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Le Carrefour du Manager, organisé par le Groupe ISCAE en partenariat avec la Chambre Française de Commerce et d’Industrie du Maroc (CFCIM) et l’Association des Lauréats du Groupe ISCAE, a ouvert ses portes les 31 octobre et 1er novembre 2024 pour une 40e édition sous le thème « Échéances socio-économiques pour le Maroc 2030 : Le Capital Humain au Cœur des Défis ». Cet événement majeur, rassemblant entreprises, étudiants et experts, met en avant le rôle crucial du capital humain dans l’avenir économique du Maroc.
Dans son discours, Tarik El Malki, directeur général du Groupe ISCAE, a souligné l’importance pour le Maroc de renforcer sa croissance, sa productivité et de créer des emplois à forte valeur ajoutée, afin d’intégrer le cercle des nations émergentes. Il a rappelé l’engagement du pays dans une politique d’enseignement supérieur et de formation professionnelle, conçue pour fédérer les acteurs autour des valeurs de transparence, d’éthique, d’excellence et d’égalité des chances.
Lors d’un échange dynamique animé par Samir Hafiz, fondateur et PDG de Time4action, les intervenants ont exploré les priorités stratégiques pour le développement du Maroc, avec un accent particulier sur le capital humain et la compétitivité internationale. M. Hafiz a présenté les axes du modèle de développement de 2021, qui place l’éducation et l’innovation au cœur des ambitions marocaines pour devenir une économie émergente d’ici 2030. Ce modèle inclut des réformes dans l’éducation et la formation professionnelle, ainsi qu’une transition énergétique visant à atteindre 52 % d’énergies renouvelables.
Interrogé sur la question de la compétitivité du Maroc dans l’attraction et la rétention des talents, Karim Cheikh, président de la commission capital humain à la CGEM, a souligné la compétitivité actuelle du pays. Toutefois, il a plaidé pour une réforme de la formation continue et une simplification administrative, permettant ainsi aux entreprises de mieux former leurs employés. Il a également insisté sur l’importance d’intégrer davantage la digitalisation dans les processus administratifs pour faciliter les démarches des entreprises.
Rachid Bakkar, DRH chez Inwi, a ajouté que l’attractivité de l’Europe et de l’Amérique du Nord ne réside pas seulement dans les salaires, mais aussi dans des conditions de vie spécifiques. Il a proposé des pistes pour alléger certains coûts de la vie au Maroc, tels que les frais de scolarité, et a suggéré de créer un environnement social et culturel adapté pour les Marocains de la diaspora souhaitant revenir. M. Bakkar a également mentionné le potentiel d’attraction de talents africains pour compenser les pertes dues à la migration vers l’Europe.
En abordant les départs de talents marocains vers l’étranger, M. Hafiz a souligné que le phénomène ne concerne pas uniquement les jeunes diplômés, mais aussi des professionnels expérimentés qui quittent le Maroc pour de meilleures perspectives salariales et sociales. Il a partagé l’histoire d’un investisseur marocain basé aux États-Unis, qui a ouvert une école de formation de chauffeurs de camions à Bouskoura. Ce projet, réalisé en partenariat avec des associations locales, vise à former des conducteurs pour répondre à la pénurie aux États-Unis, illustrant la contribution du savoir-faire marocain à des besoins internationaux. Pour M. Cheikh, cet enjeu de formation est au cœur des préoccupations des investisseurs étrangers, qui considèrent désormais la disponibilité des talents locaux comme un critère prioritaire pour l’implantation de leurs activités.
En réponse aux préoccupations concernant la capacité à fournir des ressources compétentes d’ici 2030, Imane Hamdi, directrice de l’intermédiation sur le marché du travail à l’ANAPEC, a souligné l’importance de repenser le paradigme actuel. Elle a fait état de la réalité paradoxale de 1,6 million de chômeurs dans le pays, tout en constatant que de nombreux employeurs peinent à trouver des candidats qualifiés. Selon elle, la problématique ne réside pas uniquement dans l’adéquation entre la formation et les besoins du marché, mais aussi dans la quantité d’offres d’emploi disponibles. Elle a plaidé pour une approche plus dynamique, intégrant des formations adaptatives qui répondent aux évolutions rapides du marché, notamment l’impact de l’intelligence artificielle et d’autres innovations.
Mme. Hamdi a élargi la réflexion en invitant à considérer de nouvelles formes d’emploi, y compris l’auto-entrepreneuriat et les emplois indépendants, qui répondent aux attentes des jeunes d’aujourd’hui. Elle a évoqué des initiatives comme le programme Awrach, qui a permis la création de 260 000 emplois l’année dernière grâce à une mobilisation efficace de la commande publique.
Pendant ces deux jours de la 40e édition, les ateliers thématiques et les discussions en plénière ont abordé des sujets essentiels : l’évolution de l’emploi, la formation et l’agilité organisationnelle, ainsi que l’impact des technologies dans les processus RH.
Asmaa Loudni