11ème édition de « The Atlantic Dialogues ». Source : MAP
Marrakech a accueilli, pour la première fois depuis 2019, après deux éditions digitales pendant la pandémie, la 11ème édition de la conférence internationale The Atlantic Dialogues, organisée par le Policy Center for the New South sous le Haut Patronage royal.
Forums de réflexions et d’échanges de référence chaque année, The Atlantic Dialogues se sont focalisés cette année sur la « Coopération dans un monde en mutation : opportunités pour l’Atlantique élargi » avec un parterre d’invités de la société civile, d’experts et de diplomates issus de plus de 53 nationalités différentes.
C’est d’ailleurs un des points forts de cette conférence internationale, qui rassemble des pays qui ne partagent collectivement ni la même culture, ni la même langue, ni les mêmes trajectoires politiques, économiques et sociales, mais qui ont en commun une façade atlantique qui de fait devient un référentiel partagé. Karim El Aynaoui, Président exécutif du Policy Center for the New South, déclarait dans ce sens dans son allocution d’ouverture que : « Nous ne devons pas être d’accord sur tout, mais nous devons avoir un minimum de valeurs communes pour travailler ensemble ».
Et les sujets de travail, comme en témoigne la densité du programme de la conférence, ne manquent pas. Les crises multiformes que connait le monde actuellement, de la guerre en Ukraine, aux conséquences économiques durables de la pandémie de la Covid-19 telles que l’inflation, en passant par les enjeux colossaux du réchauffement climatique, appellent, hormis les mesures prises au niveau domestiques, à une coopération dynamique entre les nations, à la recherche de solutions innovantes et de partage d’expériences. De la sécurité alimentaire à la question énergétique, de la gouvernance à la diplomatie, The Atlantic Dialogues a été l’occasion d’interroger et de définir les stratégies communes possibles pour contrer les crises d’aujourd’hui et surtout de demain.
La particularité de la Conférence, depuis son lancement en 2012, est de porter la voix des pays de l’Atlantique Sud et cette édition n’a pas manqué à la règle. L’Afrique est en effet au cœur de tous les débats. Par les inégalités qui la séparent du reste du monde, par son retard de développement et son déficit de croissance, par les pandémies qui y prolifèrent, par les effets du réchauffement climatique sur l’agriculture, la rareté de l’eau, les conflits armés, autant de facteurs qui dénotent de la gravité de la situation et la nécessité pour les experts qui se sont exprimés à ce sujet, de repenser le multilatéralisme pour plus d’inclusivité et d’écoute entre les nations. C’est aussi de la consistance et de la continuité des actions communes dont il a été question lors des différentes séances plénières. La Pandémie de la Covid-19, mais aussi Ebola, la pénurie d’eau, beaucoup de sujets mobilisent pendant un temps la communauté internationale mais les efforts sont souvent de courte durée et favorisent la résurgence et l’apparition de nouvelles crises. Travailler à la mise en œuvre d’actions conjointes et concrètes, bilatérales par exemple, entre les pays du Nord et du Sud Atlantique, permettrait d’avancer petit à petit vers des solutions plus globales.
Un fil rouge se dégage également des déclarations et prises de position des diplomates, experts et membres de la société civile participants à la Conférence, celui de la place de la jeunesse dans les mutations que le monde vit. La déconnexion des jeunes avec leurs dirigeants, leur aspiration au changement, sont des nouveaux paradigmes qui challengent les moyens et les stratégies politiques des États et qui nécessitent une nouvelle approche, notamment parce que la jeunesse mondiale est interconnectée et constitue en elle-même une forme nouvelle de multilatéralisme. Au fait de cette tendance de fond, The Atlantic Dialogues a d’ailleurs encore fait la part belle cette année aux jeunes, en incluant 30 jeunes leaders (Atlantic Dialogues Emerging Leaders), sélectionnés parmi 1 600 candidatures et originaires de 22 pays et qui ont bénéficié entre autres de formations au leadership.
In fine, à travers l’organisation de cette grande messe annuelle de l’Atlantique, le Policy Center for the New South illustre son moto « Think, Stimulate, Bridge » en favorisant la réflexion et le partage, le débat et la recherche de solutions opérantes. Le Maroc, en tant que partenaire atlantique incontournable, acteur du multilatéralisme mondial et trait d’union entre le Nord et le Sud, africain notamment, a un rôle majeur à jouer, ce que cette Conférence confirme sur la forme et le fond.
Zouhair Yata