Vue aérienne de maisons détruites après l'ouragan Nicole, à Daytona Beach, en Floride (sud-est des Etats-Unis), le 11 novembre 2022
Revenir vivre à Pensacola représentait un retour aux sources pour Jack Hierholzer mais moins de trois ans plus tard, il réfléchit à quitter cette ville du nord de la Floride, chassé par son assurance habitation devenue hors de prix.
Depuis son installation, sa prime de risque a en effet triplé pour atteindre 6.500 dollars, en partie du fait de la hausse des coûts des assureurs liés aux risques climatiques, sous l’effet du réchauffement.
« Mes enfants sont nés à Pensacola et nous y avons de nombreux amis, et même de la famille », a-t-il expliqué dans une interview par téléphone à l’AFP, mais « je suis en télétravail total, je peux donc vivre n’importe où dès lors que je dispose d’une connexion internet haut débit. Si la situation devient difficile, nous pouvons bouger. Et nous le ferons ».
– Primes en hausse –
Les actifs détruits par des phénomènes naturels ont dépassé les 140 milliards de dollars de valeur aux Etats-Unis en 2022, dont 90 milliards étaient assurés, selon les données du réassureur Munich Re.
Selon l’entreprise, qui assure les assureurs, 70% du total est lié aux dommages provoqués par l’ouragan Ian, qui a traversé la Floride en septembre dernier.
Le dernier rapport du groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) rappelait que le réchauffement climatique avait « déjà des conséquences sur les phénomènes naturels dans toutes les régions du monde ».
Face à ces phénomènes devenus extrêmes et plus réguliers, le coût pour les assurés s’élève petit à petit.
Aux Etats-Unis, les primes de risque des assurances habitations ont progressé de 9% sur un an, parfois plus dans certains Etats, selon l’Institut d’information des Assurances (III) qui représente les professionnels du secteur.
La principale cause est la hausse des coûts de réassurance ainsi que des matériaux de reconstruction.
Du côté de la réassurance, la hausse est de 30 à 40% sur un an, selon le directeur de la communication de l’III, Mark Friedlander.
« Nous voyons les coûts de réassurance progresser année après année et clairement le risque climatique en est la première cause », explique-t-il à l’AFP.
Les coûts de reconstruction, de leur côté, ont augmenté de 30% sur les cinq dernières années, principalement du fait des ruptures d’approvisionnement provoquées par la pandémie.
– Différences régionales –
Au niveau des Etats, une série de facteurs locaux vient s’ajouter aux défis créés par le réchauffement climatique.
En Californie par exemple, les primes de risque sont inférieures à la moyenne nationale selon l’III, principalement du fait des lois qui permet au gouvernement local d’avoir son mot à dire sur les hausses.
Si cela peut être une bonne nouvelle pour les propriétaires, cela a également compliqué la vie des assureurs, qui se sont retrouvés incapables de répercuter les coûts liés aux feux de forêts, un désastre naturel de plus en plus fréquent.
Ce qui a poussé State Farm, l’un des principaux assureurs, à annoncer qu’il refuserait désormais tout nouveau client en Californie, « du fait de la hausse rapide de l’exposition aux catastrophes » naturelles.
Du côté de la Floride, les primes ont augmenté sous l’effet de plusieurs facteurs, selon l’III, notamment la loi locale particulièrement protectrice pour les consommateurs qui leur permet de poursuivre leur assureur. La hausse des coûts liés aux ouragans est une autre raison.
« Nous avons des facteurs humains qui viennent s’ajouter aux risques climatiques, c’est la combinaison parfaite pour une forte hausse des primes d’assurance », reconnaît M. Friedlander.
Si les propriétaires ont vu leur assurance augmenter, le nombre de personnes sans assurance est resté stable, autour de 7%, souligne l’Institut, principalement du fait de l’obligation d’assurance dans le cadre des prêts immobiliers.
Mais pour Jack Hierholzer, son assurance habitation lui coûte désormais plus cher, chaque mois, que le remboursement de son prêt immobilier, ce qui l’incite à réfléchir à la suite.
« Si le prix de mon assurance revient à acheter une nouvelle maison tous les 12 ans, il devient plus intelligent de me passer d’assurance, rembourser le prêt et croiser les doigts » pour que rien n’arrive.
LNT avec Afp