Le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson le 24 octobre 2017 sur la base aérienne d'al-Udeid, au Qatar © POOL/AFP Alex Brandon
Le Pakistan accueille mardi le secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson, qui va tenter de le convaincre de lutter plus activement contre les groupes insurgés actifs sur son territoire et en Afghanistan voisin.
Cette visite, la première pour M. Tillerson à ce poste, intervient sur fond de vives tensions diplomatiques entre les deux pays après que le président américain Donald Trump eut accusé en août Islamabad de jouer un double jeu en Afghanistan et d’abriter sur son sol des « agents du chaos ».
M. Tillerson, premier haut responsable de l’administration Trump à se rendre au Pakistan, est attendu à Islamabad dans l’après-midi pour rencontrer le Premier ministre Shahid Khaqan Abbasi, ainsi que le chef de la puissante armée pakistanaise, le général Qamar Javed Bajwa.
Il devrait poursuivre sa tournée régionale en s’envolant pour l’Inde dans la soirée.
Il s’est rendu lundi pour une visite surprise de quelques heures en Afghanistan, où il a rencontré le président Ashraf Ghani sur la base américaine de Bagram.
Les deux hommes ont évoqué la nouvelle stratégie du président Donald Trump, qui prévoit l’envoi de renforts à hauteur d’environ 3.000 hommes, en plus des 11.000 Américains déjà déployés, pour encadrer et former les forces afghanes et au nom de la lutte contre le terrorisme.
– Vive tension –
La tension est vive actuellement en Afghanistan, théâtre de sept attaques et attentats en cinq jours, qui ont fait plus de 200 morts parmi les forces de sécurité et les fidèles d’une mosquée de Kaboul. M. Tillerson ne s’est pas rendu dans la capitale Kaboul.
Le secrétaire d’Etat a par ailleurs indiqué que le Pakistan, accusé de laxisme par M. Trump l’été dernier, a reçu des « requêtes très spécifiques » pour mettre fin aux soutiens dont bénéficient les talibans et d’autres groupes armés.
« Nous voulons coopérer étroitement avec le Pakistan pour créer un environnement plus stable et plus sûr, au Pakistan même », a-t-il souligné.
Mais il s’agit de la part des Etats-Unis « d’un engagement sous conditions », a-t-il de nouveau prévenu: le gouvernement d’Islamabad « doit avoir une vision claire de la situation à laquelle il est confronté, du nombre de groupes terroristes qui ont pu trouver asile chez lui », a-t-il insisté.
Le Pakistan dément de longue date les accusations américaines et accuse de son côté les Etats-Unis d’ignorer les milliers de vies pakistanaises perdues dans la lutte contre le terrorisme.
La relation entre les Etats-Unis et le Pakistan est particulièrement tendue depuis 2011 après le feu vert donné par Barack Obama à l’opération qui a conduit à la mort d’Oussama Ben Laden à Abbottabad, une ville de garnison pakistanaise, proche d’Islamabad.
Ces dernières semaines ont été marquées par la libération par l’armée pakistanaise d’une famille américano-canadienne retenue en otage grâce à des renseignements américains, saluée par M. Trump comme une manifestation de « respect » du Pakistan pour son pays.
Cet épisode a lui-même été suivi d’une série de frappes de drones américains contre des membres du réseau Haqqani, allié des talibans et accusé d’avoir détenu la famille nord-américaine dans la zone frontalière entre Pakistan et Afghanistan.
Le ministre américain de la défense, Jim Mattis, avait laissé entendre début octobre que des sanctions financières pourraient être prises à l’encontre du Pakistan, évoquant « des efforts en cours au département d’Etat et au département du Trésor ».
Il avait aussi suggéré que le Pakistan pourrait perdre son statut d’allié des Etats-Unis hors Otan. Accordé à 16 pays, ce statut a valu à Islamabad de bénéficier de milliards de dollars d’aide et d’accéder à certaines technologies militaires américaines avancées.
M. Mattis est attendu à son tour au Pakistan dans les prochaines semaines, selon des sources américaines et pakistanaises.
LNT avec Afp