Apple Music est désormais disponible dans 167 pays, et 4 autres services de la marque américaine (App Store, Apple Arcade, Apple Podcasts et iCloud) peuvent être utilisés dans 175 pays © AFP/Archives Josh Edelson
Apple a réalisé mardi sa plus importante extension de services à des nouveaux marchés depuis 10 ans – Apple Music est désormais disponible dans 167 pays – signe que le géant des technologies continue de mettre l’accent sur la diversification de ses revenus.
Le périmètre de l’App Store (son magasin d’applications mobiles), d’Apple Arcade (jeux vidéo), d’Apple Podcasts et d’iCloud (stockage dématérialisé), passe ainsi de 155 à 175 marchés, d’après un communiqué.
Les ajouts concernent principalement l’Afrique. Apple Music arrive au Cameroun, en Côte d’Ivoire, au Maroc, en République Démocratique du Congo, au Rwanda et dans 20 autres pays du continent.
Cette opération doit permettre de renforcer la présence mondiale de la deuxième plateforme de musique en streaming, qui comptait environ 60 millions d’abonnés en juin dernier, selon une interview d’un vice-président du groupe au site spécialisé Numerama.
Spotify, disponible dans moins de marchés, recensait 124 millions d’abonnés fin 2019, d’après la société suédoise, leader du secteur.
La marque à la pomme négocie depuis plus d’un an avec les éditeurs, labels et autres détenteurs de droits musicaux pour pouvoir proposer son catalogue plus largement.
Mais l’extension tombe en pleine crise économique, causée par la pandémie de Covid-19.
D’un côté, l’utilisation des plateformes de divertissement, des jeux vidéo aux séries, a explosé à la faveur du confinement de centaines de millions de personnes et de familles.
Mais « la consommation de contenus audio via internet a basculé du streaming de musique vers la radio », constate Abhilash Kumar, analyste chez Counterpoint, dans une note publiée début avril.
– Le juste prix –
« Dans les zones très touchées, les personnes s’inquiètent et allument la radio et la télévision en permanence, pour suivre les infos. Les chaînes de télé et les podcasts connaissent un essor tandis que l’élan vers la musique en streaming s’est interrompu », détaille-t-il.
En outre, les nouveaux marchés convoités par Apple ne s’annoncent pas faciles à conquérir. L’habitude de payer pour la musique en ligne n’a pas encore été prise dans de nombreux pays où le niveau de vie ne permet pas forcément ce genre de dépenses.
Sans compter la facilité d’accès, sur internet, à la musique « gratuite » (financée par la publicité).
Apple a donc décidé d’offrir six mois d’essai gratuit aux nouveaux utilisateurs (au lieu de trois d’ordinaire).
Le prix de l’abonnement varie ensuite selon les pays, de 3 dollars par mois au Mozambique, en Libye ou au Myanmar, à 5 dollars au Qatar et en Géorgie, et à 11 dollars en Islande, par exemple.
Le service met aussi en avant des playlists différentes selon les zones géographiques, telles que « Afrobeats Hits » ou « Ghana Bounce ».
D’après Counterpoint, le marché de la musique en streaming a atteint les 358 millions d’abonnements payants dans le monde en 2019. Le cabinet table sur plus de 450 millions d’ici la fin 2020.
– Cash à disposition –
« Amazon, Apple et Google ont commencé à concentrer leurs efforts sur ce secteur et ils ont suffisamment de cash à disposition pour donner du fil à retordre à Spotify », estime Mr Kumar.
« Apple Music a amélioré son appli avec un mode +nuit+, des playlists éditorialisées pour cibler certains groupes, etc. », ajoute-t-il.
La dernière grande extension du groupe californien remonte à près de dix ans, quand il avait lancé iTunes, sa bibliothèque de musique, dans 56 pays.
Plus récemment, la marque a bâti tout un écosystème de services, avec les divertissements (musique, jeux vidéo, séries et films…), les paiements (Apple card et Apple Pay) et les informations (Apple News+).
Cet univers permet de fidéliser les utilisateurs de ses appareils, moins susceptibles de changer de marque de téléphone, de tablette ou d’ordinateur une fois qu’ils ont adopté certains services.
Les revenus dérivés de ces plateformes aident aussi à compenser les périodes de creux pour les smartphones.
Mi-février, le groupe a prévenu qu’il n’atteindrait pas ses objectifs de vente pour le premier trimestre 2020, à cause de la crise économique provoquée par le nouveau coronavirus.
Il a notamment cité des difficultés d’approvisionnement en iPhones, fabriqués en Chine, et la demande pour ses produits alors que de nombreux magasins sont fermés.
LNT avec Afp