Vue aérienne d'une décharge flotante d'emballages plastique près de Manille, le 22 septembre 2017 © AFP/Archives NOEL CELIS
L’incinérateur ou la décharge: les pays occidentaux ont peu d’options dans l’immédiat pour gérer les déchets plastique qu’ils ne peuvent ou ne veulent pas recycler, et qui sont désormais indésirables en Chine et dans plusieurs pays d’Asie du Sud-Est.
Depuis que la Chine a fermé ses portes à certains déchets venus de l’étranger, le circuit du recyclage mondial peine à retrouver l’équilibre. Plusieurs pays d’Asie du Sud-Est, qui s’étaient placés sur le créneau laissé vacant par Pékin, sont en train de renoncer.
« Le problème, c’est que les quantités en cause sont extrêmement importantes », a expliqué à l’AFP Arnaud Brunet, directeur général du Bureau international du recyclage (BIR) basé à Bruxelles.
Il y a eu un « engorgement des capacités techniques », ces autres pays asiatiques « ont été dépassés », ils ont également subi des « importations illégales », qui concernent notamment des « matières difficilement ou non recyclables », a-t-il détaillé.
Car, si les pays européens par exemple recyclent eux-mêmes certains déchets plastique considérés comme rentables – en particulier les bouteilles en PET transparent -, ils comptent sur l’exportation pour traiter les matières de « mauvaise qualité et à faible valeur », voire tout simplement « non recyclables », pointe un récent rapport du réseau d’ONG Alliance globale pour les alternatives à l’incinération (GAIA).
La Malaisie, qui autorise l’importation de déchets plastique propres et homogènes, figure parmi les premiers pays concernés. Elle vient d’avertir qu’elle retournera à l’envoyeur des centaines de tonnes de plastique contaminé, originaire de différents endroits dans le monde.
« Les mesures prises par le gouvernement malaisien soulignent l’importance du recyclage responsable, de l’utilisation des cahiers des charges et de la gestion des processus en aval », a commenté auprès de l’AFP Adina Renee Adler, de l’ISRI, qui regroupe les acteurs américains du secteur.
Comme la Chine et la Malaisie, la Thaïlande a elle aussi pris des mesures pour restreindre les importations de déchets plastique. Qui ont été redirigé vers des pays moins stricts, comme l’Indonésie et la Turquie, selon ce rapport.
« Certains pays deviennent malheureusement d’un coup les nouvelles décharges du monde, les nations les plus pauvres vont absorber les déchets pour lesquels elles touchent des revenus, mais subissent un coût environnemental et social », a indiqué à l’AFP Vincent Aurez, expert en économie circulaire du cabinet EY.
– Matériaux problématiques –
Face aux portes closes, les pays occidentaux disposent dans l’immédiat de peu de solutions pour gérer les déchets plastique considérés comme trop coûteux à recycler sur place. Autre problème: le manque de débouchés locaux pour la matière recyclée, auparavant incorporée dans les productions chinoises.
Les acteurs du recyclage occidentaux, qui subissent une accumulation de matières, vont certainement devoir incinérer ce surplus ou le mettre en décharge.
A plus long terme, « la solution, c’est de sortir par le haut, d’investir dans la recherche et le développement pour avoir des processus de tri plus fins, plus efficaces, afin de gagner en qualité et d’atteindre des niveaux acceptables par certains pays », a expliqué M. Brunet du BIR.
« Cependant, il faut aussi que les producteurs fassent leur part d’efforts en produisant plus en vue du recyclage », a-t-il ajouté, et ce au moment où l’industrie plastique reste florissante, malgré les critiques et mesures contraignantes.
En dix ans, la production mondiale de plastique est passée de 245 millions de tonnes à 348 millions de tonnes en 2017, selon les derniers chiffres de la fédération européenne PlasticsEurope.
Penser à la fin de vie du produit dès sa création, incorporer des matières recyclées dans sa fabrication ou encore en privilégier une seule pour réaliser un emballage, autant de solutions qui simplifieraient la gestion des déchets.
Alors que les taux de recyclage du plastique varient fortement – 31% en Europe contre 10% aux Etats-Unis – la recherche doit également permettre de développer des techniques supplémentaires.
Mais pour nombre de défenseurs de l’environnement, le recyclage ne suffira pas si la consommation de plastique n’est pas bridée.
« Même si l’on parvient à créer de nouvelles filières, certains matériaux poseront toujours problème, il faudrait arrêter de les produire et de les utiliser », a estimé auprès de l’AFP Laura Chatel, responsable de campagne auprès de l’association environnementale Zero Waste France. Sont visés en particulier certains films plastique et matériaux composites.
« Il va falloir avant tout travailler sur la réduction d’emballages, ce qui implique de distribuer les biens différemment », notamment en vrac, a complété Mme Chatel.
LNT avec AFP