M. Azziman lors d’un séminaire international sur le droit à une éducation inclusive
Le président du Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique (CSEFRS), Omar Azziman, a souligné lundi à Rabat la nécessité de fournir davantage d’efforts en matière de politique éducative en faveur des enfants en situation de handicap.
« La politique éducative en faveur des enfants en situation de handicap a connu ces dernières années des avancées importantes sur le plan normatif grâce à la ratification des conventions internationales pertinentes et à l’adoption de plusieurs textes législatifs et réglementaires, mais au niveau des faits, de la pratique éducative et des mentalités, nous sommes encore loin du compte », a-t-il affirmé lors d’un séminaire international sur « le droit à une éducation inclusive: transition conceptuelle, transformation des pratiques et enjeux de l’évaluation ».
M. Azziman a, dans ce sens, précisé que « pour donner l’effectivité requise à ce cadre normatif, de gros efforts doivent être consentis en direction d’une prise de conscience collective du fait qu’on ne saurait réduire une personne humaine, quel que soit son âge, à ses carences ou à ses déficiences et que rien n’est plus injuste que cet essentialisme réducteur ».
Il a également relevé la nécessité de « diffuser des bons résultats obtenus par des enfants en situation de handicap là où l’accessibilité physique et pédagogique sont convenablement assurées, là où l’encadrement pédagogique est approprié et là où les méthodes d’enseignement et d’apprentissage sont adaptées, tout en gardant présent à l’esprit que ce domaine est par excellence celui de la mobilisation, de la coordination organisée, de l’interaction et de la coopération ordonnées entre parents, éducateurs, experts, associations, collectivités territoriales et autorités publiques mais qu’il ne suffit pas de le constater parce qu’il faut encore l’organiser ».
« Afin de parcourir le long chemin de l’inclusion, nous disposons aussi d’atouts considérables qu’on ne doit pas perdre de vue et dont il nous faut tirer le meilleur profit », a-t-il fait observer.
Le président du CSEFRS a en outre cité l’évolution progressive de la politique gouvernementale dans ce domaine qui se montre de plus en plus active et de plus en plus engagée en faveur de l’inclusion, mettant en avant le rôle joué par une société civile dynamique et des associations responsables de plus en plus engagées aux côtés des personnes en situation de handicap.
Il a d’autre part souligné que le sujet du séminaire exprime l’attachement du Conseil aux principes fondateurs que sont la justice et l’équité, l’éducation pour tous et l’égalité des chances dont dérive le droit à l’éducation des personnes en situation de handicap, notant que « notre position sur le sujet est connue puisqu’elle se trouve formellement consignée dans la vision stratégique de la réforme de notre système éducatif qui préconise de garantir le droit d’accès à l’éducation et à la formation pour les personnes en situation de handicap ».
« Cette position trouve son ancrage dans la Constitution de 2011 qui place la question du handicap au cœur de la thématique des droits et libertés et qui appelle les pouvoirs publics à prendre en compte le handicap dans les différentes politiques publiques », a fait observer le responsable.
Organisé par le CSEFRS en partenariat avec le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF), le séminaire vise à créer un espace pour réfléchir sur les défis de la scolarisation des enfants en situation de handicap et d’entrevoir les pistes d’actions en faveur d’une éducation inclusive.
De son côté, la représentante du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef), Giovanna Barberis, a réitéré lundi l’engagement de l’agence à appuyer ses partenaires afin de favoriser l’émergence d’une école capable de répondre à la diversité des élèves, quels que soient leurs origines, leur état de santé et leur niveau socio-économique. Mme Barberis a souligné « le besoin de promouvoir une approche inclusive dans son sens le plus large qui combat la marginalisation et promeut la différence ».
Après avoir mis en avant les progrès importants enregistrés au Maroc pour que chaque enfant ait accès à une éducation de qualité, la responsable internationale a relevé que plusieurs enfants sont encore en dehors du système scolaire, dont les enfants en situation de handicap.
De son coté, Latifa Jbabdi, membre du Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique (CSEFRS), a mis l’accent sur l’intérêt particulier de ce séminaire dans l’action du Conseil, en particulier le volet relatif au suivi de la mise en œuvre de la vision stratégique de la réforme 2015-2030, par le biais de l’évaluation, de la recherche et de l’approfondissement du débat public. Cette dynamique a pour objectifs de promouvoir les principes de l’équité et de la qualité tout en œuvrant pour la mise à niveau de l’individu et de la société qui occupent une place prépondérante parmi les piliers de la réforme, a-t-elle dit, précisant qu’une telle vision tend à garantir le droit à l’éducation des enfants handicapés grâce à l’adoption d’un plan national pour l’éducation inclusive. D’après Rahma Bourquia, directrice de l’Instance nationale d’évaluation auprès du conseil, le séminaire vise à favoriser un débat sérieux et fructueux entre les divers acteurs concernés et d’approfondir la réflexion sur les questions fondamentales de la vision stratégique de réforme, en premier lieu celle de l’équité. L’accent mis sur l’éducation inclusive doit prendre en considération la perception sociétale à l’égard des enfants en situation de handicap de sorte que chaque enfant puisse vivre dans un climat de reconnaissance de la différence et de la diversité, a-t-elle relevé, tout en s’interrogeant sur la manière dont les politiques publiques abordent cette question.
LNT avec MAP