Nezha Hayat, Présidente de L'AMMC.
La Nouvelle Tribune: Le marché des capitaux connaît plusieurs avancées règlementaires pour soutenir le financement de l’économie, quels sont les chantiers prioritaires ?
Mme Nezha Hayat: En effet, le marché des capitaux fait montre de beaucoup de dynamisme et l’AMMC œuvre activement à soutenir les réformes visant à renforcer son attractivité. Je pense notamment à l’industrie de la gestion d’actifs qui s’appuie sur l’innovation et l’amélioration continue de sa réglementation pour se développer. La nouvelle loi régissant la gestion d’OPCVM est d’ailleurs en cours de finalisation avec son lot de nouveautés tels les OPCVM indiciels cotés (ETF), les OPCVM «participatifs» et les OPCVM en devises, ce qui devrait attirer de nouveaux investisseurs. De même, seront introduits les OPCVM à règles de fonctionnement allégées réservés aux investisseurs institutionnels. Ce nouveau cadre permettra également d’accroître la résilience du secteur avec le renforcement des moyens des gestionnaires et l’introduction des outils de gestion du risque de liquidité et d’élargir l’univers d’investissement des OPCVM aux instruments financiers à terme et à la «pierre papier». Nous avons, par ailleurs, étroitement collaboré avec le Ministère de l’Economie et des Finances pour l’amendement du cadre légal des OPCC qui a été approuvé la semaine dernière par la Chambre des Conseillers. La flexibilité introduite par la nouvelle loi permettra d’accompagner le lancement des sous-fonds thématiques et sectoriels du Fonds Mohammed VI pour l’Investissement et d’attirer une nouvelle épargne vers le financement de l’investissement productif. L’opérationnalisation du marché à terme connaît également plusieurs avancées avec notamment la validation des règlements généraux du marché à terme et de la chambre de compensation.
Quels sont les leviers qui permettraient de dynamiser le Marché boursier pour qu’il réponde au mieux aux besoins des différentes catégories d’entreprises et d’investisseurs ?
Au niveau du marché boursier, plusieurs leviers ont été mis en œuvre ces dernières années pour répondre à cet objectif, et d’autres sont en cours de déploiement. A titre d’exemple, la nouvelle architecture du marché boursier a été conçue de manière à mieux calibrer les conditions d’accès et de séjour des entreprises aux différents marchés et compartiments et ce, en fonction de leurs tailles, capacités et besoins. Ainsi, le marché principal est destiné à accueillir les grandes entreprises, tandis que le marché alternatif est dédié aux PME. Pour faciliter l’accès de ces dernières, des conditions simplifiées ont été retenues et une série d’incitations ont été adoptées. Parallèlement, plusieurs compartiments ont été créés pour accueillir aussi bien les OPC, que les projets réservés aux investisseurs qualifiés comme les projets d’infrastructures. L’activité des Conseillers en Investissement Financier est désormais réglementée et les premiers CIF commencent à s’enregistrer auprès de l’AMMC. Le développement de cette activité permettra d’élargir les canaux de distribution des solutions offertes par le marché des capitaux. Le lancement prochain du marché à terme évoqué précédemment devrait à son tour offrir différentes solutions de couverture des risques et favoriser la liquidité du marché. Enfin, d’autres leviers tels que la fiscalité et l’ouverture du capital d’entreprises publiques en Bourse permettraient de compléter ces mesures et contribuer ainsi à enclencher une dynamique importante de financement des investissements productifs via le marché de capitaux.
Comment comptez-vous rendre le marché des capitaux plus inclusif ?
Un marché des capitaux inclusif est un marché attractif pour toutes les catégories d’investisseurs et d’émetteurs, quelle que soit leur taille. S’agissant en particulier des intervenants de moindre taille, nous sommes sur le point d’opérationnaliser le financement collaboratif, ou Crowdfunding. Cette solution offre des possibilités de financement adaptées aux projets innovants et aux entreprises de petite taille. Le cadre réglementaire régissant le financement collaboratif est finalisé et le lancement de l’activité est imminent. Pour accompagner ce lancement, plusieurs actions de sensibilisation sont prévues notamment des guides éducatifs et des séances de présentation. L’AMMC a d’ores et déjà mis en place un dispositif d’agrément et instruira les demandes dès le lancement effectif de cette activité. L’inclusion financière passe également par l’éducation financière et, à ce titre, l’AMMC déploie d’énormes efforts en la matière. Des campagnes de vulgarisation et de sensibilisation sont menées sur différentes plateformes et ciblent tous les publics. Enfin, nous accordons aussi une attention particulière à la Fintech, que nous considérons également comme un levier d’inclusion financière. Nous avons développé une approche de proximité avec les porteurs de projets avec notamment la mise en place, par l’AMMC, d’un portail dédié à la «FinTech». Ce portail a été conçu pour permettre aux porteurs de projets d’échanger avec l’AMMC et de s’enquérir du cadre légal applicable à leurs entreprises. Il permet aussi à l’AMMC d’avoir une meilleure connaissance des besoins des opérateurs pour y apporter des réponses adaptées.