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Emmanuel Macron, Président de la République française, accompagné de Mme Brigitte Macron, effectue une visite d’État au Maroc du lundi 28 au mercredi 30 octobre, répondant ainsi à l’invitation du Roi Mohammed VI. Cette visite s’inscrit dans une dynamique de renforcement du partenariat franco-marocain, avec une série d’entretiens et de signatures d’accords destinés à consolider des domaines clés de coopération entre les deux pays.
Les liens historiques, économiques et culturels unissant la France et le Maroc sont marqués par une relation bilatérale durable et diversifiée, construite au fil des décennies. Plusieurs dossiers cruciaux sont à l’ordre du jour, touchant notamment à l’économie, la sécurité, la transition énergétique et l’éducation.
Des relations bilatérales historiques
La France et le Maroc partagent une longue histoire diplomatique. La France fut le premier pays européen à envoyer un consul au Maroc au XIVe siècle. Cette coopération historique s’est consolidée lors des deux guerres mondiales, où le Maroc a contribué aux efforts de libération française. En hommage aux 73 000 soldats marocains ayant combattu aux côtés de l’armée française lors de la Seconde Guerre mondiale, une cérémonie commémorative s’est tenue en août 2024, où M. Larbi Jawa, vétéran marocain, a été fait Chevalier de la Légion d’honneur par le Président Macron.
Depuis l’indépendance du Maroc en 1956, les relations diplomatiques entre la France et le Maroc ont évolué vers un partenariat qualifié d’« exceptionnel » par les responsables des deux pays. Cette relation repose sur un dialogue diplomatique constant, notamment à travers les Rencontres de Haut Niveau (RHN) mises en place depuis 1997, permettant des échanges réguliers au niveau des chefs de gouvernement pour discuter des priorités communes.
Le volet économique occupe une place importante dans la visite présidentielle. La France et le Maroc entretiennent une relation commerciale étroite : la France est le premier investisseur étranger au Maroc, son premier client et deuxième fournisseur. Le Maroc, de son côté, est le principal partenaire commercial français en Afrique du Nord, avec un volume d’échanges s’élevant à 14,1 milliards d’euros en 2023. Ces échanges couvrent divers secteurs, tels que l’automobile, le transport, et l’agriculture.
Le développement industriel au Maroc, en particulier dans l’automobile et l’aéronautique, offre des opportunités de colocalisation industrielle pour les entreprises françaises, qui bénéficient de l’essor de ces secteurs. La France cherche également à soutenir le Maroc dans la gestion de ses ressources en eau, un enjeu de plus en plus critique, au vu des périodes de sécheresse auxquelles le pays fait face.
L’importance de la transition énergétique
Les deux pays collaborent dans le domaine de la transition énergétique, un secteur crucial pour le développement durable. Le Maroc vise à atteindre 52 % d’énergies renouvelables d’ici 2030, un objectif dans lequel la France s’est engagée à apporter son soutien. En juillet 2024, un partenariat a été signé entre l’Institut de Recherche en Énergie Solaire et Énergies Nouvelles (IRESEN), la Société d’Accélération du Transfert de Technologies de Paris-Saclay (SATT Paris-Saclay), et l’Agence Française de Développement (AFD) pour promouvoir l’hydrogène décarboné.
Ce partenariat s’inscrit dans une démarche plus globale d’aide au financement de projets écologiques par la France au Maroc, notamment par un programme de transition budgétaire verte d’une valeur de 80 millions d’euros. La coopération dans ce domaine se veut porteuse de solutions pour répondre aux défis climatiques auxquels sont confrontés les deux pays.
Les enjeux de sécurité, de lutte contre l’immigration irrégulière et de gestion des mobilités constituent un autre axe majeur de la coopération franco-marocaine. Dans ce cadre, le Groupe Migratoire Mixte Permanent (GMMP), créé en 2017, assure une structure de dialogue et de décision souple, permettant aux deux pays de coordonner leurs efforts dans la lutte contre les filières de migration irrégulière et la facilitation de la migration légale. Ce cadre institutionnel favorise des échanges autour de thématiques variées, telles que les retours, l’emploi et les affaires consulaires.
Par ailleurs, la France a réaffirmé son soutien à la souveraineté marocaine sur son Sahara, en soutenant le plan d’autonomie proposé par le Maroc en 2007. Cette position s’inscrit dans une volonté d’harmoniser les politiques de sécurité régionale dans une zone marquée par des enjeux géostratégiques complexes.
Le domaine éducatif et universitaire est également un pilier important de la coopération entre les deux pays. Le Maroc est la première origine des étudiants étrangers en France, avec 45 000 étudiants inscrits pour l’année 2022-2023. Cette mobilité académique est soutenue par un programme d’excellence franco-marocain de bourses pour les grandes écoles, facilitant l’accès des étudiants marocains à des institutions françaises.
En parallèle, des universités françaises telles que l’École Centrale de Casablanca ou l’ESSEC Rabat se sont implantées au Maroc, visant à former localement les futures élites et à répondre aux besoins croissants en éducation du pays. Une déclaration d’intention pour renforcer la coopération éducative doit être signée durant cette visite d’État, illustrant l’engagement des deux pays dans la structuration d’une offre universitaire adaptée aux besoins régionaux.
Des investissements majeurs pour l’avenir
Les échanges commerciaux franco-marocains ne cessent de progresser, soutenus par une dynamique industrielle en pleine expansion. Les exportations marocaines vers la France, principalement issues de l’industrie automobile, contribuent au dynamisme des relations commerciales. En retour, les exportations françaises vers le Maroc incluent des produits agricoles et des équipements industriels.
Les investissements directs étrangers (IDE) de la France au Maroc sont principalement concentrés dans les secteurs de l’immobilier, du commerce et de l’industrie, créant environ 150 000 emplois directs. De son côté, le Maroc renforce sa présence en France, devenant le premier investisseur africain avec 1,8 milliard d’euros d’IDE en 2022, un chiffre en progression depuis 2015. La France soutient également des programmes pour une « colocalisation industrielle », encourageant des initiatives communes et bénéfiques pour les deux économies.
LNT