Climate Action Tracker est un consortium scientifique indépendant qui suit les actions des gouvernements vis-à-vis de l’Accord de Paris visant à limiter le réchauffement climatique au-dessous de 2°C, et à un effort continu pour limiter ce réchauffement à 1,5°C. En collaboration avec deux ONG, Climate Analytics et New Climate Institute, CAT fournit cette analyse indépendante aux décideurs depuis 2009.
Le champ d’action de CAT couvre tous les plus gros émetteurs et un échantillon représentatif de petits émetteurs, représentant environ 80% des émissions mondiales et 70% de la population. Les actions suivies sont : l’effet des politiques actuelles sur les émissions ; les politiques qu’un gouvernement a mises en œuvre ou adoptées et leur incidence probable sur les émissions nationales d’ici 2030 et, si possible, au-delà ; l’impact des promesses, objectifs et contributions nationales déterminée (CND) sur les émissions nationales d’ici 2030 et, si possible, au-delà ; le partage équitable et comparabilité des efforts: si un gouvernement fait sa « juste part » par rapport aux autres pays vis-à-vis de l’effort mondial de limitation du réchauffement conformément à l’Accord de Paris.
Un Maroc exemplaire !
Et, quand les Etats-Unis, la Russie ou les pays du Golfe sont dans la zone «insuffisances critiques», et la Chine «hautement insuffisante», le Maroc est l’un des deux seuls pays avec la Gambie auxquels CAT a attribué la note maximale : «Conforme à l’Accord de Paris d’1,5°C», sur les 32 pays notés.
Cet indice signifie que l’engagement inconditionnel du Maroc en matière de climat dans l’Accord de Paris en 2030, même s’il permet à l’ensemble des émissions du pays d’augmenter, est compatible avec la limitation du réchauffement climatique à 1,5 ° C, explique les analystes de CAT. L’engagement conditionnel du Maroc en faveur du climat va même plus loin, en arrêtant totalement la croissance des émissions de gaz à effet de serre, poursuivent-ils.
Si l’engagement inconditionnel du Maroc pour l’Accord de Paris, s’il est réalisé, permettrait de ralentir la croissance des émissions, il faudrait un soutien financier international accru pour le Maroc afin de mettre fin aux émissions de gaz à effet de serre, comme indiqué dans son engagement conditionnel, tempère toutefois le consortium, qui rappelle la stratégie du Royaume de mettre en œuvre un objectif ambitieux de 42% de capacité de production d’électricité installée à partir d’énergies renouvelables d’ici 2020, ce chiffre passant à 52% d’ici 2030. Le Maroc est sur la voie d’atteindre ces 2020 pour les énergies renouvelables et est à un stade de planification avancé pour atteindre son objectif pour 2030.
Stop au charbon !
Cependant, le Maroc envisage toujours d’étendre la production d’électricité à base de charbon, ce qui n’est pas en phase avec la baisse des coûts technologiques des systèmes à énergie renouvelable, prévient CAT. La réalisation des objectifs de l’Accord de Paris nécessite la suppression progressive du charbon pour la production d’énergie d’ici 2050 au plus tard et beaucoup plus tôt dans de nombreuses régions. L’abandon du charbon est essentiel pour que le Maroc atteigne les objectifs de l’accord de Paris à l’horizon 2030 et les réductions d’émissions à long terme, et évite de créer des actifs immobilisés dans des infrastructures à forte intensité de carbone.
Ainsi, il devrait mettre en œuvre des politiques supplémentaires pour atteindre son objectif conditionnel de CDN à l’horizon 2030, selon l’étude.
S. Benabdelkhalek