Entre le troisième trimestre de 2023 et celui de 2024, selon le dernier rapport du HCP sur l’emploi, l’économie marocaine a enregistré une création nette de 213 000 emplois. Cette progression est marquée par un contraste entre les zones urbaines, où 231 000 postes ont été créés, et les zones rurales, qui ont perdu 17 000 emplois. En comparaison, la même période l’année précédente avait été marquée par une perte de 297 000 emplois au niveau national.
Cette dynamique de création d’emplois est principalement attribuée à l’augmentation de l’emploi rémunéré, avec 262 000 nouveaux postes, compensant ainsi la diminution de l’emploi non rémunéré, qui a baissé de 49 000 postes. Le secteur des services s’est particulièrement distingué avec la création de 258 000 emplois, suivi par le secteur des BTP (+57 000 postes) et l’industrie, y compris l’artisanat (+23 000). En revanche, le secteur de l’agriculture, forêt et pêche a subi une perte notable de 124 000 postes.
Légère hausse du chômage malgré la création d’emplois
Malgré cette création d’emplois, le volume de chômage a augmenté de 58 000 personnes, atteignant 1 683 000 chômeurs au niveau national. Cette hausse se répartit entre 42 000 nouveaux chômeurs en milieu urbain et 16 000 en milieu rural. Le taux de chômage national a ainsi légèrement augmenté, passant de 13,5 % à 13,6 %. En milieu urbain, ce taux est resté stable à 17 %, tandis qu’il a augmenté de 7 % à 7,4 % en milieu rural.
Les catégories les plus touchées par le chômage demeurent les jeunes âgés de 15 à 24 ans, avec un taux de 39,5 %, les femmes, dont le taux a augmenté à 20,8 %, et les diplômés, pour lesquels le taux de chômage s’établit à 19,8 %. En termes de diplômes, les titulaires de diplômes techniques et cadres moyens enregistrent une hausse notable de leur taux de chômage de 2,3 points.
Le sous-emploi en augmentation : une situation préoccupante
Le sous-emploi, qui regroupe les personnes employées de manière précaire ou en manque d’heures de travail, a également progressé. Le nombre de travailleurs en sous-emploi a augmenté de 60 000 personnes, atteignant 1 066 000 individus, soit un taux de 10 % au niveau national (contre 9,6 % un an plus tôt). Cette augmentation est particulièrement marquée en milieu urbain, où le taux est passé de 8,1 % à 8,8 %, tandis qu’il est resté stable en milieu rural, à 12 %.
La hausse du sous-emploi est principalement attribuée aux secteurs des BTP, avec une augmentation du taux de sous-emploi de 18,9 % à 19,9 %, et de l’agriculture, forêt et pêche, qui passe de 11,2 % à 11,9 %. La part des personnes en sous-emploi en raison d’un nombre insuffisant d’heures de travail est également en hausse, atteignant 5,5 % de l’ensemble de la population active.
Au niveau national, le taux d’activité a légèrement augmenté, passant de 43,2 % à 43,6 %, traduisant une mobilisation accrue de la population dans le marché du travail. Dans les zones urbaines, le taux d’activité a progressé de 41,9 % à 42,5 %, tandis qu’il a légèrement diminué en zones rurales, de 45,8 % à 45,7 %.
Le taux d’emploi a suivi une évolution similaire, en hausse de 37,4 % à 37,6 % au niveau national. Dans les zones urbaines, il a progressé de 34,8 % à 35,3 %, alors qu’il a reculé en zones rurales, passant de 42,6 % à 42,3 %. Cette augmentation de l’emploi est plus prononcée chez les femmes, avec une progression de leur taux d’emploi de 14,8 % à 15,2 %, tandis que celui des hommes est resté stable à 60,7 %.
Disparités régionales dans le marché du travail
Les cinq régions les plus peuplées (Casablanca-Settat, Rabat-Salé-Kénitra, Marrakech-Safi, Fès-Meknès et Tanger-Tétouan-Al Hoceima) concentrent plus de 72 % des actifs. Parmi elles, la région de Casablanca-Settat enregistre le taux d’activité le plus élevé (45,7 %), tandis que les taux les plus faibles sont observés dans les régions de Drâa-Tafilalet (38,7 %), Béni Mellal-Khénifra (39,6 %) et l’Oriental (40,2 %).
En matière de chômage, les régions du Sud affichent le taux le plus élevé avec 24,3 %, suivies de l’Oriental (21,4 %) et de Casablanca-Settat (15,3 %). En revanche, les régions de Marrakech-Safi et de Tanger-Tétouan-Al Hoceima présentent les taux de chômage les plus bas, à 9,9 %.
Malgré une création nette d’emplois et une légère augmentation du taux d’activité, l’économie marocaine continue de faire face à des défis importants, notamment en matière de chômage des jeunes, des femmes et des diplômés. Le secteur agricole, qui représente une part importante de l’emploi rural, a enregistré une baisse significative du nombre de postes, tandis que le sous-emploi progresse, en particulier dans les secteurs des BTP et de l’agriculture.
LNT