Le groupe Centrale Danone occupe une place nodale à l’échelle nationale, laquelle lui confère un rôle d’architecte du secteur laitier ainsi qu’une responsabilité dans le développement de la filière laitière et la professionnalisation de ses intervenants, notamment les petits éleveurs laitiers. Ceux-ci représentent, à eux seuls, 80% du volume de collecte de lait à l’échelle nationale.
Dans le cadre du déploiement de cette stratégie nationale, l’entreprise a développé de nombreux programmes d’accompagnement en faveur des éleveurs partenaires dont Hlib Bladi, un programme tourné vers une logique de partenariat durable et pérenne avec les éleveurs partenaires.
Ci-après, et pour le numéro spécial consacré au 8 mars, La Nouvelle Tribune publie le témoignage d’une éleveuse, Saida Moustakbal, de la coopérative Ribh dans la région de Settat.
Son expérience de femme agricultrice, dans un milieu dominé et régit habituellement par les hommes, illustre parfaitement l’ampleur de l’impact du programme de Centrale Danone sur l’émancipation économique et sociale de la femme rurale. Un parcours inspirant et porteur d’espoir.
On précisera que Mme Saida Moustakbal est productrice de lait pour Hlib Bladi, un programme d’agriculture durable de Centrale Danone ayant vocation à accompagner, à horizon 2020, 10 000 petits éleveurs marocains.
ZY
La Nouvelle Tribune : Pouvez-vous nous décrire votre activité et votre perception de celle-ci en tant que femme ?
Saida Moustakbal : Je suis éleveuse et productrice de lait pour la coopérative. Depuis mon enfance, je voulais travailler comme les hommes dans des activités agricoles. L’idée de produire du lait est venue plus tard et s’est imposée comme une bonne idée grâce à l’aide que la coopérative nous a apporté à sa création. Je me suis retrouvée au cœur de ce travail parce que mon père, qui est propriétaire de l’exploitation, n’a pas de fils, j’ai donc joué ce rôle pour lui.
En toute modestie, cela me rend très fière parce que je porte cette activité et je la fructifie pour mon père, pour qui je suis la personne de confiance depuis plus de 10 ans. Tout cela me motive au quotidien en tant que femme marocaine active qui contribue à la création de richesses pour le pays.
La femme doit travailler, elle ne doit pas être une ressource passive mais un acteur du développement économique, social et politique. Dieu a créé l’homme et la femme égaux en droits et capacités tandis que le Roi Mohamed VI a aidé la femme marocaine, en lui accordant une plus grande considération et une place active dans le développement du pays, tout en en brisant sa marginalisation.
Il est normal que la femme apporte sa contribution dans ce sens. Il n’y a pas de raison que l’homme soit le seul en charge, à travailler et à subvenir aux besoins de la famille.
Au contraire, la femme a toute sa légitimité. Par exemple, dans mon cas, je ne connaissais pas le métier d’éleveur de vaches laitières, mais avec de l’ambition et de la persévérance, j’ai pu acquérir des compétences techniques et opérationnelles, de la production à la commercialisation du lait. Je suis d’ailleurs une des rares femmes dans ce milieu d’hommes, il y a donc une amélioration.
Que vous a apporté l’adhésion au programme Hlib Bladi porté par Centrale Danone ?
Tout d’abord, grâce à notre production, nous réussissons à aider notre famille, nos enfants, nous-mêmes de manière structurelle. Il y a une transparence dans le travail et une grande confiance entre les différents acteurs.
Centrale Danone nous a permis de pérenniser notre activité avec une aide matérielle, logistique et technique dès notre première production. Par exemple, la coopérative nous garantit un revenu récurrent, presque salarial, chaque mois.
Aucun foyer d’agriculteur dans la région ne connaissait ce type de rémunération, c’est une amélioration du niveau de vie très nette.
Centrale Danone permet également aux membres de la coopérative d’acheter des génisses d’importation à haut potentiel génétique à des prix compétitifs et avec des aides (prise en charge des intérêts, facilités de paiement après le début de la production laitière des génisses), ce qui fait évoluer notre production et nos rendements à la hausse.
Les agriculteurs ont développé leurs exploitations grâce aux techniques de reproduction modernes par insémination par exemple. De même, les maladies des vaches et les risques pour le lait sont mieux connus grâce aux formations dispensées et nous y sommes donc plus attentifs, ce qui nous permet de limiter l’impact sur notre production de ces aléas sanitaires. Preuve du succès de ce programme, les agriculteurs de la région ne cessent de postuler pour y adhérer.
Quelle est la différence selon vous entre l’homme et la femme dans ce métier ?
Pour être honnête, le travail de l’homme est différent de celui de la femme dans ce secteur. La femme travaille avec plus de conviction et porte une attention plus grande à l’hygiène, ce qui garantit une meilleure qualité et traçabilité du lait produit, tandis que l’homme est moins attentif à certains détails.
Dans mon cas, je m’occupe également beaucoup de la santé des animaux avec l’accompagnement du vétérinaire que je contacte régulièrement notamment pour la reproduction.
Mon fils est fier de mon travail, mais je ne lui souhaite pas forcément de prendre la relève, je préfère qu’il devienne ingénieur, ou technicien, agronome peut-être, pour qu’il aide à faire évoluer notre environnement, plus encore que ce que nous avons réussi à faire grâce à la coopérative.
C’est un métier très difficile qui implique beaucoup de sacrifices parce que les animaux exigent une attention au quotidien, je ne pense pas que mes enfants pourraient tenir ce rythme.
Mon mari qui est dans le commerce a une confiance totale en moi et m’apporte son soutien puisque j’apporte une aide importante à notre famille, mais la majorité des femmes rurales n’évoluent pas forcément de la même manière.
Ce qu’en pense Mme Soukaïna Salmi, chef de zone CHAOUIA du programme Hlib Bladi
Soukaina Salmi est ingénieur agronome en productions animales, chef de zone du projet Hlib Bladi de Centrale Danone. «Nous avons connu Saida dans le cadre d’une formation technique qui concerne l’alimentation, la reproduction, l’hygiène, la santé animale et l’élevage des jeunes génisses. Cette formation permet aux éleveurs de comprendre des choses qu’ils connaissent et pratiquent au quotidien comme les causes des maladies et les moyens de prévention pour garantir la santé des vaches et donc la qualité du lait. Au début, nos formations n’étaient suivies que par des hommes, mais les rares femmes présentes ont démontré un intérêt fort et posaient des questions très pertinentes et précises parce qu’elles sont les réelles responsables du travail accompli au quotidien. Nous avons alors créé une formation dédiée aux femmes et dispensée par des femmes. Son succès a été immédiat et cette formation a confirmé le sentiment que les femmes sont les vraies responsables du travail. La majorité des familles rurales sont encore souvent très conservatrices et sont basées sur une conception patriarcale figée de la société qui ne reconnait pas à la femme son rôle professionnel actif. Même si la femme est responsable de toute la production de l’amont à l’aval, c’est l’homme qui vend au marché et qui est l’image de l’activité. Pour toutes ces raisons, il était important de former directement les femmes, pour qu’elles accèdent directement à l’information sans passer par l’intermédiaire de leur mari. Compte tenu de la dureté de l’activité d’exploitation des vaches laitières au quotidien, il est important de reconnaitre le rôle de la femme à sa juste valeur.»