
Khadija EL MOUSSILY, Head of equity chez BMCE Capital
Le pôle banque d’affaires du groupe Bank Of Africa, BMCE Capital, a organisé, jeudi à Casablanca, la troisième édition du Moroccan Equity Summit. Cet événement vise à réunir des investisseurs locaux et internationaux avec des entreprises cotées du Maroc, de la Tunisie et de l’Afrique de l’Ouest. Co-animé par BMCE Capital Bourse et BMCE Capital Global Research, le Moroccan Equity Summit a pour objectif de créer un environnement propice aux opportunités d’investissement et à l’expansion des affaires. Pour nous apporter plus d’informations sur l’événement et sur les perspectives du marché des capitaux marocains en général, Khadija EL MOUSSILY, Head of equity chez BMCE Capital, a répondu à nos questions.
La Nouvelle Tribune : C’est la 3ème édition de Moroccan Equity Summit. Quel bilan faîtes-vous des deux premières, et quelles sont les nouveautés pour 2024 ?
Khadija EL MOUSSILY : Les 2 première éditions du Moroccan Equity Summit ont permis de réunir un vaste panel d’investisseurs locaux, internationaux ainsi que plusieurs sociétés cotées marocaines et ouest-africaines afin de leur offrir une plateforme unique favorisant un échange d’informations riche et constructif. En termes de nouveautés, la 3ème édition du MES devrait accueillir de nouveaux émetteurs marocains ainsi qu’étrangers qui viennent s’ajouter aux 20 de l’année dernière, dont des sociétés tunisiennes et ouest-africaines.
Le MASI a terminé l’année 2023 à +12,8%. Considérez-vous que cette bonne dynamique va s’inscrire dans la durée, en 2024 voire au-delà ?
Pour le moment, le marché semble être bien orienté comme en témoigne la performance du MASI à date qui s’établit à près de +10%. Ce bon comportement pourrait être soutenu par la bonne tenue attendue de la capacité bénéficiaire en 2024, tel qu’anticipé au niveau du Forecast de BMCE CAPITAL GLOBAL RESEARCH. Dans une optique positive et en cas d’éléments positifs permettant d’accélérer la croissance du MASI, nous pensons pouvoir clôturer l’année sur une perf comprise entre +12% et +15%. Toutefois et dans une optique plus prudente, si la tendance se renverse en raison d’éléments inattendus, nous devrions finir l’année sur une perf comprise entre +8% et +10%.
Les deux dernières IPO de la Bourse de Casablanca ont suscité l’intérêt de 30 000 petits porteurs. Y voyez-vous un gain d’intérêt pour la Bourse, ou bien était-ce dû à la nature des sociétés concernées ?
Tout d’abord, l’investissement en Bourse constitue aujourd’hui une bonne alternative pour accroître et diversifier son patrimoine et ses revenus, ce qui explique l’intérêt grandissant des personnes physiques pour ce genre de placements. Concernant les deux dernières IPO, qui sont d’ailleurs intervenus dans un contexte de marché globalement positif, celles-ci ont connu un fort engouement en raison principalement de la solidité des fondamentaux des deux sociétés et de leur profil de résilience. Notons également que les investisseurs sont constamment à la recherche de papier frais, ce qui justifie l’effervescence ayant entouré les dernières introductions en Bourse, notamment celle de CFG BANK, première banque à initier une IPO depuis 2004.
Avec Moroccan Equity Summit, vous allez à la rencontre d’investisseurs internationaux. Quelle image ont-ils de la Bourse de Casablanca, et comment cette image a-t-elle évolué ces dernières années ?
Les investisseurs étrangers contrôlent 27% de la capitalisation du marché boursier marocain et animent près de 10% en termes de volumétrie annuelle, ce qui témoigne de l’intérêt qu’ils portent pour la Bourse de Casablanca. La cherté du marché est un point qui est souvent relevé par ce type d’investisseurs, mais la qualité des entreprises cotées ainsi que l’ampleur des réformes mises en place pour dynamiser le marché financier marocain justifient le fait qu’ils voient toujours un potentiel de croissance important au niveau de la BVC.
Il est estimé que le financement de tous les projets du Royaume à l’horizon 2030 représente des investissements de 100 à 150 milliards de dollars. Quels sont les secteurs de la Bourse de Casablanca, selon vous, qui vont le plus profiter de cette dynamique ?
Les impacts attendus des projets du Royaume à l’horizon 2023, notamment la Coupe du Monde, sont multiples et concernent plusieurs secteurs.
Les secteurs du BTP/matériaux de construction et immobilier devraient connaître une forte dynamique profitant de l’augmentation significative des investissements dans les infrastructures. Cela inclut la construction et la rénovation de stades, l’amélioration des réseaux de transport et le développement d’hébergements touristiques.
S’agissant du tourisme, la Coupe du Monde devrait attirer des millions de visiteurs, boostant ainsi le secteur, à travers une hausse des revenus du tourisme, des dépenses des visiteurs et un effet multiplicateur sur les industries liées telles que la restauration, les services de transport et le commerce de détail.
Les Banques devraient également afficher une forte dynamique commerciale liée au financement de ces projets d’envergure.
De manière plus générale, quel pourrait être l’effet de cette dynamique sur la Bourse elle-même, par exemple en termes d’IPO ou de liquidité ?
C’est justement lié à l’exposition médiatique mondiale résultant de la Coupe du Monde et qui devrait placer le Maroc sous les feux des projecteurs, renforçant sa marque pays et attirant des investissements étrangers, notamment au niveau du marché actions. Aussi, l’organisation de cet événement devrait catalyser le développement économique du Maroc, créer des emplois et stimuler la croissance à long terme, améliorant ainsi la situation financière de plusieurs entreprises dans le pays et les rendant éligibles à des IPOs, ce qui devrait créer une forte dynamique au niveau de la Bourse de Casablanca, au moment où celle-ci s’apprête à inaugurer une nouvelle phase de développement avec le lancement du marché à terme, de la Chambre de Compensation ainsi que l’intégration prochaine de fiducies d’investissement immobilier (REIT) et de fonds indiciels négociés en bourse (ETF).
Propos recueillis par Selim Benabdelkhalek