
Malgré les progrès réalisés par Maroc dans la réduction de la pauvreté, l’amélioration de l’accès de la population aux infrastructures de bases et le soutient les activités génératrices de revenus, les écarts de développement entre les 12 régions et au sein-même des régions persistent encore.
Selon le HCP, sur la période 2004-2014, l’indice de développement humain a connu une amélioration de 1,7% au niveau national. Cependant, les 12 régions n’ont pas bénéficié de cette amélioration de la même proportion. D’après la même source, trois régions seulement ont enregistré un taux d’accroissement supérieur à la moyenne nationale sur cette période. Il s’agit de Tanger-Tétouan-Al Hoceima (2,3%), Marrakech-Safi (2,2%) et l’Oriental (1,9%). En 2014, six régions avaient un taux de pauvreté supérieur à la moyenne nationale (4,8%), le plus élevé étant Draa-Tafilalt avec un taux de 14,6%.
En 2019, 58% de la richesse nationale a été créé par seulement trois régions : Casablanca-Settat (31,8%), Rabat-Salé-Kenitra (15,3%) et Tanger-Tétouan-Al Hoceima (10,9%). Ces mêmes régions qui constituent depuis des années le cœur de l’activité économique du Maroc.
L’Institut Groupe CDG a organisé mercredi 2 novembre un webinaire sous le thème : « Atténuer les disparités territoriales », l’occasion d’échanger et de débattre autour des actions et des moyens à mettre en œuvre pour accélérer le processus de régionalisation avancée, notamment les questions liées à la gouvernance territoriale.
Intervenant à cette occasion, Abdelaziz Adidi Professeur de l’enseignement supérieur, Ex-Directeur de l’Institut National d’Aménagement et d’Urbanisme a affirmé qu’aujourd’hui en plus de l’écart important enregistré entre les zones urbaines et rurales, on registre des disparités au sein de la même ville, avec des quartiers qui n’ont pas les mêmes infrastructures que d’autres, notamment la ville de Casablanca.
Les disparités territoriales sont mesurées par un certain nombre d’indicateurs sociaux comme le taux d’analphabétisme, le taux de scolarisation, le taux de raccordement au réseau de l’eau potable etc. Aujourd’hui s’ajoute une autre forme de fracture, celle des disparités digitales, souligne M. Adidi.
Et de préciser : « Il y a une véritable fracture entre les régions et même à l’intérieur de la même région au niveau du taux de couverture de téléphonie mobile mais aussi de couverture internet ».
Abdelaziz Adidi énumère trois facteurs déterminants de ces disparités. Pour lui, le premier facteur est la géographie physique : les reliefs, le climat, la qualité du sol, etc., mais aussi la présence de l’eau, qui selon lui est un facteur très puissant qui marque les disparités territoriales.
Cependant, M. Adidi affirme qu’il y a beaucoup de pays dans le monde avec une géographie plus complexe que celle du Maroc et qui ont réussi à mieux répartir leur richesse et leurs équipements, notamment le Japon, un archipel exposé à toutes sortes de risques et qui aujourd’hui est une puissance mondiale.
Le deuxième facteur est celui de l’histoire. « Le protectorat a enclenché un processus de littoralisation ce qui fait que l’urbanisation se fait essentiellement au niveau du littoral comme Casablanca, Tanger, Agadir, au détriment de l’intérieur », a-t-il expliqué.
La troisième raison de ces disparités territoriales sont les politiques publiques. « L’Etat, depuis l’indépendance a mené un certain nombre de programmes sans une véritable prise en compte de la dimension territoriale », a affirmé M. Adidi.
Pour réussir le challenge d’une disparité atténuée, il faut une volonté politique très forte, et la régionalisation avec ses deux corollaires : la décentralisation et la déconcentration, est aujourd’hui une véritable opportunité pour le Maroc pour régler cette disparité entre les régions, a conclu M. Adidi.
Asmaa Loudni