Le marché financier casablancais ne cesse de se moderniser, de se mettre aux standards internationaux ! Ainsi l’AMMC prépare activement l’entrée en vigueur des produits dérivés pour en améliorer sa liquidité, prévoyant un voyage à New York, là où la technicité et la technologie sont très poussées. De son côté, la bourse des valeurs réitère bientôt son road show à Londres, la place financière la plus friande des pays émergents où les investisseurs se diversifient beaucoup vers les pays africains, dans l’objectif d’attirer des investisseurs étrangers en portefeuille.
Toutefois, les caractéristiques de la bourse de Casablanca ne profitent pas de tous ces efforts. Les introductions en bourse sont rares, la liquidité et l’efficience du marché sont faibles pour les investisseurs qui ne trouvent pas de papiers à acheter et les sociétés cotées dont les cours ne reflètent pas leurs résultats.
En réalité, le plan d’émergence industriel, engagé en 2006, selon le dernier baromètre du ministre de l’industrie, Ryad Mezzour, fait ressortir des résultats très positifs pour l’évolution de l’industrie dans notre pays (voir encadré ci-joint). Les entreprises industrielles qui en sont les acteurs, sont de fait, une bonne cible pour les introductions en bourse.
Comme ce n’est actuellement pas le cas, on pourrait chercher légitimement les raisons pour lesquelles les entrepreneurs et entreprises de l’industrie n’utilisent pas systématiquement les marchés de capitaux pour se financer.
Pourtant, force est de constater que celles qui se sont introduites en bourse et qui ont fait appel public à l’épargne sont des success story.
Tout particulièrement, elles ont financé ainsi leur croissance en négligeant le comportement de leur cours boursier qui ne reflète pas leur dynamisme, privilégiant la continuité de leur activité et de leur rentabilité.
Pour illustrer ces arguments, il s’agit d’approcher la démarche des entrepreneurs qui ont axé le financement de leurs projets sur le marché financier, en commençant par s’introduire en bourse.
C’est le cas de Mutandis qui en s’introduisant en bourse a pu financer sa croissance et devenir un groupe industriel.
Ainsi, depuis son introduction en bourse, la société cotée a levé 500 millions à la bourse de Casa. D’abord avec une IPO d’une augmentation de capital de 200 millions de dirhams et trois ans plus tard, en levant 300 millions pour financer l’acquisition d’une société américaine qui est la plus belle marque de sardines aux États-Unis.
En effet, ces 500 millions de dirhams, ajoutés au cashflow généré par l’activité de Mutandis, lui ont permis de se développer au Maroc et d’acquérir un unité américaine avec son émission obligataire de 300 millions de dirhams.
Concrètement, avec un financement du marché financier de 500 millions de dirhams combiné à son Cash-Flow d’exploitation et du crédit bancaire, Mutandis a réalisé des investissements à hauteur de 1,5 milliards de dirhams en 5 ans, dans quatre usines construites de zéro et deux marques, l’américaine et la seconde marque marocaine, Ain Ifrane.
De plus Mutandis construit une nouvelle usine, la cinquième à Dakhla, Hydrolisa, qui sera opérationnelle cet été. Il s’agit de la première usine marocaine de concentré de poudre de protéines, tirée de la sardine, destinée à l’export pour les fabricants d’aliments pour chats et chiens, comme les marque connues Whiskas et Royal Canin, entre autres. Cette poudre est très chère à l’international et il s’agit de faire valoir la compétitivité marocaine pour une forte valeur ajoutée.
Akdital est l’autre succès d’introduction en bourse avec un business model à mettre en avant. Il consiste en la multiplication de cliniques et hôpitaux privées dans toutes les villes du Maroc. Il s’agit également d’une société qui s’est transformée en groupe suivant l’exemple de McDonald’s de croissance par duplication pour se développer à une vitesse grand V et ce, grâce au financement sur le marché des capitaux.
Car, Akdital seule ne pouvait pas appuyer sur un bouton pour implanter quinze nouvelles cliniques par an. Et donc, le médecin, Rochdi Talib, à l’origine de cette initiative, n’aurait jamais pu financer les équipements des cliniques et recrutement du personnel médical, sans le milliard deux cent millions de dirhams, qu’il a levés en bourse en décembre 2022.
En même temps, pour multiplier son effort de croissance, cet entrepreneur a créé une société foncière, dont il a ouvert le capital à une autre société elle-même cotée en bourse, qui est Aradei Capital dont le métier est le conseil en investissement.
Aradei Capital, qui elle-même peut utiliser la bourse quand elle veut pour lever 300 millions, 400 millions, 500 millions pour renforcer les actifs de Akdital foncière qui contribue à accélérer sa croissance externe en lui louant les locaux en tant qu’OPCI.
Donc Akdital par Aradei interposé utilise les marchés les capitaux doublement pour le financement des murs. Ainsi, Akdital comme McDo, n’aurait pas pu réussir sans la bourse et le milliard deux cents millions dont elle a pu profiter sans frais.
Bien sûr, il y a d’autres exemples de réussite de sociétés cotées en bourse et le plus récent reste l’introduction en bourse de CFG Bank qui aurait pu lever 35 fois le montant de l’offre publique de vente, à plus de 20 MMDHs, démontrant ainsi la soif des investisseurs.
Ce fut le cas également de l’IPO de TGCC, et d’autres encore avant comme Marsa Maroc ou encore l’opération de Moulay Hafid Elalamy avec la fusion acquisition de CNIA Essaada ou encore la cession de Saham Assurance au groupe d’assurance africain SANLAM, autant d’opérations réalisées sur le marché financier qui démontre l’importance de son rôle de financement de l’économie.
Cette démonstration par l’exemple pourrait servir à appâter les entreprises et les convertir au financement alternatif du marché boursier. Les bons exemples produisent un effet d’entrainement il faut les vulgariser comme des produits attractifs pour la bourse.
A l’inverse des réticents, certains entrepreneurs comptent sur le marché financier pour diversifier leur actionnariat au point de réduire à un niveau bas leur participation à moins de 10% du capital de leur société.
Cette catégorie d’entrepreneurs qui, à l’américaine, ne veulent pas s’approprier les entreprises, axent leur projet sur la croissance.
Ils considèrent à ce titre qu’il faut penser à l’envers : la majorité du capital ne doit plus être entre les mains du fondateur ou le propriétaire, que l’entreprise doit être plus grosse que leur participation et que ce qui compte, c’est qu’elle grandisse. L’entreprise est là pour le pays. Elle est là pour créer des emplois, pour conquérir des marchés sur le long terme contrairement à l’homme qui est de passage.
Il faut promouvoir par l’exemple cette mentalité des vrais investisseurs.
C’est à travers ces axes qu’il faut promouvoir le marché financier à l’encontre de ses véritables cibles, les moyennes et grandes entreprises, qui réalisent déjà plus de 200 millions de chiffre d’affaires. Dans ce sens, plutôt que d’aller en bourse, la PME devrait être encouragée à croître pour atteindre le marché des capitaux.
Afifa Dassouli
M. Ryad Mezzour, Ministre de l’Industrie et du Commerce, a présenté fin mars dernier le baromètre de l’industrie marocaine. Celui-ci met en avant les principaux résultats d’une enquête industrielle réalisée en 2022, auprès de de 10 891 entreprises opérant dans les secteurs des industries de transformation au niveau de l’ensemble du territoire national. Ce baromètre vise à fournir un ensemble d’indicateurs et d’analyses permettant d’évaluer la performance économique du secteur industriel et d’identifier ses perspectives de développement. Il ambitionne également de dresser une cartographie détaillée, tant au niveau sectoriel que régional, offrant plus de visibilité sur la contribution des différentes régions dans la performance globale de l’industrie. De ce fait, ce baromètre démontre que les principaux indicateurs économiques de l’industrie du Maroc, ont enregistré des croissances significatives par rapport aux années antérieures.
Tout particulièrement, le chiffre d’affaires de l’industrie a atteint 801,5 milliards de dirhams en 2022 et sa valeur ajoutée 212,4 MMDH. Ainsi, l’enquête en question révèle une nette reprise du secteur industriel, avec une production à 738,7 MMDH et pas moins de 34 MMDH d’investissements ont été injectés dans l’industrie en 2022, témoignant de la confiance des acteurs économiques dans le potentiel de croissance de l’industrie.
Le Baromètre en question fait ressortir par ailleurs des analyses thématiques de portée stratégique, sur le comportement des exportations, de l’emploi, du genre, de l’origine du capital social et de la structure des entreprises industrielles.
Il fait le constat que :
-le capital social marocain représente une part majoritaire dans l’industrie, avec 71,5% du capital social total du secteur industriel,
-la taille du tissu industriel a doublé en 10 ans en termes de nombre d’opérateurs,
– 38% des entreprises industrielles sont des PME soit 62% sont de moyenne et grande taille,
-46% du chiffre d’affaires du secteur industriel a été destiné à l’export en 2022. L’orientation de l’industrie marocaine vers l’export contribue à la croissance et au développement du pays.
-l’emploi industriel a connu une progression de + 8,8% par rapport à 2021, soit une création de +70 329 emplois nets.
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