Sept mois après avoir été accusé par le président français Emmanuel Macron de s’être comporté en « organe d’influence » et « de propagande mensongère », le groupe de télévision public russe RT a lancé, lundi 18 décembre, sa chaîne en français. RT France a émis ses premiers journaux en français à partir de 19H00 sur le câble, le satellite et sur son site internet.
RT (ex-Russia Today) a pris pied dans le pays en 2015 avec un site internet dans la langue de Molière et s’y montre très active sur YouTube où ses vidéos, doublées ou sous-titrées, totalisent parfois des centaines de milliers de visionnages.
Avec un budget de départ de 20 millions d’euros, RT France est l’un des plus ambitieux projets du groupe russe. Outre Paris, RT possède notamment des bureaux à Londres, Washington, Tel Aviv et Moscou. Elle émet en anglais, espagnol, arabe et bientôt français.
Le CSA, gendarme des programmes de la chaîne
La chaîne basée à Paris, qui emploie 80 journalistes, tentera désormais de se placer sur le marché hautement compétitif en France de l’information en continu. Et cela, sous la loupe du Conseil supérieur de l’audiovisuel français (CSA), dont le président Olivier Schrameck n’a pas caché sa méfiance.
M. Schrameck a prévenu que le CSA observerait « constamment » les programmes de cette future chaîne et agirait avec « promptitude » en cas d' »anomalies ».
Il est à noter que RT est régulièrement au coeur d’escarmouches diplomatiques entre Moscou et les pays occidentaux, dont les relations se sont dégradées depuis la crise en Ukraine et l’annexion en mars 2014 de la péninsule ukrainienne de Crimée.
Fin mai, le président Macron s’en était pris, lors d’une conférence de presse avec son homologue russe Vladimir Poutine, à RT et à l’agence de presse publique russe Sputnik, les accusant de s’être comportés durant la campagne électorale en France « comme des organes d’influence » et « de propagande mensongère », et d’avoir diffusé « des contre-vérités infamantes ». Des accusations que RT a catégoriquement rejetées. En réaction, Moscou a classé à son tour plusieurs médias américains sous le même statut.
La présidente de RT France, Xenia Fedorova, s’insurge contre les accusations : « Nous ne venons pas en France avec l’intention de diffuser des informations fausses ou partiales », déclarait-elle récemment. « RT va apporter quelque chose de nouveau et rafraîchissant. Notre slogan est: Osez questionner. Nous voulons encourager les spectateurs à poser des questions et à penser en dehors de la +bulle d’informations+ des médias mainstream », qui « négligent certains points de vue », a ajouté Mme Fedorova.
Florent Parmentier, de Sciences Po, souligne que RT s’enorgueillit de donner à entendre « ce que l’on entend pas par ailleurs ». « Cette position n’est ni plus ni moins les valeurs du système Poutine, ce sont les valeurs du patriotisme ou nationalisme (…), des valeurs conservatrices traditionnelles et une vision de la souveraineté et donc la place spécifique de la Russie ».
Rappelons que la chaîne RT a débuté en France en 2015 avec un site Internet diffusant en langue française et s’est montrée très active sur YouTube, où ses vidéos totalisent parfois des centaines de milliers de visionnaires.
LNT avec Afp