Le 13 mars 2022, l’Association Marocaine des omnipraticiens échographistes – AMECHO – a organisé une journée ouverte pour la sensibilisation au cancer du col de l’utérus, au profit des médecins généralistes. Au Maroc, le cancer du col de l’utérus constitue un réel problème de santé publique, étant le deuxième cancer le plus répandu chez la femme derrière le cancer du sein, de par sa fréquence et son taux de mortalité. Rencontre avec Dr Abdellatif Achibet, Président de l’Association marocaine des omnipraticiens échographistes (AMECHO) pour nous parler de cette maladie ainsi que l’importance de la prévention et du dépistage.
La Nouvelle Tribune : L’Association marocaine des omnipraticiens échographistes (AMECHO) a organisé le 13 mars 2022 une journée ouverte pour la sensibilisation au cancer du col de l’utérus, au profit des médecins généralistes. Veuillez nous dresser l’état des lieux de cette maladie au Maroc.
Dr Abdellatif Achibet : La situation est alarmante au Maroc. Le cancer du col de l’utérus représente un véritable problème de santé publique puisqu’il est très fréquent et occupe la 2e place après le cancer du sein, ceci alors qu’il est classé 4e au niveau des cancers à l’échelle mondiale. Le plus inquiétant c’est que sa mortalité est très élevée à cause principalement de son diagnostic tardif et de l’évolution silencieuse de la symptomatologie au stade précoce. Il faut savoir que seulement 5% de la population marocaine est sensibilisée par rapport au dépistage du cancer du col de l’utérus. Il faut renforcer cette sensibilisation et vacciner davantage les jeunes filles, une vaccination qui reste, à ce jour, extrêmement insignifiante.
Pourriez-vous revenir sur les enjeux et les objectifs de cet événement ?
L’objectif principal de la journée ouverte est de sensibiliser le corps médical sur l’importance de son rôle dans la lutte contre le cancer du col de l’utérus, en particulier au niveau de la prévention primaire (vaccination) et celle secondaire (dépistage de lésions précancéreuses), le but étant d’éviter les stades tardifs du cancer qui sont coûteux et malheureusement, souvent, mortels. Par ailleurs, le contexte actuel nous incite à initier ce type d’événements, puisque le ministère de la Santé et de la Protection sociale prévoit d’introduire le vaccin contre le HPV dans son programme vaccinal. Nous ne pouvons que nous en réjouir. L’AMECHO, l’UM6SS et le département scientifique de MSD ne peuvent que profiter de cette opportunité pour participer activement à l’actualisation des connaissances liées à la prévention du Papillomavirus Humain (HPV), une infection sexuellement transmissible, souvent à l’origine du cancer du col de l’utérus, ainsi qu’à la prise en charge de ce dernier. A noter que la vaccination contre le HPV a été introduite il y a quelques années dans le secteur privé au Maroc, mais reste peu accessible à l’ensemble des Marocains.
La journée de sensibilisation cible les médecins généralistes. Pourquoi ce choix ?
Le rôle du médecin généraliste est crucial dans la lutte contre le cancer du col de l’utérus, car il est le plus souvent sollicité en premier recours par les familles. Il est donc naturel de l’impliquer dans ce programme de sensibilisation, surtout lorsque l’on sait qu’il n’est pas suffisamment impliqué pour promouvoir la vaccination. Il faut savoir que le cancer du col de l’utérus est aujourd’hui le seul cancer qui peut être évité grâce à la vaccination. Je tiens à rappeler, par ailleurs, que l’association AMECHO participe depuis sa création en 2001 à la formation médicale continue multidisciplinaire. Nous nous activons depuis plusieurs années dans la prévention, vu le bénéfice qu’elle apporte pour le citoyen et in fine à l’économie de santé au Maroc. La Fondation Lalla Salma de lutte contre le cancer collabore avec le ministère de la Santé pour sensibiliser contre ce type de cancers.
Quelles sont les stratégies de prévention et de contrôle adoptées par ces deux principaux acteurs ?
Effectivement, la Fondation Lalla Salma de lutte contre le cancer et le ministère de la Santé et de la Protection sociale travaillent énormément dans ce sens. Ils mettent au cœur de leur stratégie de prévention, l’accompagnement des professionnels de la santé par l’organisation de séminaires et d’ateliers de formation. Ils sont également très actifs dans la prévention et la sensibilisation pour une détection précoce du cancer. Maintenant, le principal défi à mon sens est qu’ils disposent du budget nécessaire pour financer leurs différents programmes, ce qui va certainement contribuer à généraliser la prévention contre le cancer à tous les Marocains.
Propos recueillis par Zainab M’barki