On ne choisit pas sa famille, dit-on, mais lorsqu’on a la chance de naître dans un milieu privilégié, la volonté de s’impliquer, de donner de son temps et de ses moyens pour les démunis, est loin d’être une évidence ou un réflexe. Bien au contraire !
Mais Amal Zniber est justement de celles et ceux qui ont vissé au cœur et au corps cette fibre sociale, cet ardent désir de partager ce que le destin familial vous a donné avec ceux qui n’ont pas eu ce privilège.
Voilà pourquoi avec une abnégation admirable, un engagement sans faille, avec l’Association « Amis des Écoles », elle apporte mieux-être, savoir, culture et réconfort à des milliers d’enfants et de familles dans les zones rurales et montagneuses de notre pays.
Un parcours qui inspire le respect et l’admiration.
La Nouvelle Tribune : Mme Zniber, à l’occasion du 8 mars, jour dédié à la Femme, je me voue chaque année à mettre en avant la Femme marocaine, surtout celles dont j’entends mettre en exergue les mérites. Vous en faites incontestablement partie. Pouvez-vous, à ce titre, expliquer à nos lecteurs les tournants particuliers de votre parcours ?
Amal Zniber : J’ai grandi à Casablanca, fait mes études de gestion puis d’administration hôtelière en Allemagne et en Suisse.
J’ai aussi voulu faire de l’enseignement et obtenu à cet effet, un Master en éducation. Mais en fin de compte, j’ai rejoint la société familiale, il y a 14 ans.
Ce que je tiens à vous dire, c’est que depuis toujours, j’aime m’occuper des gens.
Lorsqu’on a besoin de moi, je suis là !
En 2009, j’ai obtenu un prix au Canada de la Fondation TIAW (The International Alliance for Women) pour mon engagement dans le monde rural au Maroc.
Comment votre engagement humain s’est-il traduit au sein de l’entreprise familiale que vous dirigez et dans l’associatif ?
Je ne dirige pas seule l’entreprise, je fais partie du Comité de Direction de Maroc Bureau, qui justement est très à cheval sur la RSE.
Pour nous, l’employé doit être heureux de travailler chez nous. A Maroc Bureau, nous constituons « une grande famille » parce que le management accorde une grande importance à l’écoute de tous.
Parallèlement à mes obligations professionnelles, j’ai créé une association pour exprimer mon devoir de citoyenne marocaine.
J’ai eu de la chance d’être née dans une famille privilégiée et depuis mon plus jeune âge, j’ai toujours ressenti le besoin de me consacrer à ceux qui avaient moins de chances, de moyens, d’opportunités.
J’ai commencé à consacrer beaucoup de mon temps au social dès l’âge de 13 ans.
Je faisais du volontariat dans différentes associations. Et déjà, dans l’enseignement que j’ai reçu, le fait de donner son temps aux autres, était une exigence pédagogique.
Nous ne pouvions pas obtenir le bac sans avoir fait 180 heures d’actions sociales en 2 ans.
Très vite, j’ai compris que le social était pour moi une vocation. J’affrontais des cas sociaux sans être mal à l’aise, et mettais de l’abnégation à trouver des solutions pour aider les personnes en détresse.
Je me réjouissais de ma facilité à communiquer avec ces derniers et à les aider.
Mon rêve était de créer ma propre structure associative pour exercer cette volonté forte en moi.
Aujourd’hui, c’est chose faite car je consacre à mon association « Amis des écoles » une grande partie de mon temps libre !
Concrètement, que faites vous dans l’associatif ?
En 2004, lorsque j’étais enseignante à CAS (Casablanca American School), nous avions une semaine par an qui s’appelait « Explore Morocco ». Dans ce cadre, nous étions partis dans la Vallée des Ait Bouguemez, où nous avions visité une école locale.
Pour moi, ce fut la révélation et le début d’ «Amis des écoles ». J’ai été très attristée et touchée par l’état de délabrement dans lequel étaient les écoles, leur manque de moyens.
Très vite, j’ai décidé, avec mon mari, de créer une association pour pouvoir travailler dans la région dans les règles de l’art.
Aujourd’hui, 13 ans plus tard, notre bilan est très encourageant.
Nous avons, entre autres, rénové 315 salles de classe, construit et rénové 350 installations sanitaires, construit 122 fontaines d’eau, planté 5000 arbres, construit deux routes, équipé 23 bibliothèques, et distribué 10 000 livres.
Quelles sont vos perspectives ?
Justement, nous avons décidé de changer complètement notre approche en 2019.
Pendant 13 ans, nous avons travaillé dans la discrétion dans six régions du pays, sans parler de nous parce que je me suis toujours dit que faire du bien, ce n’est pas pour s’en vanter.
Aujourd’hui, nous sommes dans l’obligation de médiatiser pour pouvoir récolter plus de fonds et mener nos actions plus loin, en faire bénéficier plus d’écoles dans plus de régions du Maroc.
Il faut savoir que c’est très difficile de faire face à toutes les demandes et besoins sans recours à de nouveaux financements.
Nous avons donc, commencé par un site web, en 3 langues, Arabe, Français, Anglais, avec des liens vers les réseaux sociaux.
Nous avons également eu le privilège d’une assistance, accordée par deux sociétés en stratégie et consulting, New Age Consulting et Aperios Partner, qui ont élaboré gracieusement pour nous un plan d’action détaillé sur trois ans.
De ce fait, nous sommes prêts à donner une nouvelle image à « Amis des écoles ».
Et aussi, nous avons signé une convention avec une ONG de droits humains aux USA, « Breakthrough » qui est devenue notre sponsor fiscal.
Ce qui signifie que chaque personne qui paye des impôts aux États-Unis peut faire une donation à notre association « Amis des écoles » à travers cette ONG tout en bénéficiant d’une déduction d’impôts.
Ce qui me tient dorénavant à cœur c’est de faire connaître mon association aux Marocains résidant à l’étranger pour leur donner la possibilité de faire du bien dans leur pays.
Mon rêve actuel consiste à créer une école durable qui soit isolée thermiquement pendant les périodes de froid ainsi que de chaleur.
Car, par exemple, dans la région de Tata où il fait 45 degrés en été, et jusqu’à 0° en hiver, l’enseignant et ses élèves ne se trouvent pas dans de bonnes conditions pour étudier.
Quelle est, in fine, votre philosophie, le fil conducteur de votre engagement ?
Je pense qu’au Maroc, nous avons beaucoup de gens qui portent de bonnes initiatives, mais chacun travaille pour soi, ne sachant pas ce que font les autres.
Or, pour être plus efficace, il faudrait travailler main dans la main et surtout partager le savoir-faire pour obtenir de meilleurs résultats.
Peut-être que mon idée d’école durable et aux normes thermiques a-t-elle déjà été réalisée quelque part dans le Royaume, et que je ne le sais pas !
Il faudrait sans nul doute établir une plateforme d’échanges sur le sujet.
L’État ne peut pas tout faire et a besoin d’associations pour l’aider, mais celles-ci doivent avoir la maturité de vouloir collaborer en acceptant de partager les bonnes idées avec les autres bonnes volontés.
Au final, nous voulons tous la même chose : un avenir meilleur pour les générations à venir.
Sur le plan personnel, pouvez-vous partager avec nous votre satisfaction en la matière ?
Toute action solidaire et humanitaire me réchauffe le cœur et il y en a beaucoup dans notre pays.
Moi, ma joie de vivre, à part mes enfants, se résume par ma profonde volonté d’aider les autres, et j’espère pouvoir continuer à le faire longtemps.
Breakthrough
Breakthrough est une organisation internationale consacrée aux Droits de l’Homme, qui œuvre à conduire le changement de culture nécessaire à la construction d’un monde où toutes les personnes vivent de manière digne, équitable, et respectueuse.
Breakthrough est également le parrain fiscal de « Amis des écoles », une ONG marocaine qui œuvre à éduquer, autonomiser et améliorer la vie d’écoliers, de femmes et de familles du monde rural.
Prix de l’Inspiration 2019
La soirée de gala des « Prix 2019 de l’Inspiration » de Breakthrough, qui se déroulera le 24 avril de cette année, rassemblera un groupe de sommités internationales de la philanthropie, la finance, l’art, et la culture.
Cette année, Breakthrough met à l’honneur Christina Weiss Laurie, co-propriétaire des Philadelphia Eagles (qui ont remporté le Superbowl en 2018, l’équivalent pour le football US de la Coupe du Monde) et Présidente et Directrice Exécutive de la Fondation des Eagles pour la charité et la RSE.
Également à l’honneur Mona Sinha, Co-présidente de « Women Moving Millions » (Les femmes qui mobilisent des millions, ndlr), un groupe qui rassemble et conseille des femmes philanthropes, et qui a aussi fondé « Raising Change » (Promouvoir le changement, ndlr), un institut de formation de haut niveau pour les collecteurs de fonds au service de la justice sociale, entre autres.
Le Gala se déroulera à l’hôtel « Pierre » à New York et rassemblera des personnalités triées sur le volet.
« Luxury Morocco Experience »
L’association de Mme Amal Zniber « Amis des écoles » a aidé Breakthrough à mettre en place une expérience luxueuse du Maroc, qui sera mise aux enchères au Gala 2019 des Prix de l’Inspiration.
Les « lots marocains » sont :
• 2 nuits au Four Seasons Resort de Marrakech
• 4 nuits au Essaadi Marrakech Resort
• Un coupon de shopping pour le concept store Max & Jan dans l’ancienne médina de Marrakech
• Un coupon pour un repas au restaurant panoramique Max & Jan, qui surplombe l’ancienne médina
• Une demi-journée de services photographiques gratuits de la part d’un photographe marocain primé (afin de prendre des photos professionnelles de la visite des heureux gagnants d’une attraction touristique ou d’un événement de leur choix)
• 2 nuits au Sofitel de Casablanca