Attijari Global Research, filiale du groupe Attijariwafa bank spécialisée dans l’analyse financière, vient de publier une étude sur l’évolution du marché boursier et les résultats des sociétés cotées au titre du premier semestre (voir 1ère partie). Maria Iraqi et Omar Cherkaoui, responsables de l’étude, se penchent dans cette partie sur le secteur bancaire en particulier, et sa stratégie pour faire face à la crise sanitaire et ses conséquences.
Un effort de provisionnement inédit en anticipation des effets de la crise sanitaire
À la lecture des résultats consolidés du secteur bancaire coté au titre du premier semestre 2020, nous ressortons avec les constats suivants :
Une bonne dynamique du PNB du secteur qui croît de 6,7% passant de 31,5 MMDH à 33,6 MMDH. À l’origine de cette évolution, les Groupes BCP (+13,9% ; +1.217 MDH), Attijariwafa bank (+5,1% ; +606 MDH) et CIH (+17,4% ; +208 MDH) ;
Une bonne maîtrise des frais de gestion récurrents qui progressent moins rapidement que l’activité à 4,2%. Dans ces conditions, le coefficient d’exploitation s’améliore de 1,2 points passant de 50,7% à 49,5% sur la période étudiée ;
Un effort de provisionnement inédit face à la détérioration visible du risque crédit des entreprises dans un contexte de crise sanitaire. Le coût du risque du secteur coté passe ainsi de 3.653 MDH au S1-19 à 8.794 MDH au S1-20, en hausse de +141% ;
Une dégradation des bénéfices récurrents de -33,6% passant de 6.550 MDH à 4.346 MDH. En intégrant la contribution au fonds de solidarité Covid-19, le RNPG agrégé ressort à 2.767 MDH en repli de -57,7%.
Une maîtrise appréciable des charges d’exploitation
Dans un contexte de politique monétaire plus accommodante, nous relevons un engagement visible de la part des banques dans le financement de l’économie. Sur une base consolidée, les crédits clientèle enregistrent une hausse soutenue de 5,8% au terme de ce premier semestre ;
Les dépôts clientèle progressent de 7,6% portés par un effet périmètre du Groupe BCP qui affiche une hausse de 14,6%. En réajustant cet effet, la croissance des dépôts clientèle s’inscrirait en dessous de celle des crédits à 4,4% ;
Sous l’effet du coût de risque, le ROE et le ROA récurrents accusent des replis sensibles de -2,26 points à 3,34% et de -0,21 point à 0,34% respectivement.
La croissance soutenue du PNB consolidé de 6,7% au terme de ce premier semestre 2020 tient compte des évolutions suivantes :
La bonne tenue de la marge d’intérêt qui croît de 8,0%, passant de 20.433 MDH à 22.063 MDH. À cet effet, l’ensemble des banques cotées affiche une évolution positive de cet indicateur grâce essentiellement à un effet volume ;
L’appréciation du résultat des activités de marché de 11,1% passant de 5.239 MDH à 5.822 MDH, soit une variation de +583 MDH. Pour rappel, ce résultat a bénéficié de l’appréciation technique du portefeuille obligataire des banques en
raison de la baisse historique du taux directeur de la Banque Centrale du Maroc de -50 PBS à 1,5% en juin 2020 ;
La baisse de la marge sur commission de -1,7% dans un contexte économique de plus en plus tendu. En réajustant l’effet périmètre du Groupe BCP, la marge sur commission accuse un repli plus prononcé à -4,3%.
La bonne maîtrise des charges générales d’exploitation durant ce premier semestre 2020 a permis au secteur bancaire coté d’améliorer sensiblement son coefficient d’exploitation. Ce dernier se situe désormais à 49,5%, soit son plus bas niveau observé depuis 2016. Pour une meilleure lecture, le coefficient d’exploitation du secteur coté est retraité des dons Covid-19.
Le coût du risque enregistre une augmentation inédite de 141% en un semestre. Au-delà de la détérioration générale de la qualité de signature des clients, cette hausse du coût du risque est aussi justifiée par le manque de visibilité quant à l’évolution de la situation sanitaire au Maroc durant les prochains trimestres. À cet effet, le Management des banques adopterait une approche de provisionnement très conservatrice.
Une dynamique de l’activité portée par la forte hausse des crédits de trésorerie
À l’analyse des comptes sociaux semestriels des banques cotées, nous relevons deux grandes tendances :
La croissance des crédits clientèle s’est élevée à 5,8% au terme du S1-20 contre 3,0% au S1-19 et seulement 1,0% au S1-18. Il s’agit de la plus forte croissance de l’activité crédit au Maroc des banques cotées et ce, depuis le premier semestre 2017 ;
Les dépôts clientèle poursuivent leur progression, passant de 1,6% au S1-18 à 3,3% au S1-19 puis à 4,1% au terme de ce premier semestre 2020. Toutefois, ces derniers affichent pour la 1ère fois depuis 2017 une croissance inférieure à celle des crédits.
Au terme du premier semestre 2020, la croissance de l’activité crédit des banques cotées surperforme légèrement celle du secteur marocain, soit 5,8% contre 5,6% respectivement. Par ailleurs, il est important de souligner la forte hausse des crédits de trésorerie de 10,4% sur la même période. Cette évolution reflète le développement des produits spécifiques lancés par les Groupes bancaires pour soutenir les entreprises impactées par la crise sanitaire du Covid-19. Il s’agit des produits Damane Oxygène, Damane Relance et Relance TPE.
À l’opposé, la croissance des crédits à la consommation est la moins dynamique durant ce premier semestre à travers une baisse de -1,6%.
LNT avec CdP