Les transferts de fonds de migrants sont plus importants que l’aide publique au développement (APD) et les Investissements directs étrangers (IDE) réunis, a affirmé, mercredi à Genève, la Directrice générale adjointe de l’Organisation internationale pour les Migrations (OIM), Ugochi Daniels.
Intervenant lors d’un panel de haut niveau organisé par la Mission permanente du Maroc auprès de l’ONU-Genève, dans le cadre du Forum public de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), Mme Daniels a rappelé que le rapport mondial sur la migration, rendu public en début de cette année, a fait état d’une hausse des flux des remises migratoires à 831 milliards de dollars en 2022, contre 128 milliards de dollars en 2000. Elle a souligné que la migration et le commerce sont intrinsèquement liés. En témoigne la reprise des flux commerciaux postpandémie qui a été largement tributaire des transferts des migrants. D’où l’intérêt, a-t-elle plaidé, pour encourager des voies de migration sûres et régulières à même d’accélérer la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD).
Pour autant, la responsable de l’OIM a constaté que les coûts élevés des transferts affectent les envois de fonds des migrants, notant que l’Afrique reste la région la plus chère au monde en la matière, avec des coûts moyens de 7,9%. A cet égard, Mme Daniels a estimé que la réalisation de l’ODD 10.c (faire baisser au-dessous de 3% les coûts de transaction des envois de fonds effectués par les migrants), permettrait des économies supplémentaires d’environ 2,6 milliards de dollars pour les migrants et leurs familles chaque année.
La responsable internationale s’est réjouie d’une tendance à la baisse des coûts des transferts, notant qu’ils ont reculé de 30% durant la dernière décennie, passant de 9% à 6%. « Une lueur d’espoir qu’on devrait célébrer ! ». Les discussions lors de ce panel, placé sous le thème : « Transferts de fonds des migrants, commerce inclusif et développement”, ont été axées notamment sur les facteurs à l’origine du coût élevé des transferts de fonds, la fracture numérique, la non digitalisation des paiements, les faibles niveaux d’inclusion, le manque de transparence et de régulation du secteur et les marges appliquées aux conversions de devises.
Présidé par l’ambassadeur Omar Zniber, Représentant permanent du Royaume du Maroc auprès de l’ONU-Genève et de l’OMC, cet événement a connu la participation du Directeur général de Bank al Maghrib, Abderrahim Bouazza, le directeur général adjoint de l’OMC, Xiangchen Zhang, la sous-directrice générale des relations extérieures et institutionnelles à l’Organisation internationale du Travail (OIT), Laura Thompson. Ont pris part aux débats également la Représentante Spéciale de la Banque Mondiale auprès de l’ONU et de l’OMC à Genève, Maria Dimitriadou, et l’ambassadeur représentant permanent du Togo à l’ONU, Yackoley Kokou Johnson.
Cet événement qui coïncide avec le 30e anniversaire des Accords de Marrakech instituant l’OMC, a été retenu parmi un nombre record de plus de 300 candidatures reçues pour le Forum public 2024, l’un des plus grands événements de sensibilisation de l’organisation. Il a été notamment l’occasion pour l’OMC, le système des Nations Unies pour le développement et les migrations et les institutions financières internationales de mener une réflexion sur des mesures efficaces pour renforcer la coopération afin de réduire le coût des transferts de fonds, qui constitue un défi majeur pour les économies des pays en développement et des pays les moins avancés.
LNT avec Map