Trois hommes soupçonnés d'animer le forum French Deep Web-Market (FDW-M), "la plus importante plateforme du dark web francophone" selon les autorités, ont été mis en examen. © AFP/Archives Andrew CABALLERO-REYNOLDS
Trois hommes soupçonnés d’animer le forum French Deep Web-Market (FDW-M), « la plus importante plateforme du dark web francophone » selon les autorités, ont été mis en examen quatre jours après le démantèlement par la douane de ce carrefour de la vente illégale de drogues, armes et faux papiers.
Après la mise hors ligne du forum Black Hand en juin 2018, c’est la deuxième opération d’envergure menée contre les trafics qui prospèrent à l’abri du dark web, cet ensemble de réseaux cryptés et cachés au sein du deep web, la partie d’internet non référencée par les moteurs de recherche classiques.
Ciblé depuis 2018 par la douane, FDW-M permettait de mettre en relation près de « 6.000 utilisateurs et 750 vendeurs de drogues, d’armes, de faux papiers, de coordonnées bancaires et d’outils de piratage informatique », a précisé dimanche soir le parquet de Paris dans un communiqué.
Fruit d’une « vaste enquête », ce coup de filet, mené dans la nuit de mercredi à jeudi, « a eu pour effet de mettre hors ligne une grande majorité des places de marché illicites du darknet français », selon le ministère public.
L’opération contre la plateforme, créée en 2012, a été déclenchée après quelque 18 mois de surveillance réalisée par l’unité cyberdouane de la direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières (DNRED).
Le démantèlement, révélé par Le Figaro et confirmé jeudi dernier à l’AFP de source judiciaire, a permis des arrestations en retenue douanière en Provence-Alpes-Côte-d’Azur, Nouvelle Aquitaine et Normandie. Trois hommes âgés de 44, 32 et 23 ans ont ensuite été placés en garde à vue dans le cadre de l’enquête judiciaire reprise par la Direction centrale de la police judiciaire.
Soupçonnés d’être « les animateurs techniques » du forum, ils ont été mis en examen dimanche soir pour complicité de trafic de stupéfiants, de vente et achat d’armes de guerres et de munitions en réunion, d’escroquerie et de fourniture de faux documents administratifs.
Ils se voient également reprocher des infractions douanières, la mise à disposition d’équipements spécialement conçus pour commettre des atteintes à des systèmes de traitement automatisé de données (STAD) et une « entente formée en vue de commettre des atteintes aux STAD ».
– Monnaies virtuelles –
Deux des trois suspects ont été incarcérés, l’un en détention provisoire et l’autre dans l’attente d’un débat différé, devant le juge des libertés et de la détention, sur cette mesure réclamée par le parquet.
« Du matériel informatique, des cartes de paiement et différentes monnaies virtuelles, au premier rang desquels des bitcoins, ont été saisis », a indiqué lundi le ministère de l’Action et des Comptes publics, autorité de tutelle de la douane. « Des données informatiques relatives à FDW-M ont été massivement récupérées », a-t-il été précisé.
« Un an jour pour jour après le démantèlement du site Black Hand, un coup dur est porté par les douaniers au darkweb francophone », s’est félicité le ministre Gérald Darmanin dans ce communiqué.
En juin 2018, un premier coup de filet d’ampleur avait conduit au démantèlement du forum « Black Hand » (la main noire), où de nombreux produits et services illicites (drogues, armes, faux papiers, données bancaires volées…) étaient disponibles à la vente depuis deux ans.
Quatre personnes avaient été mises en examen, près de 4.000 euros en liquide et environ 25.000 euros dans diverses monnaies virtuelles avaient été saisis.
L’administratice de cette plateforme illégale, connue sous les pseudonymes Anouchka ou Hadès, était une mère de famille de deux enfants, âgée de 28 ans à l’époque, sans casier judiciaire et sans emploi, selon une source à la douane.
Deux modérateurs-vendeurs avaient également été arrêtés et mis en examen, ainsi qu’un « simple vendeur », parmi « des dizaines » sur le forum qui comptait 3.000 membres, selon cette source.
LNT avec AFP