Pedro Sanchez au siège du PSOE après sa victoire, le 21 mai 2017 à Madrid © AFP PIERRE-PHILIPPE MARCOU
Pedro Sanchez, farouchement opposé aux conservateurs qui gouvernent l’Espagne, a remporté dimanche les primaires du Parti socialiste, reprenant la direction de ce parti et menaçant la stabilité du gouvernement minoritaire de Mariano Rajoy.
Pedro Sanchez a remporté 50% des voix contre 40% pour Susana Diaz, la candidate des barons du Parti socialiste ouvrier espagnol.
Pedro Sanchez, déboulonné par la hiérarchie du parti en octobre dernier, a réussi un retournement spectaculaire et séduit les militants en continuant à attaquer sans relâche Mariano Rajoy et son Parti Populaire (PP), secoué par des scandales de corruption.
« Le Parti socialiste va mener une opposition utile pour défendre la majorité qui est lasse de la corruption du PP et qui souffre de la précarité de l’emploi et des mesures d’austérité » des conservateurs », a-t-il déclaré aux militants en liesse.
Mariano Rajoy, qui dirige un gouvernement minoritaire depuis six mois, a réussi jusqu’à présent à faire passer plusieurs mesures avec l’aide du PSOE.
Une opposition systématique du deuxième parti d’Espagne risque de le contraindre à retourner aux urnes avant la fin de son second mandat en 2020, selon les analystes.
« Si Sanchez gagne, je m’attends à ce que d’ici à un an, un an et demi tout au plus, Rajoy convoque des élections anticipées », prévoyait avant le scrutin un ancien stratège du PSOE.
– Revanche des militants –
Les caciques du parti avaient forcé Pedro Sanchez à la démission en octobre dernier parce qu’il s’opposait à ce que Mariano Rajoy soit reconduit au pouvoir pour un deuxième mandat sans avoir remporté la majorité absolue aux législatives.
Craignant une nouvelle défaite s’ils provoquaient les troisièmes élections en un an, ils avaient préféré laisser M. Rajoy former un gouvernement minoritaire.
Pedro Sanchez avait taxé cette décision de « pire des erreurs » et fait appel aux militants tout au long d’une campagne acrimonieuse contre Susana Diaz, soutenue par tout l’appareil du parti, dont les anciens chefs du gouvernement Felipe Gonzalez et Jose Luis Rodriguez Zapatero
Devant le siège du parti à Madrid, les militants célébraient sa victoire. « C’est ici qu’ils l’ont tué, c’est ici qu’il a ressuscité », a lancé à l’AFP Juan Jose Orts, militant socialiste depuis 1974. « Cette victoire offre au parti la possibilité de se reconnecter à la société, de récupérer la jeunesse et d’être crédible ».
La décision des militants doit être entérinée dans un congrès du parti convoqué pour les 17 et 18 juin.
La première tâche du nouveau secrétaire général sera de refaire l’unité du parti après une campagne acrimonieuse. « Je promets d’être le secrétaire général de tous les adhérents », a-t-il déclaré après sa victoire.
Susana Diaz a reconnu sa défaite, remerciant ses militants, mais sans nommer une seule fois son rival. « Nous allons nous mettre à la tâche et nous serons à la disposition du parti », a-t-elle cependant assuré.
Le troisième candidat, Patxi Lopez, 57 ans, qui a obtenu 9,8% des voix, a été plus positif, félicitant Pedro Sanchez. « Maintenant, tous derrière lui », s’est exclamé cet ancien président du Pays Basque, région située dans le nord-ouest de l’Espagne.
Le PSOE est en perte de vitesse depuis des années comme la plupart des partis sociaux-démocrates en Europe. En huit ans, il est tombé de 169 à 85 députés, perdant des voix au profit du nouveau parti de gauche radicale Podemos.
– Podemos en embuscade –
Pedro Sanchez était le seul candidat à envisager de travailler avec Podemos, comme le PSOE le fait déjà aux niveaux municipal et régional.
Mais à l’instar des autres dirigeants socialistes, il se méfie de la formation de Pablo Iglesias qui vise ouvertement à supplanter le PSOE.
Pablo Iglesias vient d’ailleurs de déposer une motion de censure, dont il reconnaît qu’elle est vouée à l’échec, pour démontrer que Podemos incarne la vraie opposition à Mariano Rajoy.
LNT avec AFP