La belle région de Sefrou l’est encore en cette période printanière marquée par le retour des pluies. Ici, il fait certes beau, mais l’inquiétude de revivre toutes les problématiques et les difficultés liées à la rareté de l’eau marque toujours les esprits, particulièrement à un moment où la hausse des températures prend davantage de l’ampleur.
Même état d’esprit chez un petit éleveur de la région de Sefrou qui ne cache pas son inquiétude face au stress hydrique. Loin de là. Pour lui, toutes ces hausses des prix des fruits, légumes et viandes sont dues à la sécheresse : « Ici, nous et notre bétail, on souffre terriblement avec la rareté de l’eau ». A cela, il ajoute que les prix des aliments pour bétails ont connu ces dernières des hausses qui ont fortement impacté la rentabilité des petits éleveurs, obligés le plus souvent à se débarrasser de leurs bêtes faute de moyens financiers insuffisants. D’après lui, il n’y pas de miracle : « Les prix du mouton en perspectives de la fête Al Adha, ne vont pas être à la portée de tous, voire de la majorité de la population marocaine », nous explique-t-il, tout en précisant qu’à deux mois de cette fête sacro-populaire, les prix démarrent ici à 4 000 Dhs. Les Chennakas, eux, compliquent davantage l’équilibre de l’offre et de la demande.
Retour à Casablanca. Les prix de la viande rouge atteignent des seuils inédits, oscillant entre 120 Dhs et 140 Dhs le kilo à la sortie des abattoirs, du jamais vu. Selon Abderrahman Majdoubi, président de l’Association Nationale des Éleveurs Ovins et Caprins (ANOC), cette augmentation est attribuée à divers facteurs. Les charges supplémentaires telles que le transport et le stockage, ainsi que le doublement des coûts de production, principalement à cause de la flambée des prix des matières premières, impactent directement le prix final de la viande, exacerbant la situation pour les consommateurs.
A Rabat, au siège du département de l’Agriculture, on essaye visiblement de contourner la crise des viandes rouges au Maroc. En ce début de semaine, le ministre de l’Agriculture, Mohamed Sadiki, a tenu une réunion avec les professionnels de la filière des viandes rouges.
Lors de cette réunion, M. Sadiki a souligné l’importance de faire le point sur la situation de la filière des viandes rouges, confrontée aux défis actuels tels que la sécheresse et l’inflation, ainsi qu’aux répercussions de la crise du Covid-19, qui ont perturbé son équilibre de production. Cette rencontre a également été l’occasion d’étudier la situation de l’approvisionnement du marché national en matière de viandes rouges et d’échanger sur les mesures à prendre pour assurer l’approvisionnement et la stabilité de ce marché, a-t-il relevé.
Pour sa part, le président de la coopérative COPAG, Moulay M’hamed Loultiti, a fait savoir que la rencontre a pour objectif de discuter de l’approvisionnement du marché national en viandes rouges en perspective de l’Aïd Al-Adha, et de l’équilibre entre la production nationale, les besoins de consommation interne et ceux de l’importation.
Abderrahmane Mejdoubi, a, quant à lui, souligné que l’opération d’identification du cheptel ovin et caprin destiné au sacrifice à l’occasion de l’Aïd Al-Adha a commencé il y a un mois et dix jours et, qu’à présent, plus de 2 millions de têtes ont été identifiées, assurant que l’opération se déroule de manière “très normale”.
Mais apparemment pas si normalement que ça, compte tenu de la grande mobilisation sur tous les fronts des services de l’Agriculture dans le grand espoir d’être à jour le jour de l’Aid Al Adha en répondant à la forte demande du marché en moutons ! L’Office National Interprofessionnel des Céréales et des Légumineuses (ONICL), relevant du ministère de l’Agriculture, a adressé une circulaire aux importateurs annonçant le lancement d’un dispositif de subvention à l’importation des ovins, du 15 mars au 15 juin prochain. Cette mesure vise à faire baisser les prix des moutons, voire minimiser les dégâts de l’impact de la sécheresse et de l’envolé des prix des aliments du bétail.
Il est important aussi de faire face au phénomène des Chennakas et autres spéculateurs qui saisissent cette occasion de l’Aid pour s’enrichir au détriment des citoyens, notamment ceux qui voient en cette fête une occasion à vivre à tout prix. Et ce dernier point ne fait qu’aggraver la situation, rendant les prix du mouton de plus en plus salés face à des familles marocaines prêts à s’endetter…
H.Z