Le taux de sinistralité du secteur bancaire s’est établi à 8,4% à fin 2022 puis à 8,9% à fin avril 2023, selon le Comité de Coordination et de Surveillance des Risques Systémiques (CCSRS), réuni mardi au siège de Bank Al-Maghrib (BAM).
« Compte tenu de la progression des créances en souffrance, le taux de sinistralité du secteur bancaire s’est établi à 8,4% à fin 2022 puis à 8,9% à fin avril 2023. Le taux de couverture de ces créances par les provisions s’est maintenu autour de 68% », indique BAM dans un communiqué publié à l’issue de la 17ème réunion du CCSRS.
En effet, dans une conjoncture difficile, le crédit bancaire destiné au secteur non financier a progressé à un rythme accéléré en 2022 avant de ralentir au cours des quatre premiers mois de l’année 2023, souligne la même source, notant que le secteur bancaire continue d’afficher des fondamentaux solides.
Au niveau de la capitalisation, les banques ont dégagé à fin 2022 sur base sociale un ratio moyen de solvabilité de 15,7% et un ratio moyen de fonds propres de catégorie 1 de 12,4% supérieurs aux minimas réglementaires de 12% et 9%. Sur base consolidée, ces ratios ressortent respectivement à 13,4% et à 11,2%.
L’exercice de macro-stress test de solvabilité continue de montrer la résilience du secteur bancaire face à des scénarii simulant la dégradation des conditions macroéconomiques. Au plan de la rentabilité en revanche, le résultat agrégé des banques sur base sociale a connu une baisse de près de 13%, contre une hausse de 76,4% en 2021.
Cette évolution s’explique principalement par la contraction de 52% du résultat des opérations de marché sous l’effet de l’augmentation des taux monétaires et obligataires. Le ratio de liquidité à court terme continue d’afficher un niveau confortable supérieur au seuil réglementaire de 100%.
Pour ce qui est des infrastructures de marchés financiers, elles continuent de faire preuve d’une forte résilience tant au plan financier qu’au niveau opérationnel et présentent toujours un niveau de risque faible pour la stabilité financière.
Retour à la croissance pour les OPCVM
Le secteur de la gestion d’actifs renoue avec la croissance et confirme sa résilience après un début d’année affecté par les corrections observées sur les marchés, constate par ailleurs le CCSRS.
L’actif net global des Organismes de placement collectif en valeurs mobilières (OPCVM) a ainsi progressé de 6,8% au 16 juin 2023 à 535,2 milliards de dirhams (MMDH) et ce, après la baisse de 15,5% enregistrée en 2022.
Les souscriptions se sont orientées principalement vers les catégories Monétaires (+21,1 MMDH) et Obligations Court Terme (+19,8 MMDH), ajoute la même source, notant que les autres organismes de placement collectif continuent de connaître une évolution soutenue avec des encours sous gestion en augmentation de 5,7% à fin mars 2023.
Et de souligner que cette croissance est essentiellement tirée par les fonds immobiliers dont l’actif net a atteint 61,3 milliards de dirhams à cette date.
S’agissant du secteur de la retraite, les principaux régimes de base continuent de connaître une situation financière difficile marquée globalement par l’importance de leurs dettes implicites et par l’épuisement de leurs réserves à divers horizons, selon le CCSRS.
La réforme systémique de ce secteur à travers l’instauration de deux pôles (public et privé), actuellement en cours de discussion entre le gouvernement et les partenaires économiques et sociaux, vise à instaurer une tarification équilibrée des régimes de retraite et à résorber une bonne partie de leurs engagements passés non couverts.
Les assurances résilientes
De son côté, le secteur des assurances a continué de se développer et de faire preuve de résilience en dépit d’une conjoncture économique difficile marquée par un fort ralentissement de la croissance économique nationale en 2022 et par la hausse des taux dans un contexte de montée des pressions inflationnistes.
Avec un volume d’affaires de 53,8 milliards de dirhams en 2022, le secteur a pu maintenir sa bonne dynamique de croissance (+8,5%) portant aussi bien sur la branche vie (+ 10,7%) que la branche non-vie (+ 6,6%), souligne BAM, notant que cette progression conjuguée à une amélioration de la sinistralité de la branche non-vie a permis une augmentation de la marge d’exploitation de 36,6%.
Le secteur a néanmoins été impacté par les conditions défavorables du marché financier. Ses plus-values latentes ont ainsi accusé une baisse de 53,8% et son solde financier s’est déprécié de 23,8%, ajoute la même source.
Malgré ces contre-performances sur les placements, le secteur des assurances a affiché en 2022 un résultat positif de 4 milliards de dirhams (+1,8%), soit un taux de rendement des fonds propres (ROE) de 9,4%, en baisse de 10 points de base par rapport à l’exercice 2021.
Par ailleurs, la baisse des plus-values latentes a directement impacté la marge de solvabilité du secteur qui s’est dépréciée à 312,7% contre 370,4% un an auparavant. Cette marge, calculée sous le régime prudentiel actuel, reste au-dessus du seuil réglementaire mais ne couvre à ce stade que le risque de souscription. S’agissant des exercices de stress tests, ils font ressortir une résilience globale des entreprises d’assurances aux conditions macroéconomiques et techniques défavorables.
Lors de cette réunion, le CCSRS a examiné et approuvé le rapport sur la stabilité financière au titre de l’année 2022 et fait le point sur l’état d’avancement de la feuille de route de stabilité financière couvrant la période 2022-2024.
Il a également passé en revue la synthèse des travaux de son sous-comité mensuel et noté que les indicateurs de suivi examinés continuent de montrer la solidité et la résilience du secteur financier marocain.
LNT avec agences