le premier producteur mondial de cannabis, alors que la « Moroccan Weed », appelée également « double zéro » dans les coffee shops d’Amsterdam, est appréciée de ceux qui « roulent des joints », le Royaume ne pouvait plus se passer des bienfaits économiques et sociaux de cette culture dont la production légale pourrait également servir à l’industrie textile, un de nos secteurs d’activités stratégiques.
Enfin, de savoir que la légalisation privera les narcotrafiquants de revenus monstrueux, alimentant notamment le blanchiment d’argent, mais aussi d’autres circuits illégaux comme la traite d’êtres humains, la contrebande ou le financement de groupes terroristes, est une satisfaction indicible pour tous ceux qui luttent contre le crime organisé, à l’intérieur de nos frontières et souvent en relation avec des organisations transnationales.
La pression « politique » se faisant de plus en plus forte pour la légalisation de la culture du cannabis, les pouvoirs publics ont fait leur cette revendication, portée par plusieurs partis (PAM, Istiqlal), et nul doute que désormais, les circuits de commercialisation clandestine, sinon se tariront définitivement, du moins seront fortement réduits, l’essentiel de la production allant au secteur formel et organisé légalement.
Un warning donc pour les « fourmis » qui livrent les consommateurs locaux, lesquels devront s’attendre à une hausse des prix…
Fahd YATA