Francois Hollande et Emmanuel Macron, lors des dernières cérémonies de célébration du 8 mai 1945, à Paris © POOL/AFP/Archives Francois Mori
Le président François Hollande lèguera dimanche à son successeur Emmanuel Macron un marché de l’emploi convalescent qui, malgré une nette reprise depuis deux ans, n’a pas encore effacé les effets de la crise de 2008.
Les derniers chiffres du quinquennat Hollande, publiés vendredi, confirment l’embellie de l’emploi privé en métropole.
Avec 49.400 nouveaux postes (+0,3%) entre janvier et mars, le secteur marchand a connu un huitième trimestre consécutif de créations nettes, selon une estimation de l’Insee. Cet indicateur concerne principalement les postes salariés du secteur privé non agricole.
« La dynamique de création d’emploi se poursuit », s’est réjouie la ministre du Travail Myriam El Khomri dans un tweet. Au premier trimestre, l’emploi a ainsi augmenté au même rythme que la croissance (+0,3%) du produit intérieur brut (PIB).
Au cours des deux dernières années, les entreprises privées ont créé 350.500 postes, dont 198.300 sur la seule année écoulée (+1,2%), portant leurs effectifs à 16,23 millions de postes, plus haut niveau depuis 2008.
Mais les dégâts de la crise financière ne sont pas encore totalement réparés. Le secteur marchand est encore en-deçà de son niveau d’avant-crise (16,44 millions début 2008), tout comme sa vitalité (262.800 postes créés en 2007).
En France, en raison du dynamisme de la population active, qui croît d’environ 150.000 personnes chaque année, le marché de l’emploi doit dépasser nettement ce seuil pour faire reculer le chômage de manière significative.
Or depuis le début du mandat Hollande, les effectifs du secteur privé n’ont crû que de 190.800 salariés en cinq ans.
Résultat: le taux de chômage, mesuré par l’Insee, a augmenté 0,4 point sur la période, pour atteindre 9,7% fin 2016 en métropole. Le nombre de chômeurs inscrits à Pôle emploi a, lui, crû de 585.500 personnes, pour un total de 3,51 millions fin mars.
– Reprise fragile –
La reprise de l’emploi depuis 2015 a toutefois permis un début d’inversion de la courbe du chômage en 2016, avec trois ans de retard sur la promesse de François Hollande.
La situation reste néanmoins très fragile. Après avoir vu partir plus de 100.000 chômeurs l’année dernière, Pôle emploi en a vu revenir environ 40.000 début 2017.
Par ailleurs, la reprise de l’emploi s’est d’abord traduite par une recrudescence des contrats courts, qui s’est ressentie dans les chiffres de l’opérateur. Le nombre de demandeurs d’emploi exerçant une petite activité (catégories B et C) est en hausse de 8,9% sur 12 mois.
Autre bémol, deux secteurs restent en marge de l’embellie: l’industrie et la construction.
L’érosion de leurs effectifs s’est poursuivie au premier trimestre, les usines détruisant 4.800 postes (-0,2%) et les chantiers 2.000 postes (-0,2%). Durablement sinistrées, l’industrie a perdu près d’un million de postes depuis début 2001 et la construction plus de 200.000 depuis fin 2008.
Ce sont les secteurs tertiaire et intérimaire qui tirent l’emploi vers le haut. De janvier à mars, les services (+44.200 hors intérim, +0,4%) et l’emploi temporaire (+12.000, +1,8%) sont restés bien orientés.
Le tertiaire, principale locomotive de l’emploi privé, est en progression constante depuis fin 2013. Quant à l’intérim, avec 668.500 salariés, il flirte désormais avec son record de 677.500 atteint début 2007.
Les mêmes tendances s’observent sur l’année, avec une forte progression de l’emploi tertiaire (+147.500, +1,3%) et de l’intérim (+83.200, +14,2%), et des baisses dans l’industrie (-23.300, -0,7%) et dans la construction (-9.100, -0,7%).
LNT avec AFP