Un investissement ne vaut que par son financement ! Ce n’est pas un adage, mais un constat relatif à toutes les formes d’investissements pour des petits ou de grands projets, qu’ils soient publics ou privés.
A ce titre, il est légitime de s’interroger sur les différents modes de financement d’un investissement.
Certes, selon qu’il soit public ou privé, l’initiateur de l’investissement utilise ses propres ressources. Au-delà de cette première phase, l’État peut associer des investissements privés dans le cadre d’un partenariat public-privé, quand un investisseur privé a tout simplement recours au crédit bancaire. Mais ces instruments classiques de financement peuvent être relayés par ceux dits désintermédiés ou des marchés de capitaux.
Dans les pays occidentaux, ces derniers occupent une place de plus en plus importante.
Ainsi, en France, 60% des financement des investissements se font par les marchés contre 40% par le système bancaire, mais aux Etats Unis ce sont 80% des financements qui sont désintermédiés.
Au Maroc nous en sommes à peine à 2 ou 3%. Il est donc très clair que notre pays dispose une source de financement à explorer et à exploiter pour de développer et créer de la croissance. Sauf que, malheureusement, on n’arrête pas de vouloir relancer le marché financier proprement dit, c’est-à-dire la bourse pour offrir aux entreprises de nouvelles alternatives de financement de leur activité et surtout de leur croissance.
L’on sait que depuis la « démutualisation » de la bourse, à la fin 2015, le Conseil d’Administration composé des nouveaux actionnaires que sont les banques, les compagnies d’assurances, CFC, CDG et les sociétés de bourse indépendantes planchent sur la réforme de ce marché. Malheureusement, il en est encore au niveau de la création de la holding qui va chapeauter toutes les filiales qui animent ou animeront le marché.
Il s’agit de la Société de la Bourse des Valeurs, de Maroclear, de la Chambre de Compensation, de la société des marchés à terme, etc.
Cet aspect organisationnel exige lui-même nombre de réaménagements juridiques qui, de fait, sont longs à réaliser comme la cession d’une partie du capital de Maroclear à la future holding ou encore convaincre les principaux actionnaires que sont les trois grandes banques de la place AWB, BP et BMCE bank, de mettre des capitaux dans la création de toutes ces nouvelles sociétés.
Bref, la réforme du marché financier lui-même par la création de nouveaux marchés, comme celui de la PME, celui du marché à terme ou encore celui des devises, tardent à voir le jour.
Dans l’intervalle, la bourse est toujours illiquide, inefficiente et spéculative.
On peut donc dire et regretter que la bourse de Casablanca soit tout sauf un outil de financement de l’économie !
On en voudra pour preuve éclatante que quasiment toutes les introductions qui s’y sont faites, l’ont été par cession et non par augmentation de capital…
Un fait fort dommageable pour l’économie marocaine et sa croissance !
Pourtant, avec l’arrivée de l’AMMC qui œuvre à rétablir la confiance dans les financements désintermédiés par une réglementation systématique et des sanctions à la clé, un réel espoir se fait jour.
Mais, nonobstant tout cela, se pose néanmoins la question du financement de l’économie par l’épargne publique
Une réponse logique se présente. En effet, les institutionnels qui collectent l’épargne participent déjà au refinancement du système bancaire par émissions obligataires, normales, subordonnées et subordonnées perpétuelles, interposées.
Ils financent également les entreprises, toutes activités confondues, en souscrivant aux émissions obligataires privées.
Et l’on a pu en évaluer l’ampleur avec le secteur immobilier ces dernières années où les entreprises immobilières se sont retrouvées surendettées.
Ce qu’il faut savoir, c’est que la force de frappe des institutionnels, compagnies d’assurances et autres caisses de retraites, est très importante, qu’ils sont sur tous les fronts dans l’obligataire, les actions, les investissements directs. Mais ils sont demandeurs d’une diversification de leurs investissements, compte tenu de la faiblesse actuelle des taux d’intérêts (3,2% pour le 10 ans).
Cette force de frappe est d’ailleurs renforcée par les OPCVM, ces collecteurs d’épargne publique qui ne manquent pas de moyens financiers. En effet, à fin mai 2017, les OPCVM détenaient 38% du gisement des Bons du Trésor, 23% de la capitalisation flottante du marché Actions et 57 % du gisement de la dette privée !
Et c’est à la lumière de toutes ces données qu’il convient d’apprécier les propos de M. Cheddadi, PDG de la CIMR, qui nous ouvre de nouveaux horizons dans l’entretien qui suit.
Afifa Dassouli