Tanger : Le Président sénégalais Macky Sall s’exprime lors de la cérémonie d'ouverture de la 12-ème édition du Forum MEDays
Invité d’Honneur de la 12ème édition du forum MEDays, le Président sénégalais Macky Sall s’est montré franc au sujet d’une Afrique toujours en quête du développement escompté et tant souhaité.
A Tanger, le Président sénégalais, en tant de fin connaisseur du continent, ses véritables défis et attentes, a préféré commencer par rappeler que la société ne peut vivre en paix avec elle-même quand ceux qui ont plus, gagnent plus, et ceux qui ont moins, perdent toujours plus : « La pauvreté nourrit la frustration et le désespoir. La mission de l’Etat est de veiller à maintenir la cohésion sociale en corrigeant les inégalités et surtout en redonnant espoir à ceux qui doutent afin qu’ils ne perdent pas espoir ».
Et de poursuivre dans le même sens qu’en dépit du handicap du passé, l’Afrique progresse, et qu’il faut s’arrêter pour le dire : « L’Afrique gagnera sa bataille de développement, car les gouvernements sont à la tâche, car il y a une jeunesse vibrante qui crée et qui réussit, car il y aussi des femmes et des hommes dynamiques qui entreprennent et investissent et créent de la richesse ». M. Macky Sall a ajouté aussi que la marche vers l’intégration se poursuit avec l’annonce en juillet dernier de la création de la Zone de Libre Echange Continentale.
Ce sont, d’après lui, « autant de raisons d’avoir confiance en nous-mêmes et en notre avenir ».
Macky Sall a tenu à souligner que le potentiel de l’Afrique n’est plus à démontrer : un continent vaste, s’étendant sur plus 30 millions m² et riche de ses ressources naturelles, hydriques, énergétiques, foncières, et minérales : « C’est plutôt l’échange international qui est inégal, inéquitable, qui contribue en vérité à appauvrir le continent en freinant ses efforts de développement ». Il y a donc urgence à réformer la gouvernance politique et l’économie mondiale pour qu’elles reflètent davantage la réalité du 21ème siècle, à savoir des partenariats mutuellement bénéfiques et des échanges internationaux plus équitables, a conclu le Président Macky Sall, pour qui il y a aussi urgence de lutter de façon plus efficace contre l’évasion fiscale, le blanchiment d’argent, et les flux financiers illicites. Chiffres à l’appui, il a expliqué que selon les estimations de 2017 de la commission indépendante pour la réforme de l’impôt international sur les sociétés, entre 40 et 80 milliards de dollars de taxes échappent chaque année au continent africain. Ces chiffres, qui ne tiennent pas compte des autres flux financiers illicites en provenance d’Afrique, sont supérieurs à l’aide publique au développement destinée à l’Afrique, soit un montant de plus de 29 milliards de dollars en 2018, selon les données de l’OCDE !
Sur ce registre bien précis, M. Macky Sall s’est voulu catégorique : il est grand temps pour mettre un terme aux ‘‘congés fiscaux en Afrique’’ si l’on veut vraiment assurer son développement.
Avant de clore son allocution, M. Macky Sall a souligné que l’autre combat des africains est pour un renouveau du paradigme relationnel où l’Afrique garderait sans complexes ses habitudes traditionnelles, mais en s’ouvrant sur de nouveaux horizons : « Dans cette Afrique en quête d’émergence, nos pays ne peuvent être tout simplement des enjeux d’une compétition mondiale, mais des acteurs qui connaissent et qui défendent leurs intérêts ».
Aussi, dans cette Afrique en quête d’émergence, il ne peut y avoir ni chasse gardée, ni exclusivité, ni exclusion, a conclu M. Macky Sall.
Pour rappel, la ville de Tanger abrite du 13 au 16 novembre la 12ème édition du Forum international MEDays, placée sous le thème « La crise de confiance : faire face à la subversion et aux incertitudes ». Au menu : les développements internationaux notamment les menaces qui pèsent sur la croissance mondiale et le dynamisme du commerce international, mais également les défis sécuritaires, les complexités du dialogue politique Nord-Sud et les mouvements des sociétés civiles observées dans les pays du Nord et du Sud…
Hassan Zaatit