Un hélicoptère militaire survole le site de l'explosion de munition à Svatové, dans l'est de l'Ukraine, le 30 octobre 2015 © AFP/Archives ANATOLII STEPANOV
Kiev enquêtait jeudi sur l’incendie d’un dépôt d’armes et de munitions près de l’Est rebelle, causé par un « sabotage » selon les autorités qui évacuaient près de 20.000 habitants de la zone.
L’incendie, qui a déclenché une série d’explosions de munitions, s’est déclaré dans la nuit de mercredi à jeudi à 02H46 (00H46 GMT), dans le dépôt d’armes de la petite ville de Balakliïa, près de Kharkiv, a déclaré sur Facebook le procureur militaire Anatolii Matios.
Le parquet militaire a ouvert une enquête pour sabotage mais également pour « négligence » mettant de facto en cause les soldats, a ensuite annoncé M. Matios lors d’une conférence de presse.
Lors de premiers interrogatoires, des témoins ont affirmé « avoir observé le vol d’un appareil, semblable à un drone, et juste après des explosions ont commencé à deux endroits différents », a-t-il déclaré.
Les enquêteurs envisagent de fait la possibilité d’un « engin explosif largué par drone » sur l’entrepôt, a précisé lors d’un point-presse le ministre ukrainien de la Défense Stepan Poltorak.
Le ministre a pointé du doigt Moscou et les séparatistes prorusses comme auteurs de ce « sabotage », alors que les autorités ukrainiennes entretiennent des relations très tendues avec la Russie qu’elles accusent de soutenir l’Est rebelle, ce que le pays dément.
Aucune victime n’est à déplorer, a affirmé M. Poltorak.
– 600 secouristes et pompiers –
L’incendie continuait de faire rage jeudi dans ce dépôt d’armes situé à environ 220 km de Donetsk, l’une des places fortes des rebelles prorusses.
« L’évacuation des habitants dans un rayon de 5 km est en cours », a précisé à l’agence de presse Interfax-Ukraine Stepan Maselskii, à la tête de l’administration locale.
A 08H00 GMT, plus de 19.000 habitants avaient déjà été évacués, a déclaré un haut responsable du ministère des Situations d’urgence, précisant que l’opération se prolongeait.
Vers 09H15 GMT, un journaliste de l’AFP continuait d’entendre avec netteté des explosions alors qu’il se tenait à près de 20 km de distance de l’entrepôt, des militaires lui interdisant d’avancer.
Un épais nuage de fumée s’élevait dans le ciel ensoleillé, au-dessus de Balakliïa, selon des images amateurs diffusées sur les réseaux sociaux.
Les secours ont dépêché sur place 55 camions-citernes et plus de 600 secouristes, pompiers et forces de l’ordre, selon un communiqué du ministère des Situations d’urgence.
Mais « à cause des explosions des munitions qui se prolongent, la lutte contre l’incendie est pour l’instant impossible », a affirmé le procureur Anatoli Matios.
Les dépôts abritaient plus de 138.000 tonnes de munitions et d’obus, principalement d’artillerie, selon M. Matios.
Les armes entreposées dans ces dépôts sont principalement destinées à ravitailler les troupes combattant les rebelles prorusses dans les régions limitrophes de l’Est, selon la chaîne de télévision ukrainienne One Plus One TV.
En décembre 2015, « une tentative d’incendier les dépôts d’armes à Balakliïa avait déjà eu lieu », selon la même source.
Au moins deux personnes ont été tuées en octobre 2015 dans une série d’explosions dans un dépôt de munitions à Svatové, petite ville proche de la ligne du front.
Contenant généralement de vastes quantités d’armes et munitions, entreposées dans des conditions parfois rudimentaires, les dépôts d’armes en Ukraine sont parfois pris pour cibles par les rebelles prorusses.
Le conflit entre séparatistes prorusses et forces ukrainiennes, qui a débuté en avril 2014, a déjà fait plus de 10.000 morts.
LNT avec Afp
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