Les premières analyses menées sur la putréfaction des viandes des moutons de l’Aid Al Adha démontrent que ce phénomène est lié en premier lieu aux conditions climatiques et de conservation des viandes, et de préparation de la carcasse en général, a indiqué jeudi à Rabat le ministre de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural, des Eaux et Forêts, Aziz Akhannouch.
S’exprimant devant la Commission des secteurs productifs à la Chambre des Représentants, le ministre a affirmé que les services concernés se sont mobilisés dès le premier jour de l’éclatement de cette affaire pour en expliquer les causes et prendre les mesures appropriées pour la protection du consommateur marocain.
Dès l’apparition des premiers cas de putréfaction des viandes, a-t-il ajouté, les services de l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA) se sont mobilisés pour déterminer les causes de ce phénomène, sachant que d’autres cas rares ont été enregistrés l’année dernière. Il a relevé que le premier diagnostic a démontré que ces cas sont dus aux conditions climatiques et de conservation des viandes et de préparation de la carcasse en général.
« Il s’agit bien des conditions de préparation de la carcasse », a insisté le ministre, déplorant que certaines personnes ont avancé que l’ONSSA a accusé les Marocains de non maîtrise du rituel de l’Aid.
Le communiqué publié à ce sujet par l’ONSSA insistait sur le respect des normes d’hygiène et de la chaîne de froid, a-t-il expliqué, ajoutant que « la donne a changé avec la température élevée cette année combinée à l’humidité sans précédent observée le jour de l’Aid ». Ces conditions climatiques nécessitaient des mesures spéciales, a-t-il noté.
Il a déploré la putréfaction des viandes de moutons de certains consommateurs lors de l’Aîd Al Adha qui constitue une fête religieuse qui occupe une place importante dans la société marocaine.
Dans ce sens, M. Akhannouch a rappelé que la mission principale et l’objectif derrière la création de l’ONSSA est la protection du consommateur, faisant observer qu’il n’est pas permis de diffuser des hypothèses et des explications graves émanant de sources ne disposant pas ni de moyens ni de compétences pour avancer des théories sur l’origine de ce problème.
Le devoir des services de santé est de rassurer les consommateurs affectés, de les informer du fond de ce problème et de les protéger des conséquences des informations erronées qui sèment la panique parmi les consommateurs, a poursuivi le ministre.
Les prétendues thèses avancées sont largement loin de la logique, a-t-il souligné, en s’interrogeant : Si le fourrage en est responsable, pourquoi l’ensemble des autres animaux qui ont consommé le même fourrage n’ont pas été atteints de ce problème? Et pourquoi 3,5 millions de têtes d’ovins destinées à l’abattage n’ont pas été touchés par le problème de fourrage tout au long de l’année?.
S’agissant de certaines informations véhiculées sur une maladie grave qui a touché le cheptel, le ministre a tenu à préciser que si cela était vrai, les symptômes de cette maladie auraient apparu immédiatement sur le cheptel et il ne fallait pas attendre la date de l’Aïd Al Adha pour que le cheptel ne soit touché.
Dans ce contexte, M. Akhannouch a appelé à faire preuve de prudence lors de la présentation de prétendues théories graves et de manière irresponsable, précisant qu’une fois ont été apportées les explications préliminaires par les spécialistes, l’ONSSA a réalisé les analyses sanitaires nécessaires ayant montré que la putréfaction des viandes des moutons est due au développement rapide de certaines types de bactéries qui ont été détectées sur la carcasse.
Après avoir souligné que ce dossier est « pris très au sérieux », le ministre a insisté que toute personne dont la responsabilité est établie concernant le recours à des pratiques illégales pour l’élevage de certains ovins, l’utilisation de produits illégaux ou la violation de conditions sanitaires et ce dans des opérations d’inspection menées par les services relevant de l’ONSSA, sera jugée et sanctionnée sévèrement.
L’ONSSA a reçu 1.450 plaintes, dont 700 concernant des cas de coloration et putréfaction, la majorité enregistrée à Casablanca, Rabat, Tanger et à Meknès, et ce sur un total de 5,5 millions de têtes d’ovin sacrifiées à l’occasion de l’Aïd Al Adha, indique un document du ministère sur « la coloration et putréfaction des moutons sacrifiés à l’occasion de l’Aïd Al Adha 2017 ».
L’exposé note que l’ONSSA a effectué des analyses de 28 échantillons de carcasses putréfiées qui ont permis d’identifier les bactéries responsables de cette coloration et putréfaction, relevant que ces bactéries se trouvent dans l’appareil digestif de tous les ovins et peuvent se transmettre aux carcasses directement après le sacrifice et se proliférer si les conditions adéquates sont présentes, à savoir le non-respect des conditions de l’abattage et de préparation de viandes, les températures élevées, l’humidité et le retard de réfrigération.
A la lumière de ces résultats, l’exposé indique que la coloration et la putréfaction des carcasses de moutons sont principalement causées par la propagation rapide des bactéries due notamment à la hausse des températures et aux taux d’humidité élevés les jours de l’Aïd. Il précise que les cas de putréfaction restent très limités ne représentant que 0,015 pc, soit 15 cas pour 100.000 moutons sacrifiés, et que ce phénomène n’a pas été enregistré tout au long de l’année.
il relève que le contrôle durant l’année a concerné quelque 3,5 millions de têtes d’ovins et de caprins destinées aux abattoirs et à la consommation hors période de l’Aid.
Le document indique également qu’il n’a été constaté aucune teinte verdâtre dans la viande des ovins préparés après l’Aid Al Adha de cette année (30.000 têtes), dont une majorité de moutons qui n’ont pas été sacrifiés le jour de l’Aid. En ce qui concerne les mesures prises dans ce cadre, M. Akhannouch a rappelé les mesures immédiates concernant les enquêtes de terrain qui ont concerné 100 fermes d’engraissement de bovins, ainsi que le lancement d’une étude de terrain en partenariat avec plusieurs professeurs chercheurs de l’Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II.
Pour ce qui est des mesures prises à court terme, elles concernent l’opération d’enregistrement des fermes d’engraissement de bovins, la numérotation d’ovins et caprins, le renforcement du programme national de suivi des restes des médicaments vétérinaires, des stimulants, des polluants environnementaux, ainsi que la qualité des fourrages, avec le renforcement de la surveillance des fermes d’engraissement d’ovins et caprins, et la limitation d’accès aux marchés de bétail pour les ovins et caprins numérotés en provenance de fermes enregistrées, en renforçant les campagnes de communication et de sensibilisation.
LNT avec MAP